CR marathon Kasterlee

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CR marathon Kasterlee par Fred (invité) (109.128.251.xxx) le 19/11/13 à 20:27:26

Voici le résumé de mon marathon à Kasterlee. Mon entraînement spécifique pour ce marathon a commencé il y a plus ou moins deux mois. J’ai suivi un plan assez simple avec 1 séance tranquille, 1 séance de consolidation jusqu’à deux heures et une séance plus rapide. Le jour J, je suis déjà très content d’avoir respecté ce plan qui a résisté aux vacances, aux coups de froid, aux heures de tennis, aux enfants … L’objectif c’est de passer sous les 4h mais je sais déjà que je risque d’être très juste.


Il y a 6 ans ... Kasterlee, c’était notre premier marathon … une pointe de nostalgie. A l’époque, c’était un pari un peu fou qui nous avait emmené dans ce sympathique village du nord de la Belgique. Nous n’aurions jamais pu penser venir à bout de tous ces kilomètres mais nous avons bouclé cette distance mythique. 6 ans plus tard, nous revoici à Kasterlee pour la dixième édition. Ce 17 novembre, mon compagnon de souffrance et moi-même pourrions à nouveau fouler les chemins de notre exploit passé.



Le premier constat, c’est qu’il y a beaucoup plus de monde que la dernière fois … 1500 participants (semi-marathon + marathon). Nous arrivons une heure à l’avance et c’est juste ce qu’il faut pour être à temps sur la ligne de départ en toute décontraction après toutes les formalités d’usage. Comme il y a 6 ans, l’organisation est impeccable ici et tout roule. Je suis impatient mais, en même temps, je me demande bien ce que je fous là. Qu’est ce qui m’a pris de retenter l’aventure une nouvelle fois ? Je n’ai plus vraiment le temps de me poser la question, la masse s’élance. Les deux premiers kilomètres, mon pote et moi on reste ensemble et nous faisons la connaissance de Benoît qui semble vouloir faire la route avec nous. Malheureusement, dans cette masse, nous nous perdons et je me retrouve seul.



Ma tactique pour passer sous les 4h est la suivante : tourner chaque kilomètres en moins de 5 min 30s aussi longtemps que je peux (au moins jusqu’au semi) et limiter la casser ensuite. Les deux premiers kilomètres ont demandé beaucoup d’effort pour passer entre les gens, dépasser, sauter, éviter la boue, les flaques, .... Je boucle mon premier km en 6 min bloqué au milieu de cette marée humaine. Je suis déjà en retard sur mon plan de marche alors que c’est à peine commencé. Le reste de ce premier semi se déroule sans encombre si ce n’est que mon rythme cardiaque est 5 à 10 pulsations au-dessus de ce que je connais à l’entraînement … bizarre, le stress de la course ?? Je tourne comme une horloge en dessous de 5m30s chaque km sauf quand il y a ravitaillement ou pause technique. Au cours de ce premier semi, je retrouve Benoît qui m’a rattrapé. Il me dépasse même et je l’aurai en ligne de mire pendant un bon moment.



Au semi, Benoît et moi nous courons ensemble. On a passé la moitié de la distance à mon avis en 1H55. On s’échange nos impressions. Pour moi, ça va très bien ... mais … « Souviens-toi 6 ans plus tôt, tu te sentais bien au semi et tu as accéléré. Tu l’as payé cher». Heureusement que la petite voix est là. Elle calme mes ardeurs. Je dois boucler ce second semi en moins de 2h05m. Il faut rester sur la tactique de base. Je continue alors à boucler consciencieusement chaque kilomètre en dessous de 5m30s. Au ravitaillement du 26, j’ajoute une pause technique et je perds beaucoup de temps. J’ai de nouveau Benoît en ligne de mire. Je le rattrape petit à petit et sans forcer. Je commence à tourner les kilomètres autour de 5min30s et plus sous 5min30s.



Benoît commence à décrocher, je vais bientôt me retrouver seul. J’essaye de jouer le lièvre pour lui, je me retourne, mais il ne peut plus tenir le rythme. J’ai l’impression que je pourrais encore tenir le coup un bon moment, juste la cuisse droite qui tire un peu mais rien d’alarmant et en compensant un peu sur l’autre jambe ça continue à rouler.



En fait, c’est au kilomètre 35 que je vais vraiment sentir la dérive. Je sais que je commence à lâcher. Ce n’est pas une cassure nette. J’arrive encore à tenir le coup. Je réduis juste quelque peu la vitesse. Je me motive par 500 mètres. Je tourne encore les kilomètres entre 5min30s et 6min mais je ne sais pas pour combien de temps. Ma seule chance, c’est que je sais que j’ai un peu de marge pour terminer sous les 4H. Plus qu’un seul objectif maintenant, ne pas arrêter de courir. Je suis encore sous la barre des 6 min par kilomètre alors qu’il m’en reste 4 à parcourir. Je ne pensais pas être si proche du but. A chaque kilomètre je calcule les minutes restantes et je me dis que l’exploit (bon d’accord maigre exploit) est là, à portée de chaussure.



A deux kilomètres de la fin, une passerelle sur laquelle j’en ai vu quelques uns tomber au premier semi. C’est un peu le mot ventoux pour mes jambes qui commencent à sérieusement grincer. Certains en profitent pour marcher, juste un peu ... avant d’entamer le dernier kilomètre. Ces deux derniers kilomètres, je ne gère plus l’allure, je cours c’est tout ce qui compte. Ma montre GPS ne me sert plus qu’à voir les dizaines de mètres s’égrainer. Quel bonheur de voir ce chiffre rejoindre petit à petit 42. J’essaye de ne pas m’épouvanter à la vue de mon rythme cardiaque qui approche maintenant les 160. Mon record ne peut plus m’échapper.



Plus que quelques centaines de mètres, les spectateurs sont là. Ils nous encouragent encore comme tout le long de ce magnifique parcours amputé de sa fameuse montée sablonneuse mais toujours très nature. Je vois le chrono de loin, le premier chiffre ne peut plus atteindre 4. Il atteindra 3h54 pour 3h53 corrigé, c’est inespéré. Je l’ai fait. Le mélange de souffrance et de bonheur, la cap comme je l’apprécie ... J’ai déjà envie d’un nouveau défi ... mes jambes me disent non ... attendons 2 semaines avant de rechausser les running ...





PS : je voudrais remercier les utilisateurs et conseillers de ce site. Les informations glanées ici sont vraiment très précieuses et, à toute heure, quelqu’un vous répond de manière précise, sérieuse et dans un français impeccable. Un must pour les cappeurs en herbe comme moi …

CR marathon Kasterlee par Gilou (invité) (89.86.35.xxx) le 19/11/13 à 22:00:06

Bravo pour le record et pour le récit bien écrit.

CR marathon Kasterlee par easy.e (membre) (109.134.5.xxx) le 19/11/13 à 22:47:44

Jolie récit.
Et encore plus joli chrono, bravo pour la perf'.

CR marathon Kasterlee par Doudou51 (invité) (194.59.180.xxx) le 20/11/13 à 15:11:09

"je me dis que l’exploit (bon d’accord maigre exploit)" : Euh j'ai bouclé mon 1er marathon il y a 1 mois tout juste en moins de 4 heures et je peux te dire que vu mon état dans les 5 derniers kilomètres, je n'ai pas considéré ça comme un maigre exploit une fois la ligne franchie...
Félicitations vivement le prochain alors ! ;-)

CR marathon Kasterlee par Fred (invité) (109.128.251.xxx) le 20/11/13 à 18:54:41

@doudou51
Quand je dis "maigre exploit" je mets bien sûr en perspective avec les performances de nombreux autres forumers ... ce qui était pour moi un Everest doit apparaître comme un dos d'âne pour certains :).
J'ai encore des courbatures aujourd'hui ...

CR marathon Kasterlee par Gildo (invité) (145.226.30.xxx) le 21/11/13 à 16:02:55

Salut Fred, comme tu le dis si bien dans ton résumé, je suis ton compagnon de souffrance, depuis quelques années, dans nos folles épopées marathoniennes.
Nous nous retrouvons, à nouveau, à Kasterlee, au fin fond de la campine anversoise, pour notre 3ième aventure, 6 ans après notre 1er exploit sur cette terre qui nous a laissé quelques souvenirs :
- Le vent frisquet et piquant sur la ligne de départ.
- La montée infernale pour les jambes, d’une dune ensablée.
- Le passage sur la passerelle à mi-parcours.
- Les jambes qui ne voulaient plus suivre le cœur tournant comme un diesel à 3000 tours.
- Les encouragements : « kom aan », « let's go », « allez », « bijna gedaan », « blijf met ons », « je bent sterk »,
- La fameuse Leffe offerte à l’arrivée qui reste sur l’estomac.
- Les courbatures qui nous rappellent que l’on est bien vivant pendant une semaine.
- … .
et notre seconde performance sur le macadam de notre capitale bruxelloise qui fut tout aussi sportive et « ancrée à vie » dans nos jambes et notre tête. La seule différence fut la dureté de la route et la masse de coureurs et de spectateurs beaucoup plus importante.
Aujourd’hui, le cap des 30 ans largement dépassé, une merveilleuse épouse et une charmante petite fille à mes côtés, je partons la tête remplie de souvenirs, d’appréhensions, de grains de folie et de questions : allons-nous retrouver nos sensations, notre organisme a-t-il été assez entrainé, sommes-nous tout aussi fougueux que comme je le disais déjà à l’époque sur ce site : On l'a fait, notre rêve est réalisé. « Faire un marathon, un vrai de vrai, avant de passer le "dur" cap des 30 ans. ».
Le réveil dominical branché sur le même horaire qu’un jour de semaine habituel me sorti de mes pensées marathoniennes.
Une bonne douche pour stimuler son organisme et le « fameux sourire magique » de sa fille se réveillant en pleine forme me donne du tonus pour attaquer un petit déjeuner spécial « riz et féculents » en attendant l’arrivée de mon ami Fred pour faire la route vers Le terrain de notre nouvelle course du jour.
La traversée des terres flamandes fut l’occasion de se remémorer nos exploits, nos sensations et notre état d’esprit du jour et de parler de nos vies tournant à 100 à l’heure.
Nous arrivons 60 minutes avant le départ, la course commence déjà : le parking, le sport hall pour obtenir mon fameux dossard 274, la fixation de la puce (chip) qui va nous suivre et permettre de graver notre performance dans l’histoire de cette 10ième édition de Kasterlee, un petit tour par les WC, fixation de son Smartphone en mode brassard, prendre sa place sur la grille de départ.
Un premier constat me vient à l’esprit : en 6 ans, le nombre de participants a explosé, on n’a plus froid sur la ligne de départ étant « collé » comme dans une boite de sardines, plus de passerelle à la mi-course.
Pas le temps de réfléchir plus longtemps que le canon retentit.
1er réflexe d’un homme vivant dans un monde connecté et hyper informatisé : Lancer la fameuse application ‘RunKeeper » en faisant glisser ses doigts sur « commencer l’activité » de son téléphone intelligent afin de pas perdre une seconde.
2ième réflexe, dire à son coéquipier « good Luck » et se donner rendez-vous à l’arrivée si les enjambées d’un des deux sont plus rapides.
La course a peine lancée, la masse de joggeurs avance sans réfléchir vers les chemins de la campagne
Campenoise et ses bois.
Le moral au beau fixe, les bonnes sensations me permirent de suive le mouvement sans trop de difficultés jusqu’au 2ième kilomètre ou mon pote est déjà en train de jouer à Fangio en essayant de dépasser les nombreux concurrents par la droite, la gauche, les ornières,… .
Vu sa forme actuelle bien meilleure que la mienne, je le laisse partir et je suis le rythme du groupe. Je constate que le parcours est différent : plus de boues, de chemins boisés, de belles flaques à éviter que l’édition précédente.
Arrivé au 1er ravitaillement encore frais et relax, je décide de prendre un peu d’eau et de Coca et de continuer à suivre le rythme en m’intégrant au milieu de quelques coureurs portant la même vareuse : un polo blanc sur lequel figure le chiffre 80, comme une équipe de rugby affrontant ensemble la difficulté et encourageant chacun à rester soudé au sein du groupe.
Cette tactique me permis d’atteindre sans difficulté, avec mes nouveaux camarades du jour, le 10ième kilomètre et ravitailler son corps en carburant AA et autres boissons sportives. Le plein effectué, je décide de garder le même rythme malgré la dégradation de plus en plus importante de la piste : de plus en plus de boues, de flaques, de branches à éviter tout en essayant de suivre mes copains du jour.
Arrivé au 15 kilomètres, le groupe commence à s’étirer en longueur relayant derrière les plus faibles encouragés à ne pas décrocher par les plus aguerris présents devant. Je me situe au milieu, ni faible ni aguerri et trouvant ma place pas si mal que cela.
Arrivé au kilomètre 20, qui pour moi est synonyme de mon arrivée annuelle du « 20 KM de Bruxelles », mon Smartphone m’informe que le cap des deux heures vient d’être dépassé et qu’il me reste encore une borne avant la mi-course et la perte de mes camarades, ayant décidés de ne faire que le semi-marathon.
Arrivé à mi-chemin, quel sentiment étrange de voir ses compagnons de douleurs, le sourire du devoir accompli se félicitant d’avoir réussi me dire avec courtoisie « bonne chance mijn vriend » avec un sympathique accent flamand. Une fraction de seconde, le cerveau me demande s’il ne ferait pas de même se disant 21 kilomètres c’est déjà une bonne distance.
Le moral gagnant, je me lance pour une seconde boucle me disant que je trouverais bien d’autres « martyrs sur ma route satanique vers le chiffre 42 »
2 kilomètre plus tard arriva ce qui arriva, une douleur se fit connaitre au niveau du genou droit m’obligeant à ralentir et m’arrêter afin de voir s’il nous avons affaire à une crampe, une inflammation musculaire ou à l’imagination de mon cerveau voulant faire demi-tour vers la ligne d’arrivée.
Constatant que le souffle et le cœur étaient opérationnels, qu’il s’agissait d’un léger échauffement, je décidais de marcher un peu histoire de me rassurer. La douleur passant légèrement je décidais de continuer mon jogging en me forçant à oublier que j’avais déjà 25 kilomètres au compteur ce qui mentalement fut plus facile qu’au marathon de Bruxelles, car les pancartes kilométriques étant remises à zéro vu que nous faisons deux fois le même parcours.
La douleur me suivant, je décidais, à nouveau, de marcher et là, comme par enchantement, un camarade de course à la dérive me proposa un fluide magique : le reflex spray.
N’ayant jamais essayé cette drôle de potion magique, je décidais d’essayer avec une prudence de sioux me disant que ce genre de mixture ne faisait que cacher la douleur.
Je repartis au petit trot, ne voulant pas forcer, histoire de rentrer entier chez moi. A mon aise, luttant contre mon cerveau maléfique et mes jambes lourdes me disant d’arrêter
Et pour couronner le tout, mon fidèle allié virtuel me lâcha n’ayant plus de batterie pour faire fonctionner l’application Kun Keeper. Me rappelant que nous vivons dans un monde superficiel et que l’humain fonctionne parfaitement sans ces nouvelles technologies. Et qu’il faut faire un marathon pour se rendre compte de notre fausse dépendance aux gadgets électroniques
Arrivant au 35 kilomètres, le moral plus fort que tout je me dis que le plus dur est derrière, que de toute façon, je suis au milieu des champs et que faire demi-tour serait la même distance, que marcher ne ferait qu’allonger le chemin de croix…
J’enchaine les derniers kilomètres, pas à après pas en disant à mon pied gauche de suivre le droit et ainsi de suite.
Arrivant ne sachant trop comment au kilomètre 38, je vis au loin autre chose à l’horizon que des arbres, des champs et de la boue : un bâtiment ! Ce n’est pas un mirage, le rêve la ville est proche. !
Plus que 4 kilomètres ! Plus qu’un dixième ! Plus que 2 tours du lac de Genval qui me sert d’entrainement durant l’année.
Mètre après mètre, je vois les bâtiments s’agrandir, j’aperçois des civils le long du parcours, des voitures et j’entends les bruits caractéristiques d’une ville en ébullition et de la foule amassée le long des barrières attendant ses héros franchir dans la douleur la ligne d’arrivée.
Dernier kilomètre, la flamme rouge, derniers efforts, je vis 200 mètres devant moi, un autre athlète à la dérive à l’allure de Jésus, la barbe longue et avançant difficilement. Je décidais de me donner un dernier objectif, rattraper ce personnage avant l’arrivée histoire de voir si j’ai des visions ou s’il s’agit d’un compère essayant comme moi d’accomplir un marathon.
Arrivé à sa hauteur, je fis la connaissance d’un ainé, de quelques décennies de plus que moi qui me salua d’un regard amical et m’impressionna pas son courage et sa sympathie. Nous terminions la course en duo et je laissais, en signe de respect, franchir la ligne d’arrivée en 1er.
Je vis mon pote Fred, déjà habillé en civil me disant que j’étais enfin arrivé !
La ligne franchie, en 05h00 et quelques secondes, je réalisais que j’étais arrivé au bout de l’enfer. Je demandais à Fred, son temps et la réponse m’impressionna : 3h53 ! Malgré le manque de souffle, je le félicitais de vive voix pour sa performance !
Quelques pas plus loin, ne réalisant pas encore que j’avais couru 42 kilomètres, nous nous racontions notre course et retournions, les muscles encore chauds, vers notre véhicule abandonnant notre bon gratuit à échanger contre une Leffe, me disant qu’elle attendra le soir dans mon canapé !
Je rentrais plein de nostalgie pensant déjà à l’année prochaine pour un nouvel exploit sous les 4 heures. Les courbatures me firent revenir à la réalité me disant d’annuler mon tennis du lundi et mon squash du mercredi
Merci fred pour ce nouveau challenge et je l’espère à l’année prochaine.

Gildo

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