MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ...

Aller tout en bas au dernier message - Répondre au message - Retour au forum sur la course à pied

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par runaway (invité) (80.15.144.xxx) le 02/05/06 à 21:39:54

Le 9 avril 2006 Pia est au départ . Il est 8:45 ,le suspense est à son comble ...partira , partira pas ?
l'aventure a commencé début septembre 2005 au retour de la Parisienne . Pia a adoré et les copines du forum sont très ,très sympas . Courir dans Paris est un bonheur : c'est décidé ! elle fait le Marathon de Paris . Houlà ce n'est pas rien , mais si tu le fais je t'accompagne ma chérie . Je ferai le porteur d'eau . C'était alors assez irréel et encore pas si probable que çà . Jusqu'au jour où Pia a dit "je suis inscrite !"
Runaway "bon il faut que je m'inscrive aussi alors"
Pia "inutile tu as le numéro 42204 mon chéri"
Bon au boulot : entrainement comme d'hab , Pia licencié et entrainé par coach Christian , 20 km Lourdes-Tarbes , début du cycle 12 semaines ..et là le bug : douleur au genou , traitement avec injections , repos de trois semaines EN PLEINE PREPA MARATHON ! L'horreur ! C'est foutu , elle veut annuler tout (hotel,avion,dossards tout calculé aux petits oignons). Le retour en douceur sur le stade et des sorties longues avec les tortues du SATUC la rassurent et c'est reparti ! le moral revient , les semaines passent et le marathon est dans une semaine ..
Le premier avril Pia se réveille de travers le dos en vrac et ce n'est pas un poisson . Bon c'est rien avec de bons massages ça passera , sauf que non ! medecin du sport lundi , mercredi et vendredi , ostéo , mésothérapie ...tout y est passé ...rien n'y a fait même les massages de son chéri (snif!)mais bon on y va quand même!
Et donc nous sommes sur la ligne de départ , enfin à 500 mètres sans doute . Nous avons dit bonjour aux gars du club de Toulouse , croisé des adeptes du forum , fait pipi une dernière fois à l'hotel , rejoins en trottinant les Champs-Elysées ; sauf que Pia NE PEUT PAS TROTTINER ARGH !
je répète à Pia les bonnes paroles de Marlène que nous avons vu avec son beau Lolo dans l'avion de Paris "tu y es ,alors tu pars et tu verras bien ! si tu as trop mal tu t'arrêtes il n'y a pas de mal à ça et tu auras essayé !" merci les Molos !
Il y a un monde fou évidemment . Ici au fond de la classe il n'y a pas trop de stress . Sauf pour nous qui ne savons pas combien de mètres nous allons parcourir .
Et pan ! c'est parti enfin sans doute . Nous finissons par avancer en marchant . Au fur et à mesure le sol se jonche de fringues ,de plastique ,de bouteille vides ,c'est la décharge et nous marchons toujours en cherchant des toilettes sans queue pour un dernier pipi de Pia . Là juste avant la ligne de départ il y a ce que nous cherchons . J'attends en regardant passer les derniers concurrents qui passent la ligne . Pfff on est pas arrivé , on va finir par pousser la voiture balai . Déjà je vois des spectateurs qui commencent à traverser les Champs derrière les derniers concurrents . Pia est là ,on y va ! nous passons "bip" la ligne . J'ai envie de lui dire de se dépêcher mais la pauvre en c..e vraiment . Elle court doucement quelques mètres et pousse un cri en m'aggripant le bras ! Je me dis que c'est mal barré pour la centième fois . On est derrière la banderole de Fugain ! Mais qu'est-ce que je vais faire d'elle ? De moi si elle s'arrête ? Un moment nous slalomons entre des promeneurs ...Ca va chérie ? Il me semble qu'elle m'arrache le bras moins souvent depuis l'entrée de la rue de Rivoli . Nous pouvons commencer à remonter le long peloton du marathon . Depuis le cinquième kilo tout va bien , nous profitons du spectacle des coureurs , des spectateurs , de Paris . C'est incroyable , nous courrons côte à côte ,le sourire aux lèvres sans effort . Bon ça ne va pas vite mais nous sommes là ! Il y avait un vague objectif qui revient à la mémoire de Pia maintenant : 4:30 . Laisse tomber , les miraculées ne vise que le finish...
Je gère l'intendance de Pia : liquide et comestibles . Tout est super : le bois de Vincennes , partout dont je ne me rappelles plus les noms , les encouragement de la foule , les bords de Seine que je croyais galère , le 30 ème kilo en 3:30 sans doute . Nous n'avons pas vu le temps passer !
Mais là ça va se corser ! Pia commence à se planter dans le comptage des kilos et nous arrivons au Bois de Boulogne . Les jambes sont lourdes maintenant , fini l'euphorie il faut serrer les dents . Je vois des types zigzaguer et vomir , des courreurs affalés sur des lits de camps à un ravito nous effraient ( nous n'avions jamais vu des gars dans cet état sur nos petites courses ). J'encourage Pia pour ces derniers kilos . Le tour de l'hippodrome me semble interminable , les ravitos bretons , beaujolais , etc sont un peu à gerber . J'ai très mal aux jambes à courir lentement à côté de ma chérie qui grimace . Je lui fais le compte à rebours des kilos mais je ne sais pas si c'est bon ou plutôt déprimant pour elle .
Mais c'est le dernier kilo , nous le tenons ! Le dernier rond-point , la dernière ligne droite . J'avise les photographes pour la dernière photo . Nous nous tenons par la main pour passer la ligne : PIA 4:46:12 Bravo ma chérie de course , TU L'AS FAIT .Et là c'est beau , nous nous embrassons , sommes médaillés . C'est dingues tous les gens qui arrivent derrière nous ! Nous sommes parti les derniers !
Merci aux nénettes du forum qui ont donné envie à Pia de le faire . Elle reviendra sans doute pour un challenge encore plus fort et en pleine forme.
Merci à fils du vent .
Merci aux Molos qui ont été de bon conseil .
Merci chérie !
run,run!

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Phox (invité) (195.93.102.xxx) le 02/05/06 à 21:50:41

Bonjour,
Je l'ai fini en 3h58, c'était le premier pour moi et j'étais en pleine forme, mais une chose est sûre , avec un dos dans un état pareil, je serai resté chez moi! alors très sincèrement ....Chapeau bas ! Bravo ! L'epreuve est assez difficile comme ça, qu'il ne faille rajouter un problème physique au parcours !
j'espère que tout s'est arrangé depuis pour le dos !
@+
Phox

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par manu95 (membre) (84.100.51.xxx) le 02/05/06 à 22:01:34

ouah ! Quel Cr ! et quelle course !!!

Bravo

A l'année prochaine ;-)

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par fils du vent (invité) (82.236.176.xxx) le 02/05/06 à 22:23:40

c 'est sur et évident qu 'un tel "parcours", obligatoirement,forcément restera dans les annales,dans les tètes et qu 'il faudra bien tout se le rappeler , pour relativiser par exemple.
Christian a donné qqs nouvelles la semaine dernière.
Bon , on discute plus,place à la récup et à la remise en forme!!Hé mais c 'est que oui, Plus que 2 mois pour Espelette!!!!!

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Grand pied tordu (invité) (193.248.185.xxx) le 02/05/06 à 22:26:42

Si mes mots avaient des larmes ce post serait mouillé d'émotion.
Je garde pour moi pourquoi

Bravo

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Delphine (membre) (86.72.97.xxx) le 03/05/06 à 09:10:23

Coucou,

Finalement c'est super génial de lire des CR bien plus tard.
Bravo à vous deux...Et à bientôt pour d'autres plaisirs de course.

Delphine

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par gristor (invité) (83.113.206.xxx) le 03/05/06 à 09:43:32

le CR que vous n'attendiez plus... ça suppose qu'on était censé l'attendre?
Bonjour l'estime personnelle...

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par laurent77 (invité) (194.2.91.xxx) le 03/05/06 à 11:55:45

SAlut,

On a du se voir car je suis arrivé en 4h49 :)
Très beau compte rendu, ca m'a fait très plaisir de le lire et ca m'a redonné un peu d'émotions comme si j'y étais.

mon CR est aussi sur le forum

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Marlène (invité) (194.250.120.xxx) le 03/05/06 à 12:20:03

Oui, moi je l'attendais !
Alors merci de l'avoir ENFIN fait !!!
Mais quand même, ça ne nous dit pas comment va le dos de Madame ? A t'elle recouru depuis... J'attends un complément d'information.
Bisous à tous les deux et contente d'avoir pu faire basculer la balance du bon côté...

PS : Fils du vent, tu fais aussi Espelette ?

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par MariedeLyon (invité) (86.202.66.xxx) le 03/05/06 à 12:28:03

Trés touchant votre témoignage ! On a plaisir à vous lire et à partager toute ces émotions Bravo encore pour le courage et la volonté de Pia ! qui fut bien agréablement coachée !
Marie

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par totø (membre) (82.237.209.xxx) le 03/05/06 à 12:38:11

heureux d'avoir fait votre connaissance sous l'Arc et ravi que vous l'ayez fait jusqu'au bout. je me rappelle Pia très soucieuse au point de rendez vous.
Bravo a vous

totø

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par fils du vent (invité) (83.145.90.xxx) le 03/05/06 à 14:11:22

à marlène et jules.
Ben oui finalement espelette (et non pas la Biroussanne dans l 'ariège) d'abord pour la distance( les 27 kms)et le dénivelé + j'ai des connaissances de La Rochelle qui y courront aussi et en + un séjour est en principe organisé par des gens sympas de notre "section".
Pour moi , c'est devenu THE objectif de fin de saison. et je vais me préparer comme un diable car à paris j'ai été 1 peu déçu.
On aura peut etre l'occasion de courir ensemble et
si Pia et son mari( chapeau au passage pour son comportement à paris) peuvent venir , ça promet encore plus car il parait que plus on est de fous...

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par cousin (membre) (195.115.27.xxx) le 03/05/06 à 14:24:58

un seul mot : bravo
bravo a pia car a lire runaway, prendre le depart n'a pas dû etre super evident pour toi
bravo a runaway pour ce superbe CR et la passion qu'il degage
bravo a vous deux car je reve de vivre des moments de course pareil avec ma moitié (hélas une grave allergie au sport...)

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Bert (membre) (81.80.43.xxx) le 03/05/06 à 18:08:22

Merci Runaway pour cette belle histoire, ce suspens et bravo encore à vous deux. On ne se lasse pas de toutes ces péripéties...

Le titre du sujet m'a aussi réveillé car j'avais "promis" mon CR peu après la course... et il m'aura fallu un peu de temps pour tout raconter !

Je vous préviens tout de suite, c'est un peu long... comme un marathon !!

Mais si vous avez quelques minutes, n'hésitez pas, que ce soit pour découvrir, sourire et que sais-je encore...


MARATHON PARIS – 9 Avril 2006 :

Vendredi 16h. Retrait du dossard à Marathon Expo : ce grand moment tant attendu, synonyme de départ imminent, de rencontres et de découvertes, me remplit de joie. Je suis assez euphorique et tout me semble magnifique…
Au retrait de mon dossard, je prends mon temps, tape le bout de gras avec des bénévoles simples et sympa, en espérant revoir l’un d’eux à l’arrivée, au retrait des puces. Je fais aussi des rencontres étonnantes, notamment un marathonien internaute que je cherchais à joindre une semaine avant pour un dernier entrainement en Bourgogne (!). J’écoute les conseils avisés du coach du Running Club, pour qui il faut bien 5 marathons avant de connaître la discipline. Tout en faisant le plein de gels, je retrouve avec joie mon vieux pote Antoine, le nouveau leader du magasin de la course à pied en France.
C’est un peu la folie avec ces stands de plus en plus grands. On ne sait plus quoi inventer comme cette animation délirante chez Polar. Un attroupement m’intrigue et je découvre alors un coureur qui vient de passer le 37e km de son marathon… sur tapis de course !! Je resterais bien plus pour m’enquérir des dernières nouveautés multiples mais ce n’est ni possible ni raisonnable. Du repos ! C’est le cas avec une longue et excellente nuit de sommeil (22h30-9h).

Samedi soir. Il est déjà 23h15 quand j’éteints ! La journée a été bien remplie, parfois stressante, voire prise de tête. Question marathon, je suis quand même relativement tranquille. Un peu plus d’expérience ? La relecture de mon compte-rendu 2005 me remet dans l’ambiance, me rassure et me rappelle quelques détails oubliés. J’ai perdu un kilo cette semaine en réduisant fortement alcool et sucres rapides.

En réglant le réveil sur mon cardio, je trouve l’horaire du réveil… du Marathon 2005 ! Je rajoute juste 5 minutes. Pourtant au moment de dormir, le stress est là et j’ai du mal à trouver le sommeil. La nuit est courte et je dors très moyennement : à 5h10, je me réveille, persuadé que c’est l’heure dans 5 minutes !

Ensuite, tout se passe exactement comme un an auparavant : des pâtes, un yaourt, du jus d’orange, check de la météo sur internet, relecture 10 fois des temps de passages de 3h45 (qui varient d’un document à l’autre !), le tout entre-coupé de passages aux toilettes. Voilà, il est déjà 7h25, le temps de rejoindre les autres, David, Philippe et Frédéric… La journée s’annonce idéale, avec le soleil et une température pile comme il faut (7° à 7h, de 9 à 12 annoncés pour la course).

Le trajet en voiture est sans souci avec, pour se conditionner, « Big Calm » de Morcheeba… Nous nous garons comme d’habitude sur l’Avenue Foch, malgré quelques difficultés avec la Police. Mais rien ne peut nous arrêter… L’ambiance est très détendue. Seule l’odeur des merguez déjà en train de cuire dans le stand des coureurs nous étonne et « perturbe » ! A l’approche de la place de l’Etoile, nous nous scindons en deux groupes et je pars avec David, à la recherche d’un ami, Christophe. Sous l’Arc de Triomphe, j’aperçois le groupe de courseapied.net, chers internautes du forum que je n’ai malheureusement pas le temps de saluer !

En haut des Champs Elysées, c’est la folie : quelle densité ! Nous retrouvons quand même Christophe et rejoignons le sas bleu des 3h30, non sans sacrifier au rituel du pipi, en pleine rue de Tilsit, contre une bâche de travaux. La voie est plutôt détrempée… L’accès au sas se passe pour une fois sans difficultés ni densité excessive. Avec nos bobs jaunes sur la tête, nous avons l’air d’une grande marée de tournesols. Le départ est lancé et comme d’habitude, il faut tout juste 5 minutes pour franchir la ligne de départ...

Tout semble toujours facile sur le 1er km, qui plus est avec la descente. Une fois n’est pas coutume, on part en groupe à trois, sans aller trop vite. Rue de Rivoli, ça déroule tranquille. Seul le cardio fonctionne mal ! C’est la vitesse qui ne marche pas cette fois. Un bip me rappelle dès lors régulièrement l’absence de contact avec le capteur...

Qu’importe, j’aperçois vite le bas du Louvre, et la rue de l’Amiral Coligny, où j’habitais autrefois… Cela me rappelle le premier Marathon de Paris que j’avais vu passer un dimanche matin il y a plus de 10 ans… en rêvant d’y être un jour ! Plus loin, nous doublons une jeune femme en fauteuil roulant qui doit bien étouffer dans cette marée humaine malgré les encouragements. Je retrouve ensuite le 4e arrondissement que je connais aussi par cœur pour y avoir longtemps séjourné. Contrairement aux années passées, je cours au milieu de la voie au lieu du trottoir gauche et du coup, tout semble plus simple : un peu plus de densité mais personne à éviter et du coup me voilà à Bastille sans m’en rendre compte. Je lâche mes deux compères un instant pour le ravitaillement de droite où j’espère apercevoir des collègues de bureau. Personne. Enfin, façon de parler !

La montée vers Nation arrive et avec le soleil, j’ai déjà un peu chaud. Malheureusement il n’y a déjà plus d’éponge dans la côte… Le ciel se voile légèrement et nous poursuivons allégrement. Déjà je m’inquiète de notre rythme, sentant qu’on va un peu trop vite. Au kilomètre 10, le chrono, 51mn33 est un peu trop bon… A l’approche du bois de Vincennes, nous ralentissons quand même le temps d’une pose pipi incontournable ! Prudent, j’entraine mes compagnons sur les contre-allées afin de courir sur un sol moins dur que le bitume, leur promettant de gagner 10 minutes in fine en économisant nos articulations…

A l’arrivée de l’esplanade de Vincennes, nous passons bras dessus bras dessous à l’approche des photographes. Si on pouvait arriver tous ensemble comme ça, ce serait génial. Pourtant je commence à m’inquiéter de plus en plus de notre rythme. Christophe lui-même reconnaît qu’on va trop vite… Pourtant, émulation mutuelle (?), on ne ralentit pas. Dès lors, je ne cesse de m’interroger à cette stratégie de course. Courir en équipe risque de fonctionner à quitte ou double : soit on est vraiment bien et on va se soutenir dans les kilomètres difficiles, soit on va exploser… L’optimisme domine finalement. A chaque kilomètre, notre « avance » sur le tableau de marche s’accroit.

Nous passons déjà devant l’Insep et je n’ai pas vu le temps ni les kilomètres passer. En courant sur les allées, je perds également régulièrement mes coéquipiers qui sont en fait toujours juste à côté ! Mais il y a tellement de monde, qu’on a vite fait de se rater.

Au kilomètre 18, je double une vache qui fait beaucoup de bruit avec sa cloche : je plains alors ce coureur déguisé qui doit bien crever de chaud sous son déguisement ! Après le calme du bois, le retour sur Paris nous fait retrouver la foule et le bruit. Plus on approche du semi-marathon, plus l’ambiance augmente ! Nous passons en 1h48mn48 ce qui représente quelques 3mn30 d’avance sur le tableau de marche. C’est énorme… S’ensuit une descente qui ne fait que conforter notre impression de facilité. Mais dans la côte de la rue de Charenton qui suit, je sens avec David qu’il faut vraiment nous calmer et que Christophe va nous cramer si on persiste à le suivre. Après le 22e kilomètre, nous le laissons « partir » et levons légèrement le pied. Enfin, façon de parler car c’est plus le début de fatigue qui nous guide je crois.

Arrive l’interminable Avenue Daumesnil… qui passe finalement assez vite ! Loin de moi la lassitude de l’année précédente sur ce tronçon. Nous atteignons vite les 4 minutes d’avance sur le programme et arrivons déjà au ravitaillement du Boulevard Henri IV. La fatigue semble raisonnable et nous atteignons les quais de Seine. Je lance à David qu’on va y arriver si on s’accroche bien. La lucidité est pourtant atteinte car je pense alors qu’on a déjà fait les 2/3 du parcours en additionnant 25+17. Or 17 n’est pas la moitié de 25 mais de 35 !... Je m’en rendrais compte au kilomètre 28 en me disant que, « tiens ça fait aussi 2/3 de la distance !! ».

En attendant, un stand propose des huitres, ce qui donnerait plutôt envie de vomir à ce moment là ! Des piétons fous entreprennent de traverser le flot de coureurs ce qui est une vraie hérésie. Le long tunnel des Tuileries approche et le kilomètre 27 est affiché à son entrée : 3mn40s au kilomètre m’indique le chrono ! Il doit y avoir une erreur car je n’ai pas l’impression de m‘être transformé en kényan. En réalité, le kilomètre 27 est plus loin dans le noir. Il règne alors une chaleur lourde. Elle me semble supérieure aux fois précédentes. La densité des coureurs me semble aussi plus faible. Est-ce que nous sommes dans les premiers ?!! Du moins en avance sur l’énorme groupe des coureurs en 3h45 ? Il y a toujours quelques vagues de cris et de « on n’est pas fatigué » mais cela me semble un peu plus calme : les « premiers » seraient-ils plus concentrés ? J’aperçois aussi deux ombres qui marchent derrières les éclairages. C’est étrange et je me demande par où ces personnes ont-elles bien pu passer ?

La sortie du tunnel est accueillie avec délivrance : de l’air !! 4mn30 d’avance… mais la fatigue se fait sentir. Un petit coup d’éponge ne compense pas la soif qui apparait un peu. Il faut dire qu’il y a 6 kilomètres entre ces deux ravitaillements. J’ai du mal à suivre David et prend conscience de la difficulté à venir. A l’approche du 30e kilomètre, je réalise aussi que je ne prends pas assez le temps d’observer notre belle capitale. Un regard vers la Tour Eiffel me rappelle notre chance ! Par contre, peu après, les félicitations et mérites hurlés par la Caisse d’Epargne m’agacent : un écureuil et une noisette dansent et s’agitent à notre passage… tandis que je perçois avant tout… le fameux mur du kilomètre 30 ! la ravitaillement est le bienvenue et le gel que j’avale me relance un peu. « Go Go Chicago » annonce une affiche. Thank you America !

Le rythme a sérieusement ralentit. Je perds progressivement David de vue et les kilomètres sont passés en 5mn45 contre l’objectif des 5mn20. L’avance commence à fondre. Le mental est une chose mais la raison un autre : lorsque nous bifurquons pour traverser le 16e arrondissement dans sa largeur, j’essaye de me préserver au maximum. Inutile de se griller totalement à vouloir se maintenir coûte que coûte.

J’ai de plus en plus de mal à calculer mon avance exacte. A l’approche de Roland Garros, je suis très fatigué et bien loin de la forme lors de mes entrainements habituels dans les parages. Je cours à peine sous les 6mn au kilomètre. Mes jambes sont lourdes et mes genoux douloureux. Le cœur lui est raisonnable à 150. Je programme alors de marcher un peu après le ravitaillement, dans la côte vers la Porte d’Auteuil : tant qu’à marcher, autant le faire dans un endroit difficile.

Juste avant, c’est le kilomètre 35 et j’aperçois Marie et Léo avec le drapeau « électrique » du Stade Français ! Leur vue et encouragements font plaisir mais j’essaye de leur faire comprendre que c’est très dur ! Je suis aussi intrigué de n’avoir pas vu Titouan. A l’approche du ravitaillement, j’essaye de retarder au maximum le moment où je vais marcher. Encore une fois, je sens qu’il faut limiter les dégâts. Mon chrono me montre que toute mon avance a fondu et je réalise que les 3h45 sont mal barrés : dans mon état, 7 kilomètres en 40 minutes me semblent bien difficiles ! J’avale mon dernier gel avec de l’eau énergétique mais cela fait trop de sucre ! J’aurais du prendre de l’eau normale. Après 200/300m de marche je repars doucement. Je fais un petit 10 km/h avec l’idée qu’il faut essayer de ne pas s’affoler et surtout maintenir un rythme facile mais réel.

En face de l’hippodrome d’Auteuil, je résiste sans peine à l’appel du Beaujolais avec un animateur clamant pourtant des slogans rigolos. Il prétend plus ou moins que son cru est l’ami des coureurs ! Je double un coureur déguisé en bagnard avec son boulet à la main avant d’atteindre le fameux kilomètre 38 et son stand de la Bretagne. Une bonne odeur de cidre, crêpes et autres spécialités se dégage, mais ce n’est pas le moment de faire du tourisme ! Je n’arrête pas de me faire doubler mais maintient quand même un rythme syndical minimum. Sans le savoir, je passe alors David qui est à l’agonie. Peu avant le kilomètre 39, j’aperçois sa chère Laurence et leurs enfants, à leur endroit habituel. Je leur fait un petit coucou qui les « réveille » mais n’ai guère de force pour dire un mot. Peu après, c’est de nouveau Léo et Marie que j’aperçois. Les encouragements sont énormes et le peloton doit être surpris par tant de soutien ! Marie cours à mes côtés sur une bonne centaine de mètres ce qui me fait très plaisir. Je sens pourtant qu’il va falloir bientôt marcher car mes jambes explosent.

Lorsque je me remets à la marche vers le kilomètre 39,5, à la vue de mon chrono, je m’attends à voir les meneurs d’allures avec leurs ballons violets de 3h45 passer d’une seconde à l’autre… Et c’est ce qui arrive, quasiment au même endroit qu’il y a deux ans. Décidément les deux courses se ressemblent étrangement : partis à chaque fois sur une base de 3h38, j’en paye le prix plus ou moins de la même façon. J’essaye de suivre le groupe mais, au bout de 100m, je comprends que c’est totalement impossible. Ils crient qu’ils ne sont pas fatigués ! Moi non plus !... je suis juste mort ! L’expérience aidant, je pense pouvoir quand même limiter les dégâts et viser moins de 3h50 (à défaut de mon record à 3h47), ce qui serait quand même une bonne performance.

Je retrouve des coureurs qui vivent les mêmes difficultés depuis quelques kilomètres, tandis que certains encouragements pour repartir me semblent bien vains. Un coureur en sens inverse (qui a déjà fini ?) me tape même sur l’épaule pour me pousser à repartir. Je n’ai malheureusement plus de force. Mes rotules me font penser à des yeux exorbités sous la douleur. Ma jambe droite explose, tout comme un doigt de pied gauche. J’avais oublié à quel point le marathon était dur. La fin heureuse de l’année précédente m’a fait oublier combien cette course est difficile. J’ai beau me dire qu’il ne reste qu’un petit quart d’heure, les relances sont très difficiles.

Et puis à a quoi bon, puisque le chrono est « foutu ». A quoi est-ce que tout cela sert ? Quelle idée de faire une telle course ?... Des forces contradictoires me traversent l’esprit, comme si il y avait conflit sur la marche à suivre. Quelqu’un annonce que nous sommes au kilomètre 41,5 : je décide alors de repartir sans m’arrêter. 700 mètres non stop ! J’y vais bien sûr raisonnablement mais vite le bas de mon quadriceps cogne : j’ai l’impression d’avoir un cœur douloureux qui bat à cet endroit ! Etrange sensation. Je suis à la limite des crampes mais fait tout pour rester détendu. Ne pas paniquer ni céder.

Arrive le rond point de Dauphine et j’échange deux mots avec un coureur qui semblent aussi ne plus pouvoir en finir. On partage l’idée d’y arriver enfin ! Plus que 300 mètres. Ça y est, c’est la dernière ligne droite. Je n’ai ni la force ni surtout l’envie d’accélérer : à quoi bon souffrir encore pour gagner 10 secondes. Qu’est-ce que cela changera ? Dernière photo et voilà enfin l’arrivée. 3h51mn et je ne sais pas combien ! C’est le soulagement… et l’épuisement. !

Je marche à deux à l’heure. Il n’y a plus aucune urgence. Juste passer les différentes étapes en récupérant. Je cherche le bénévole de Marathon Expo pour lui donner ma puce et faute de le voir, tombe sur une âme charitable qui défait mes lacets pour la récupérer. Ma première réaction est alors à la déception. J’avais rêvé et imaginé un autre scénario. Je m’en veux d’avoir mal géré ma course et j’ai le sentiment d’avoir gâché une « chance ». Mais, rapidement, la satisfaction revient. La médaille que l’on nous remet est magnifique, bien plus belle que les précédentes.

Et puis, un 3e marathon, ce n’est quand même pas rien. Surtout quand je pense au mois de Janvier où j’y allais à reculons, songeant même à revendre mon dossard ! Je récupère péniblement bananes, eau et pomme et ne m’attarde pas dans la zone des coureurs. Je commence déjà à avoir un peu froid malgré le poncho offert. En quittant la zone des coureurs, je sens comme une étrange envie de pleurer. Arrivé à la voiture de Philippe, je le retrouve en compagnie de Frédéric, arrivés tous les deux depuis longtemps (3h23 et 2h59). Première surprise, David n’est pas là ! Serait-il allé se faire masser après l’arrivée ? Il arrivera peu après (3h59). En fait chacun a bien souffert et, nos chronos, similaires d’une année sur l’autre, ne révèlent en rien la physionomie de chaque course.

On ne s’attarde pas, même si, en descendant pour rejoindre ma voiture, je dois pousser quelques « cris » de douleurs qui surprennent les passants ! Je sens aussi mon visage pris sous un masque… de sel… dû à la sueur. Sur le chemin du retour, depuis le Périphérique, on aperçoit à différents endroits ceux qui doivent être en plus de 5 heures. On n’aimerait pas être à leur place.

Le temps d’une douche (-2 kilos sur la balance), d’une bonne omelette et j’ai droit à un super massage. Pas de miracle pour les courbatures, mais cela fait beaucoup de bien. Tout le monde débarque ensuite pour le café et Marie masse et manipule chaque marathonien !! On passe alors un moment très simple et chaleureux qui donne déjà envie de remettre ça… Les projets de course, Marathon compris, sont même vite multiples ! Ils sont fous ces coureurs…


MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par runaway (invité) (80.15.136.xxx) le 03/05/06 à 20:14:55

bravo pour ta bravoure bert ! chaque CR montre qu'à chaque fois c'est la guerre à partir du 30ième . Petite bataille ou gros désastre , c'est la tête qui t'amène au bout .
run,run!

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par runaway (invité) (80.15.144.xxx) le 04/05/06 à 14:37:21

up pour ma pia qui est dans la lune . bisous .
run,run!

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Pia (membre) (86.201.234.xxx) le 04/05/06 à 15:54:33

Fidèle CR que je gardais pour moi...Seul mon fidéle amour pouvait le raconter,lui d'ordinaire si discret et moi si expensive.Fidéle tout au long du parcours de cette course comme à l'image de notre vie,fidéle et silencieux dans les épreuves qui nous attendaient au lendemain du marathon.
Love.
Pia

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Moha (membre) (62.23.98.xxx) le 04/05/06 à 16:45:31

Tout simplement bravo et bonne récup.

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par GGBI (membre) (80.15.61.xxx) le 04/05/06 à 16:59:39

Bravo Pia et runaway.

On s'est vu avant le départ sous l'arche.
moi non plus je n'étais pas serein.

Parfois je vous envie de courir en couple, mais d'un autre coté en course je préfére toujours être seul, comme ça je vais a mon rythme.

Bonne continuation.

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par serge92 (membre) (82.124.137.xxx) le 04/05/06 à 17:02:23

et dire que pendant on se jure que c'est la dernière fois ! il y a si longtemps que j'en ai oublié le nombre de dernière fois! bravo félicitation et à la prochaine!

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par Bert (membre) (82.229.158.xxx) le 04/05/06 à 22:39:17

Si ce compte rendu pouvait inspirer ma chère et tendre !! Essayons déjà de commencer par la Parisienne... ;-)

MDP : elle l'a fait ! Le CR que vous n'attendiez plus ... par brinouille (membre) (81.57.250.xxx) le 05/05/06 à 07:47:31

Et bien Pia, j'hésite entre le "Bravooooooo !" et "tu es foooolllllllle" !!!!! non ce n'était pas vraiment raisonnable ! et comment as t récupéré après ça ? Bien j'éspère et sans plus de casse pour le dos ?

Mais qu'est ce qui nous pousse donc à faire ces actes de bravoures inutile face à un marathon au risque de nous abîmer un peu plus ? non non Pia je ne te gronde pas
et d'ailleurs je sens ce côté totalement déraisonnable aussi en moi : ))))))))))))

Bon quand même on prend moins de risque à la Parisienne !

Répondre au message - Retour au forum sur la course à pied

Forum sur la course à pied géré par Serge