CR - Marathon de La Baule

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CR - Marathon de La Baule par PCLJ (membre) (81.185.80.xxx) le 04/10/05 à 08:41:02

Lecteur occasionnel des CR des unes, des uns et des autres sur ce forum, j'apporte ma contribution pour raconter mon parcours sur le Marathon de la Cote d'Amour (tout un programme...).

Arrivé de Paris vendredi soir, je retrouve avec bonheur comme à chaque fois ma Bretagne natale et je commence mon week-end par un dîner au casino de Pornichet. (Petit sketch pour avoir du riz avec mon poisson au passage...)

Samedi matin, grand soleil sur le baie : magnifique.
Je croise les doigts pour que la météo soit identique le lendemain et surtout que le vent ne soit pas orienté Est / Sud-Est pour ne pas l'avoir de face pendant les 8 derniers km sur le remblai.
Finalement, comme souvent en bord de mer, la météo varie beaucoup dans la journée et je préfère ne pas faire de pronostic. Samedi soir, le baromètre est fixe et n'annonce pas de dépression pour le lendemain. Voila pour le chapitre météo.

Vu le temps pourri samedi après-midi, je décide de ne pas faire de sortie comme prévu. J'ai fait mon dernier entraînement jeudi soir et je me sens en top forme.
Je prépare ce marathon depuis début août. 9 semaines de plan avec de gros efforts perso pour gérer (dans le désordre) :l'alimentation, le sommeil, le boulot, les sorties avec les potes, quatre sorties et jusqu'à 80 km de CAP par semaine, etc...
Après mes 2h57 à Paris en avril pour mon deuxième marathon, je me suis décidé à me préparer du mieux que je peux ("comme un malade" d'après ma famille et certains de mes potes qui ne m'ont pas beaucoup vu ces derniers temps...).

Je me suis lancé un petit défi personnel pour voir jusqu'où je pouvais pousser la machine.
Après un test VMA "à la louche", je pense être capable de tenir 4'00 au km. Je me suis rassuré en courant Auray-Vannes en 1:23:45 sans trop me tirer dessus.
Passer en 1:25:00 au semi me paraît donc tout à fait faisable mais ça veut dire s'exposer à une explosion en plein vol dans la fin de course. En même temps, Le Mur de l'Atlantique à La Baule, c'est raccord.

Fin de ce long préambule: à l'attaque.

Dimanche, réveil à 6h30 pour un départ prévu à 9h15 du Croisic.
Petit déjeuner classique: café léger, une pomme, pain complet, miel et gâteau de semoule. J'embarque un demi litre d'eau pour patienter avant le départ.

Je me fait déposer au Croisic par mon père (Petit CV du bonhomme en passant: 3h45 à Paris cette année à 61 ans, total respect).
Il y a un vent à décorner les boeufs dans le bourg et la température est "de saison". On va se serrer dans le sas de départ pour se tenir chaud. Finalement, le départ sera donné avec quelques minutes de retard car on attend la dernière navette. Malgré tout, l'ambiance est bon enfant et ce sont 1500 participants bien décidés à en découdre que Stéphane DIAGANA libère sur les quais du Croisic. Tout ça bien est gentil, mais il va falloir s'y mettre.

Je démarre tranquille vu le flot des coureurs aux allures irrégulières (il n'y a qu'un seul sas hormis les élites). Je double le ballon des 3 heures et je passe en 4:10 au premier kilo.
La traversée du Croisic est courte et on se retrouve sur le bord de mer très vite. La côte est magnifique mais le vent de face trouble un peu la fête.
19:45 au 5km: je suis un poil vite mais je me sens hyper bien.

On tournicote sur la presqu'île (ce qui permet d'avoir le vent parfois favorable), c'est vraiment très beau. Premier ravitaillement (de l'eau, de l'eau), retour sur la côte et passage au 10km en 39:41.
Depuis le 5è km, je suis un groupe de 10-15 coureurs 50m devant moi. Je préfère resté à distance pour conserver mon allure et ne pas me griller.

Retour au Croisic pour une traversée du bourg: les petites rues pavées sont charmantes mais pas très adaptées pour la CAP en troupeau. Je fait hyper gaffe, mais j'imagine que c'est plus délicat à gérer quand le flot est dense.

59:45 au 15km. Je suis bien calé sur mon allure et je m'y tiens même si quelques gaillards intrépides me doublent et que je suis tenté de prendre la roue. "Chi va piano va sano", je préfère ménager la monture pour le moment.

Je me sens vraiment très bien et je profite à fond du parcours. Il y a pas de mal de monde et je prend le temps de remercier les gens qui nous encouragent (tant que je peux encore parler!!!). Les organisateurs ont eu la bonne idée d'écrire nos prénoms au gros feutre sur nos dossards et les encouragements "personnalisés" sont vraiment sympas.

On traverse le bourg de Batz-sur-Mer avec une montée en épingle, une des rares petites difficultés du parcours.
En sortant de Batz, on se dirige plein nord vers les marais salants, avec un vent bien vif qui va être de face: ça s'annonce copieux...
Je prends mon premier ravitaillement solide dans le bourg de Batz. L'organisation a bien fait les choses sur ce point. Fruits secs, morceaux de sucres, bananes coupées, pain d'épices, carrés de chocolat: on dirait un goûter d'anniversaire. Les tables de liquide sont bien panneautées ("Eau" ou "Glucose") pour éviter les surprises gastriques.
Certains bénévoles ont installés des poubelles 100m après les lieux de ravitaillement pour que nous y jetions nos gobelets MacDo (merci le sponsor). C'est une bonne initiative pour éviter de saloper ce beau paysage. Je vais même faire quelques centaines de mètres avec un gobelet dans la main après avoir raté le dernier container.

Après le gueuleton, un bon digestif: entre 2 et 3km à découvert avec le vent dans le nez.
Je pioche un peu pour maintenir ma vitesse, je passe en 1:19:46 au 20km puis 1:24:19 au semi.
Jusqu'ici, le bonhomme tient le coup mais je commence à sentir mes cuissots.

Pour mieux lutter contre le vent, je décide de cravacher pour revenir sur deux des gaillards intrépides qui m'avaient doublé 5km avant et que je gardais en point de mire. Une petite entente s'opère naturellement et on se relaie pour prendre le vent à tour de rôle. Je me jette littéralement sur le ravito avant la sortie des marais. La vue du sel a du me donner soif, j'ai la gorge bien sèche. Je n'ai pas lâché trop de temps sur cette portion : 01:40:02 au 25km.
Je commence avoir le pas lourd et pour la première fois depuis le départ je calcule à l'envers : il me reste 1h10 pour faire 17 bornes. Ca s'annonce coton, d'autant que j'ai laissé du jus dans le marais.

Retour sur la presqu'île avec le vent dans le dos, je retrouve mes parents au 28km et je les rassure sur la forme de leur rejeton, je les reverrai à l'arrivée désormais. Je rattrape à ce moment la première féminine partie en élite. Elle a fière allure et je la trouve super fraîche. Je fais un petit kilomètre vraiment sympa avec elle, car elle remporte un franc succès à l'applaudimètre. Je relance pour tenir mon allure et je prends petit à petit un peu d'avance sur elle.

On enchaîne ensuite sur la piste cyclable de la Côte Sauvage, qui est une des plus belles parties du parcours à mon avis, bien que j'en profite assez peu: je suis dans le dur. Mon passage au 30km en 01:59:56 me redonne un peu de baume au coeur même si je sais que la fin va être dure. Les 12km qui restent vont être bien long.

On finit de longer la côte et on redescend vers Le Pouliguen. Je cours seul pendant plusieurs kilomètres, je ne vois personne devant moi pendant que le parcours défile dans les rues du Pouliguen. Je réagis aux encouragements du public avec un temps de retard. Ca fait longtemps que je ne réponds plus par la voix mais par un geste du bras, puis de la main, puis du pouce, puis plus du tout...
Tout d'un coup, on déboule par une petite voie sur une plage. D'un coup, le vent me fouette le visage et me redonne un peu de lucidité qui commençait me faire défaut. Au 34è km, au port du Pouliguen, il y a du monde au ravito juste avant le pont qui mène à La Baule. Je m'arrête pour boire un grand verre d'eau, attraper une tranche de pain d'épices et saluer deux amies qui m'attendaient avant le pont comme prévu. Il y a un speaker à cet endroit qui croit bon de faire remarquer au public que, contrairement à ceux qui m'ont précédé, je ne me ravitaille pas "à la volée". J'ai bien envie de lui prendre son micro pour expliquer que je peux difficilement faire autrement...

Je repars après 10 secondes et j'attaque la dernière partie du parcours: le remblai avec l'arrivée que l'on devine au bout des 8 km de plage.

Je passe au 35km en 02:19:50. J'ai beau me dire qu'il me reste une demi heure pour boucler un peu plus de 7 bornes, ça me paraît difficile.
Je lève l'oeil du chrono et je me mets à regarder droit devant. Je cours comme un robot, et je n'entends quasiment plus les spectateurs qui s'activent pour lire de loin les prénoms sur les dossards. J'ai l'impression que certains hurlent mon prénom quand je passe devant eux.
Je m'arrache pour tenir l'allure et pourtant je perds 20 secondes en 2km. Je me mets littéralement à me gueuler dessus, je repense aux sorties longues dans le Bois de Boulogne, aux tours chronométrés de l'hippodrome de Longchamp. Je me dit que je me suis préparé à une situation comme celle-là, avec des entraînements calculés, mesurés, pesés. Et pourtant, tout ça me parait bien loin parce que je ne suis plus du tout dans le rationnel et que je dois maintenant aller puiser ailleurs pour avancer.

Je relance comme je peux en allongeant autant que possible ma foulée. Un début de crampe aux ischio droits me fait vite changer d'avis. Je trouve un compromis en compensant pas mal à gauche.
Les encouragements sont nettement plus nombreux et m'aident bien à maintenir mon allure. Je passe en 02:40:15 au 40km. J'ai 9:45 pour faire 2195 m. Je commence à y croire.

En passant devant le casino de Pornichet, j'aperçois mon père sur le trottoir, il voit bien que je suis mal et il me lance un regard qui en dit long. Il a déjà coincé sur une fin de marathon et il sait que je ne suis pas à la fête.
Je passe au 41è km et je vois le portique de la ligne d'arrivée de l'autre côté du terre plein. La fin du parcours est un vrai piège: on fait environ 500 mètres jusqu'au rond point suivant avant de revenir sur nos pas de l'autre côté.
Je fais mon demi tour au bout du remblai, je regarde ma montre, je sais que c'est bon.

42è km: je vois la ligne devant moi et le chrono qui égrène les secondes.
Je m'arrête de courir 10 mètres avant la ligne que je passe en marchant.
Je sers le poing, je savoure ces quelques secondes.
Je termine en 2:49:29 et je suis pas loin de mélanger un peu de liquide lacrymal à ma sueur.

Une fois la puce enlevée et quelques victuailles avalées , je passe un bon quart d'heure entre les mains d'un kiné. Là aussi, belle organisation, il y a 10 kinés, autant d'ostéos et un podologue sous la tente médicale. J'ai la chance de pouvoir en profiter et je crois que sans eux je n'aurai pas pu descendre mes escaliers lundi matin.

Douché et rhabillé, je m'offre un apéro champagne/foie gras et des côtes d'agneau au BBQ, je fais une courte sieste et je repars en train pour Paris.

J'encourage tous ceux qui m'auront lu (merci au passage) à venir courir ce marathon.
Le parcours est splendide, quasiment plat. L'organisation m'a paru très bonne et le nombre de participants est idéal (2000 max). On peut juste craindre une météo aléatoire mais c'est le lot des marathons d'automne qui, je pense, restent plus faciles à préparer qu'un marathon de printemps.

Bon courage à ceux qui courent bientôt. Je pense en particulier à Fred, force vive de ce forum, qui s'est fixé pour objectif de courir en 4:00 au kilo à La Rochelle, fin novembre.

Pour ma part, ma saison de CAP sera interrompue pendant quelques semaines, la machine a besoin de repos.

Je continuerai bien sûr à lire vos CR pour que vous me donniez envie de découvrir de nouvelles courses.

A bientôt.

CR - Marathon de La Baule par mns02 (invité) (83.192.211.xxx) le 04/10/05 à 09:13:47

un seul mot bravo a toi

CR - Marathon de La Baule par TRANBER (invité) (81.53.142.xxx) le 04/10/05 à 09:48:25

Bravo PCLJ, d'abord pour ton temps et aussi ton CR; c'est marrant d'ailleurs car je m'y suis vraiment retrouvé dedans, comme mon dernier marathon à Londres. Il y a le fait déjà que je sois Breton moi aussi (de Saint Malo), et ta facon de gerer ta course, c'est tout a fait cela (on debut on encourage les spectateurs de la voix ensuite on applaudit puis on leve une main et vers la fin on ne bouge plus rien du tout...).
A la fin on ne coure qu'à la tête et on repense aux heures sacrifiées à s'entrainer dans ce seul objectif.

Bref, un beau CR et une belle course...
Bravo

CR - Marathon de La Baule par zouzoune (membre) (82.64.81.xxx) le 04/10/05 à 14:26:21

bravo PCLJ,
autant pour le marathon que pour le compte rendu.J'avais très peu de temps quand j'ai voulu lire la première fois alors après avoir jeté un oeil sur la longueur je me suis décidée à y revenir plus tard, faute de temps.
Je ne regrette pas, plein d'émotion sur la fin et c'est aussi là que nous les "petits" coureurs ce n'est pas toujours facile pour les "grands" mais que la joie à la fin est toujours la même.
Ce sera un CR de plus qui me poussera à aller jusqu'au marathon et plus si afinités

bonne récup

zouzoune

CR - Marathon de La Baule par jog (invité) (81.53.126.xxx) le 04/10/05 à 16:29:01

Bravo pour ta course et ton récit,en le lisant j avais vraiment l impression d y être. En 2004 je l ai couru et j espère pouvoir le faire en 2006.Bravo encore.............

CR - Marathon de La Baule par kristof34 (invité) (84.99.55.xxx) le 04/10/05 à 16:55:33

Bravo

Pour ton CR ... et ta performance.

Tu as bien transcris ces 42 KM de course de plaisir et de "souffrance".

J'étais également présent et le parcours est effectivement superbe.

Mon temps est loin de tes performances (3H45'40'') pour un objectif de 3h30.
Bon début de parcours jusqu'au marais salants de Guérande (1H44 au semi) puis dur à partir du km 26.
J'ai laissé beaucoup d'énergie sur cette portion pour rester dans le groupe suiveur du ballon des 3H30.

Fin de course difficile en ce qui me concerne.
Mes autres collégues ont également coincés sur la fin et revus leurs objectifs à la baisse.

Bonne continuation et je reste à la lecture d'autres témoignages sur l'épreuve.


CR - Marathon de La Baule par Atchoum (invité) (81.251.146.xxx) le 04/10/05 à 20:17:27

Merci pour ton CR, et félicitation pour ton chrono!!
Cela donne envie de changer de distance....
Bon repos.

CR - Marathon de La Baule par sportif95 (invité) (83.200.82.xxx) le 04/10/05 à 20:50:18

pour la 1er fois je me lance sur un deuxieme marathon la

CR - Marathon de La Baule par sportif95 (invité) (83.200.82.xxx) le 04/10/05 à 21:51:07

Oups , resumé de mon ptit sejour a La Baule , arrivée sur place le samedi aprés midi , retrait des dossards , nikel en 20 minutes top chrono ....Bonne organisation et acceuil sympathique..... 1er coup d'oeil sur le parcour , ou il y a marqué en gros , la course va se jouer dans les marais salant , bien vue, grrrrrrrrrrrr..
Dimanche matin levé a 5h15 pour la ptite ration de pates obligatoire d'avant course.....Pas de probleme pour rejoindre le départ de la course , réussi a se garer a 100 metres des navettes.Cool.
Dans le sas de départ avec les ami(e) du club le rdv est pris a l' arrivée .
Le temps est magnifique , le soleil est parmis nous sympa....
Le moment tant attendu est enfin arrivée , le coup de pistolet donnée par Stéphane Diagana.
1er kilo en 4.40 nikel , je profite du paysage magnifique que je découvre pour la premiere fois.Malgrés un début avec du vent je suis en 4.30 au kilo ,(normalement 4.37) donc tout vas bien , un coureur se tiens a mes cotes je menes l'allures a 1 ou 2 sec pres à chaque kilo, il lache prise au 13iem .Je suis en avance sur mes temps de passage , le moral au top .Reste a gerer le passage dans les marais salant, je suis seul depuis 6 bornes toujours au meme rythme au début car bientot avec le vent de face et personne pour m'abriter ,je gere, avec des 1000m en 4.45 voir 5.10:Je me fais doubler par un groupe d'une dizaine de coureur avec le mec du début de course je peut pas accrocher le wagon, dur.Au 25iem j'ai plus que 30sec d'avance la perte a ete de 1.30 dans cette portion .Je commence a sentir mes cuisses a partir du 27iem un copain du club me double 2 klm plus loint.1er coup au moral , j'arrive pas a le suivre normalement je devais etre devant et la je me dis que la fin vas etre plus dure que prévue.Je perds 1minutes au kilo ,au 33iem une copine dois m'aider pour finir..Je passe le panneau sans la voir , elle m'attend aprés le pont heureusement car j'ai le moral dans les chaussettes, les cuisses sont de plus en plus dur , je fais l'erreur de calculer mon temp final 2iem coup au moral surtout que le vent est toujours laaaaaaaaaaa......Au 35iem j'ai 5 minutes de retard , je craque (mentalement )le final au bord de mer est superbe , (le paysage), j'ai l'impression d'etre arreter tout le monde me double , la copine me dis de m'accrocher , je suis a plus 6 minutes lors des 4 derniers kilometres que je trouve horriblement lonnnnnnnnnnn.Pour finir on passe juste a cote de la ligne d'arrivée mais il reste un aller retour a effectuer, pfffff.A 500m la copine est prié de sortir du parcour , normal pour ne gener personne et grace a un dernier encouragement de sa part je tente une acceleration (petite) pour terminer...
Resultat final 3h33.21 , je visais - de 3h15 .Mais je suis pas le seul a avoir souffert ..Abandon parmis les personnes du club..
Voilou ,
stephane

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