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Seui par Thomas Muller (invité) (90.13.16.xxx) le 21/10/18 à 20:37:01
Bonjour à toutes et à tous,
Je me pose une question, si j'ai bien compris, le bute d'une "séance au seuil anaérobie" est d apprendre au corps à recycler, à éponger, à supporter l'acide lactique/lactate/ion H+, selon chacun 😉. Pourquoi ne pas faire à la place/ en + des séances de "capacité lactique", qui on a peut près le même but, mais à un taux de lactate et une vitesse plus élevé. Cela ne serait il pas plus efficace?
Je me doute bien que si c était utile ou plus efficace, on l aurait déjà fait depuis longtemps 😋.
Alors pourquoi? J ai loupé un truc ? Merci de m éclairer.
Seui par van (membre) (176.150.215.xxx) le 21/10/18 à 20:52:03
parce que
Seui par (invité) (84.6.108.xxx) le 21/10/18 à 21:29:31
Seuil lactique = limite à partir de laquelle, si on la franchit, entraîne une accumulation croissante et de plus en plus ingérable par ton corps (je sais pas si on peut dire exponentiel mais c'est un peu l'idée). Néanmoins, sur 5km par exemple pour un niveau de 20', bien que tu sois au dessus du seuil, tu ne coures pas avec les jambes en feu.
La capacité lactique = la capacité de ton corps à résister à l'accumulation TRÈS importante d'acide lactique. Plus ta capacité lactique est élevé, plus ton muscle est potentiellement capable de continuer à se contracter malgré cette accumulation d'ion H+.
J'espère t'avoir aidé à saisir cette énorme différence ;-)
Seui par (invité) (176.156.147.xxx) le 22/10/18 à 00:44:57
"si j'ai bien compris, le bute d'une "séance au seuil anaérobie" est d apprendre au corps à recycler, à éponger, à supporter l'acide lactique/lactate/ion H+"
Il y a deux choses très différentes :
* la capacité physiologique à utiliser le lactate produit, pour en faire baisser le taux tout en l'utilisant pour produire de l'énergie. Ce n'est pas une capacité cognitive et ça ne s'apprend donc pas, mais ça se développe en augmentant la capacité du système aérobie, seul capable de consommer du lactate (préférentiellement au glucose) pour produire de l'énergie (le foie recycle le lactate, mais consomme de l'énergie pour le faire). Développer cette capacité physiologique se fait en passant beaucoup de temps à courir en endurance pour augmenter le nombre et l'efficacité des organites qui carburent au sucre ou lactate + oxygène, les mitochondries des fibres lentes.
* la capacité mentale, psychologique, cérébrale, cognitive, peu importe l'adjectif, à supporter un taux élevé de lactate sans que le cerveau sonne l'alerte en pensant que la vie est en danger. C'est celle-là qui est une capacité qui s'apprend (confer le modèle du gouverneur central) en courant au-delà du seuil quand on fait volontairement augmenter le taux de lactate pendant un certain temps.
Cette distinction est à mon avis le seul truc à savoir si on n'a pas envie à s'encombrer la tête d'explications bio-chimiques en grande partie inutiles pour le coureur. Ça induit une meilleure compréhension des raisons de pratiquer tel ou tel type d'allure, d'intensités.
Quand on court au-delà du seuil, ou au seuil, ou un peu au-dessous, on demande à son cerveau d'activer beaucoup plus de fibres dites rapides que si on court nettement en deçà du seuil. Ceci va faire aller vite mais produire beaucoup de lactate. On apprend donc ainsi à courir en résistant à un fort taux de lactate. On pourrait penser que c'est tout bénef, mais ce faisant on entraine aussi son corps à produire beaucoup de lactate en faisant travailler et en développant les fibres rapides et en délaissant le développement des fibres lentes. En courant en endurance, on fait l'inverse, on fait travailler et on développe les fibres lentes non productrices de lactate, au contraire, ce sont elles qui le consomment, mais on n'apprend pas à résister au fort taux de lactate d'une course.
On en déduit ce qu'en ont déduit tous les athlètes et entraineurs depuis des décennies, on doit travailler à des allures différentes. Et surtout on doit travailler constamment sa filière aérobie en faisant de la faible intensité toute l'année, à fort volume si on est champion, et on se prépare à la montée du taux de lactate qu'on rencontrera lors des compétitions, en faisant, en plus, des séances dites lactiques. Mais il faut faire ces séances intensives en restant en deçà du volume qui affaiblirait le système aérobie et développerait trop la capacité à produire du lactate (fibres rapides) par rapport à la capacité à le consommer (fibres lentes). Les élites essaient de faire les deux, des séances intenses très dures mais très largement noyées dans un méga volume de faible intensité. Au passage, ça tord la croyance à l'artificielle distinction entre quantité et qualité, puisque la qualité (à haute intensité) n'existe que s'il y a une quantité (à faible intensité). Voir les études ou la vidéo de Seiler à ce sujet. https://www.canal-sport.fr/fr/insep-la-planification-de-lentrainement-des-modeles-anciens-aux-modeles-innovants-2013/insep-stephen_seiler-mov
Toute la question est de savoir quel est le rapport à respecter entre les deux types de séances, et quel est le niveau d'intensité à adopter selon ce qu'on désire travailler. On cite généralement 80/20 comme rapport. Mais il y a aussi la modulation de ce rapport en fonction du moment. Quand on est un coureur moyen en dehors d'une phase de préparation à une compétition, la balance penche sans doute encore plus vers les intensités faibles. Quitte à renverser un peu la vapeur dans les dernière semaines avant la compétition quand on est en phase de préparation spécifique.
Désolé pour la longueur ; Cottereau (me semble-t-il) dit que développer une capacité en affaiblit une autre, ça résume bien la recherche de l'équilibre à trouver entre ce qui est autour du seuil et ce qui est franchement plus bas.
Seui par (invité) (90.13.16.xxx) le 22/10/18 à 11:50:40
Merci pour ces réponses complètes j y voit plus clair !
Seui par (invité) (90.13.16.xxx) le 22/10/18 à 11:53:05
Merci beaucoup pour vos réponses !
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