Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver

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Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par demi-fond (invité) (92.90.97.xxx) le 24/11/19 à 20:30:53

BOSCH, CE COUREUR QUI A VU L’EPO ARRIVER DANS L’ATHLÉTISME

12/11/2015 à 18h31

Membre de la Dream Team RMC Sport, Maryse Ewanjé-Epée rebondit sur la tempête que traverse actuellement l’athlétisme, en particulier en Russie. Pour illustrer les dérives dopantes dans lesquelles tombent parfois certains sportifs, l’ancienne internationale tricolore a retrouvé Nadir Bosch, ancien coureur de demi-fond tricolore qui a a vu l’EPO débarquer sur les pistes au début des années 2000. Témoignage.


La voix est douce, le débit est rapide. La passion s’est tarie depuis longtemps et Nadir Bosch, l’un de nos plus talentueux coureurs de demi-fond court s’est éloigné de l’athlétisme sans même y prendre garde.

Il vit au Brésil, entouré de sa femme, son fils et les dizaines de gamins brésiliens qu’il forme au football. Le discours est tranchant comme le cuir d’un fouet : « Vous voulez faire du football ? C’est pourri le football. C’est un milieu de simulateurs et de requins… Soyez prêts » !

Il veut que les mômes qu’il voit arriver les yeux pleins d’étoiles dans l’école qu’il a fondé avec Léomar, un ancien de la Seleçao sachent qu’ils auront à se battre dans un milieu infiltré de prédateurs.

« Moi je ne savais pas ce qui m’attendait quand j’ai commencé à faire des performances. J’étais heureux comme un gamin qui a reçu un jouet. Je courrais et je gagnais ! Il ne m’en fallait pas plus » s’enflamme-t-il.

Huit fois champion de France

Le jour où un grand quotidien français a titré après qu’il ait battu le record de France du 2000 mètres du grand Michel Jazy « L’Algérien naturalisé français Nadir Bosch bat le record », il a été choqué. Et quand on l’a interviewé en lui demandant sa religion et comment ses parents s’en sortaient, il a compris que les clichés ont le dos solide : « Moi j’ai vécu mon enfance dans une villa sur la côte d’Azur entre des parents kinés (Michel et Fadila) et mes grands-parents s’appellent Augustin et Francine, Bachir et Zohra ».

Nadir est né à Alger, de parents expatriés et il est arrivé en France à l’âge de trois ans. Il a lu Montaigne et Pascal et il a appris la musique au conservatoire. Une histoire française en somme. Il court parce qu’il aime ça et il est sacrément doué. Huit fois champion de France, finaliste mondial et demi-finaliste olympique, son talent s’exprime du 800 mètres au 3000 mètres en passant par le steeple.

Tout s'accélère

Courir le rend heureux jusqu’au jour où il réalise qu’il peut aller plus haut. Il travaille d’arrache-pied, en visant le 1500 mètres où il semble avoir de meilleures chances de se placer dans l’élite. En 3.32 pense-t-il, il aura rejoint le gotha et pourra jouer les podiums dans les compétitions internationales. En 1997 Hicham El Guerrouj a battu le record du monde en 3:31.18. (en salle) et Haile Gebreselassié est deuxième des bilans mondiaux d'été en 3.32.39…

Mais à la veille de l’an 2000, tout s’accélère. L'EPO a fait son apparition et elle s’installe rapidement et silencieusement dans les officines du demi-fond et du fond. Curieusement, c’est en 1998-1999 que les bilans mondiaux connaissent une effervescence sans précédent. Nadir a bien réussi à s’approcher des 3.32 mais cela ne le place même pas dans les dix meilleurs mondiaux (il est 12ème en 3.32.06).

Il n'a rien vu venir

Nadir n’a rien vu venir mais il voit des coureurs moyens devenir très bons, et des très bons devenir imbattables. Il s’accroche et croise la route d’Ali Saïdi Sief avec lequel il s’entraine brièvement avant de quitter le groupe, écœuré par la progression insensée d’un partenaire qu’il juge suspect. Saïdi Sief est pris par la patrouille en 2001 mais ses chronos et sa médaille olympique de Sydney sur 5000 mètres restent. Tout comme restent les 3.30:83 de Fouad Chouki, Icare écarté des pistes en 2003 après un contrôle positif à l’EPO, qui devance Nadir sur les tablettes nationales du 1500 mètres.

Nadir a toujours les jambes mais plus le cœur ; Un matin, l’envie était partie. Il l’a annoncé peu avant les Mondiaux de Paris Saint-Denis, en 2003, à la stupéfaction générale. « Le plus dur » dit-il, « ce n’est pas de ne pas gagner ». Ca, il en fait son affaire. Il court pour lui et peu importe les choix que les autres font. Ce qui l’enrage aux larmes, alors que lui a fait le choix de ne pas céder, c’est qu’il sait que pour tout le monde ou presque, il est forcément dopé lui aussi : « le pire c’est quand on me dit que j’aurais dû me doper moi aussi puisque tout le monde le fait » !

"Je cours à l'eau claire !"

Non, tout le monde ne le fait pas. Lui ne l’a jamais fait mais il doute qu’on le croit. Il l’a réalisé un de ces soirs de grand succès qui aurait dû le rendre fou de joie. Il venait de battre à la régulière le Kenyan Noah Ngeny, star éphémère du 1500 m à Villeneuve-d’Ascq. Alors que Patrick Montel l’encensait, Nadir a réalisé tout à coup que battre un tel chrono signifierait pour beaucoup n’être « pas très très clair ».

Alors il a craqué et a supplié le journaliste de dire aux Français que lui, Nadir Bosch, « courait à l’eau claire ». La suite, c’est une succession de vexations, de visages qui se ferment. Des athlètes français et internationaux avec lesquels ils s’entrainaient se sont sentis visés par les propos du Français.

"On ne s’intéresse qu’aux « pauvres » dopés"

Aujourd’hui encore, il n’a pas enterré la hache de guerre avec certains. Nadir suit de loin en loin les affaires de l’athlétisme mais le bruit du scandale l’a atteint jusque dans sa retraite très active. Et il a eu envie de dire son ras le bol. « On ne m’a jamais appelé depuis ma retraite pour me demander comment j’allais… On ne s’intéresse qu’aux « pauvres » dopés. Je ne crois pas que j’aurais pu avoir une reconversion comme celle que je vis en restant en France… J’étais redevenu un Maghrébin comme certains de ceux qui ont été pris dans les affaires de dopage là-bas. Comme si le dopage n’était l’affaire que de quelques profils ! »

Nadir Bosch est apaisé mais pas résigné. Ce petit frère des pistes dont j’ai admiré la foulée à mes débuts de consultante a couru le 1500 mètres en 3.32.06 à l’eau claire. J’avais envie de l’écrire…

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par source (invité) (92.90.97.xxx) le 24/11/19 à 20:32:59

source : rmc sport
https://rmcsport.bfmtv.com/athletisme/bosch-ce-coureur-qui-a-vu-l-epo-arriver-dans-l-athletisme-929641.html

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (176.163.182.xxx) le 24/11/19 à 23:30:57

Très bon article qui montre bien que les résultats du sport professionnel depuis plus de 20 ans sont artificiels et qu'il faut s'en détacher. C'est du spectacle, du cirque, le nez du clown est faux, les chrono des athlètes aussi.

Petit détail historique : 1998 ou 2O00, ça fait un peu tard pour dater l'arrivée de l'epo dans l'athlétisme.

L'affaire Festina date de 1998, la transformation fabuleuse de Jalabert de puissant sprinteur en coureur complet (montées, contre-la-montre, course à étapes, classiques, etc.) date de 1994 ou 1995, et les premiers soupçons de l'apparition d'un truc fabuleux datent de la soudaine et imbattable supériorité de Indurain, dés 1992 avec des puissances soudain augmentées de 10 ou 15% par rapport aux champions précédents.

Médicalement l'usage de l'EPO et son autorisation de mise sur le marché datent de 1989, bizarre que les tricheurs en athlétisme ne s'y soient mis qu'une dizaine d'années plus tard, très longtemps après les cyclistes.

Donc, il serait plus jute de dire que 1998, c'est la généralisation de l'epo à tous ceux qui en voulaient. Les élites des nations ayant argent et équipes médicales pointues devaient y avoir recours sans doute 3 ou 5 années avant.

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (92.90.97.xxx) le 25/11/19 à 00:44:35

On peux avancer l’idée que le cyclisme a servit de laboratoire pour tester l’EPO normalement réservé au corp médical puis comme tu le dit s’est généralisé à la fin des années 90 à d’autres sport d’endurance notamment athlétisme.
Comme pays précurseurs nous pouvons penser à l’Espagne, la Belgique et l’Italie et les pays suiveurs ont été le Maghreb et l’Afrique.
A noter que le coût du dopant (EPO) est onéreux pour un coureur du coup nous pouvons aussi avancer l’idée que le dopage a l’EPO dans l’athlétisme est arrivé plus tard que dans le cyclisme pour deux raisons : l’attente d’une baisse de prix ou l’attente d’un générique moins onéreux et la généralisation des primes de course de plus en plus généreuse ce qui permet d’entretenir un moyen d’autofinancer son dopage.
En résumé, les coureurs bien informés pouvaient en effet être dopés à l’EPO depuis les JO 1992 puis à partir de 1998 l’a pratique est généralisée.
Enfin, j’ajouterai que le cyclisme des années 2010 a trouvé une nouvelle molécule dopante pour le moment indétectable réservée à des coureurs trié sur le volet genre les Froome et Bernal et que certains coureur de l’athlétisme en bénéficie d’où les Kipchoge. C’est trois athlètes appartiennent à la même écurie et ce n’est pas une coïncidence.
Merci pour votre lecture.

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (90.89.254.xxx) le 25/11/19 à 10:32:14

Je plussoie aux messages précédents.

Ce qui ne facilite pas l'estimation chronologique de l'arrivée du dopage sanguin dans l'athlé (pour des "observateurs extérieurs et éclairés"), c'est que (et je viens d'y jeter un œil), contrairement au cyclisme, il n'y a pas de rupture brutale dans les courbes d'évolution des records du monde du 10000 ou du marathon, alors que le bénéfice du dopage sanguin semble énorme en termes de gain "brut" de performances.
Certes, on a une vague de records vers 1998-1999, mais pour le 10000 mètres c'est un peu plus continu, avec tout de même une stagnation entre 1965 (27'39'') et 1993 (27'07''), puis la barre des 27 minutes, déjà extraordinaire, a volé en éclats en quelques années avant de se stabiliser avec Bekele (exceptionnel, quoi qu'en puisse sous-entendre).

Tandis qu'en cyclisme, les performances dans les cols (c'est le paramètre le plus crédible, qui a donné lieu à plusieurs études et extrapolations sur la puissance développée et sur un "maximum" théorique, compte tenu de la VO2 max et du rendement mécanique) ont totalement explosé entre 1993 et 1998, les performances d'Hinault, Fignon ou Lucho Herrera vers 1984-85 ont été ridiculisées avec des gains de 3,4,5 minutes sur des ascensions de 35-40 minutes, en quelques années seulement : Indurain, Riis, Pantani, Virenque... les performances réalisées dans Hautacam ou L'Alpe d'Huez n'ont plus été approchées depuis plus de 10 ans (sauf peut-être par Contador qui lui-aussi avait eu des problèmes), et ce malgré des machines plus légères de près de 2kg.

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (80.215.129.xxx) le 25/11/19 à 10:38:01

Indurain c’était 1991

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (80.215.129.xxx) le 25/11/19 à 10:43:08

Dans l’athlétisme ça a commencé avec les chinoises en 1993.

Les marathoniens espagnols (Martín Fiz puis Abel Anton) ont suivi de peu, vu qu’ils ont pu profiter des mêmes circuits et fournisseurs que leurs compatriotes cyclistes de l’époque.

Toutefois, ils restaient en 2h07 (car peu puissants à la base), tandis que le Belge Vincent Rousseau, premier homme de l’histoire à passer 2 fois sous les 2h08 (on mesure le chemin parcouru en 25 ans...), modèle de professionnalisme et de rigueur, faisait des perfs similaires à l’eau claire.

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (90.89.254.xxx) le 25/11/19 à 10:51:19

Exact, mais l'explosion des performances de Indurain lui-même sont situées en 1993-1994 (voir le bouquin d'Antoine Vayer avec ses calculs de puissance) : TDF 1993 et 1994, GIRO 1994 (bataille avec Berzin et Marco Pantani, perfs hallucinantes au Passo del Bocco, aux Deux Alpes), ou à Hautacam 1994 avec Luc Leblanc et Pantani.
Les performances du Tour 1991 sont en deçà, plusieurs coureurs réputés propres ont réussi à terminer placés au général (Charly Mottet, Gilles Delion...)

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (90.89.254.xxx) le 25/11/19 à 10:52:29

(Réponse au message sur Indurain)

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (85.3.199.xxx) le 25/11/19 à 13:41:48

Un témoignage est une preuve que tout le monde est dopé.
C'est beau.

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par velove (invité) (176.151.115.xxx) le 25/11/19 à 13:56:38

Laurent Fignon estimait aussi l arrive de l EPO début des annes 90 (91 ou 92?).
L equipe des petites chinoises qui a tt bouleversé sur le tableau des records c etait dans les années 93-94.
Bref, peu de décalage temporelle entre le cyclisme et l athlétisme.
Peut être??? une plus petite expansion de ce produit en demi-fond vu le peu d'argent qu il y a dans le milieu vis à vis du cyclisme...

Des observateurs bien éclairés en parle mieux que moi cf Vincent Rousseau et ses nombreux articles ou encore Bernard Brun...

Témoignage d’un coureur élite qui a vu l’EPO arriver par (invité) (176.187.23.xxx) le 25/11/19 à 15:18:05

Selon plusieurs avis concordants, il semblerait que Vincent Rousseau tournait en 2h07XX à l'eau claire ...

Il était indéniablement très doué, professionnel et investi.

Est-ce une aberration de croire qu'il est possible que 30 ans plus tard un athlète tout aussi rigoureux, peut-être encore un poil mieux doté génétiquement (plus rapide, plus endurant...), entouré des meilleurs experts (entraînement, nutrition ...), avec des chaussures qui semblent assurer un léger gain de performance (masse, technologie ...) puisse courir 10s/km plus rapidement ?

Ou je me berce d'illusions ?

Attention, je n'ai pas dit : tous les coureurs peuvent le faire. Il est incontestable que certains coureurs moins pointus que Rousseau sortent actuellement des chronos meilleurs en utilisant des méthodes illégales, là, n'est pas ma question.

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