A premier marathon, CR long

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A premier marathon, CR long par DocB (membre) (83.77.75.xxx) le 25/10/06 à 20:57:46

Marathon de Lausanne :

6 semaines avant : 10 septembre, fini ma première saison de triathlon, chargée, par un demi-ironman, en forme, prêt à conquérir n’importe quelle course, gonflé à bloc, entraîné, en route pour le premier mythe à briser…. le MARATHON ! Timing correct, une préparation spécifique en 6 semaines avec le fond que je traîne avec moi, ça devrait aller, d’autant plus que j’ai fait aussi pas mal de course à pied tout l’été.

Vous ricanez déjà, vous le voyez venir gros comme ça, et vous vous dites « il apprendra ! ». Eh oui, il ne s’est pas écoulé une semaine que je flanche complètement, fatigue totale, sommeil perturbé, manque d’entrain, concentration pénible, ça s’appelle SURENTRAINEMENT, j’aurais dû savoir. Alors voilà, pas le choix, repos complet, massage, on s’occupe autrement (heureusement c’est facile), 1 semaine, 2 semaines, puis on reprend les runnings et en piste. C’est dur, ça fait presque mal, on va moins vite, mais petit à petit la fatigue s’éloigne.

3 semaines avant : Morat-Fribourg, 17km gratinés (dénivelé), j’y vais sans grand espoir de perf, et même avec une appréhension de la blessure et de l’abandon, m’enfin. Et puis surprise, la course se déroule assez bien, record battu malgré pluie battante, le moral reprend ! Suivent alors 2 semaines chargées, avec ma première sortie longue 10 jours avant le marathon, 2h, 24km, avec quelques accélérations, bien tolérée, alors je m’inscris au 42km, advienne que pourra. Repos quasi total jusqu’au 22 octobre.

La semaine avant : stressé, peur de cette course, l’impression que chaque nerf de chaque tendon et muscle s’est réveillé pour me rappeler qu’ils ont souffert depuis quelques mois. Alimentation moyennement contrôlée, avant dernière nuit longue et bon sommeil, heureusement car la dernière a été catastrophique, 3h de sommeil.

Jour J : Ptit déj copieux, boisson énergétique à la main, départ pour le site (à 10km), arrivée 1h30 avant le départ, le temps de se relaxer dans le parc de Milan, superbe avec le soleil au rendez-vous et les couleurs automnales… Aie, l’heure passe, à peine échauffé, reste 15 minutes, je me positionne assez en avant dans la foule, allume mon capteur Polar au pied et là, bravo, j’avais pensé à mettre une pile neuve ce matin, mais en fait elle devait être usée et le capteur s’éteint…je vais devoir jouer avec les temps intermédiaires aux panneaux kilométriques. Musique, départ.

Quelles sensations, fantastique, cette foule, les spectateurs, les pas qui défilent, en route pour mon premier marathon, sourire aux lèvres, incassable, qu’est-ce qui peut donc m’arriver ? Je suis là, donc ça va forcément bien se passer.

Km 5 : 22 minutes, 4’24 au km, rapide, mais il y avait la descente du début, et l’euphorie du départ, tranquille, ça va se calmer, et puis je me sens si bien.
Km 15 : 4’25-28 au km, toujours aussi bien, je profite du paysage, des spectateurs, avec des amis ou connaissances nombreuses, fier de courir mon premier marathon.
Km 16 : 4’35, oops, comment ça ? Je me suis un peu endormi, on relance.
Km 17 : 4’28, bien, et les pulsations restent à 166 environ, stables, je ne bouge plus de là…je crois.
Km 18 : 4’37, km 19 :4’39, km 20 : 4’38….difficile de ne pas ralentir…on tient jusqu’au semi.
Semi : 4’48 sur le dernier km et 100m, 1h34. Ca va vite pour moi, trop vite je commence à me dire.
Km 22 : 4’40, km 23 : 4’43. J’ai un mauvais pressentiment, la fatigue s’installe un peu, je prend mon 2ème gel. Mais j’y crois assez à ce rythme. Bien que les signes ne manquent pas pour me prévenir…
Km 23 : 5’, km 24 : 5’, km 25: 5’05, km 26: 5’06, km 27: 5’04. Passage difficile, mais je crois que je vais passer au travers, un petit « mur » à moi, survenu plus tôt que prévu, mais finalement si j’en sors maintenant, peut-être que le reste de la course sera épargné, qui sait ? VOUS savez, probablement, qui êtes passés par là avant !
Km 28 : 4’51, mieux, on s’en sort, allez !
Km 29 : 5’19, sans commentaires, tout est dit, ou presque, mais ça vient :
Km 30 : 5’43, affreux, je passe le panneau et me dis : « moi, il m’aura pas ce maudit 30ème km ! ». Naïveté ? C’est là que la course a vraiment commencé. Jusque là, c’était une petite promenade dominicale au bord du Léman. Arrêt net, chaque pas demande un effort jamais vécu, les jambes sont lourdes sans vraiment de douleurs ni de crampes, mais mon corps entier est lourd, le cerveau commande mal mes jambes, qui pourtant continuent à frapper le sol comme autant de coups d’assommoir. Qu’est-ce qui m’empêche de m’arrêter, peut-être la certitude de ne pouvoir repartir, cloué au sol, abandonné, seul. Car autant il y a du monde autour, des gens qui courent, des promeneurs, autant on se sent seul au monde, comme coupable d’un crime dont on ne sait rien, mais condamné à avancer de plus en plus lentement, inexorablement.
Km 31 : 6’09, km 32 : 6’16, km 33 : 6’26, km 34 : 6’34. Je ne me souviens pas avoir couru à cette vitesse un jour. Mais j’apprends aujourd’hui.
Km 35 : 6’10, lueur d’espoir ou fausse alerte, ou même erreur de chronométrage, tellement le sentiment d’impuissance est grand ? Essayons d’y croire un peu, deux « lièvres » passent, je m’y accroche, ils ne s’éloignent pas, quel bonheur….mais non,. Que font-ils, ils s’arrêtent, pourquoi ? J’ai besoin d’eux, je n’y arriverais pas sans eux ! Mais ils sont déjà derrière, les deux à l’arrêt, comme s’ils m’avaient passé le témoin pour poursuivre cet infernal relais improvisé.
Km 36 : 5’33 !!! Ca marche. Euphorie de retour, les jambes se délient, les ailes poussent !
Km 37 : 5’01, km 38 : 5’09, Km 39 : 5’16. Des têtes connues au bord de la route, impossible de ne pas tenir!
Km 40 : 5’16 et ma mère avec un grand sourire que j’espère arborer aussi !
Km 41 : je ne sais plus, ne regarde plus, je cours, j’arrive, la dernière allée bordée d’arbres colorés nous accueille tous. Km 42 vaut bien un petit sprint, mais à 100m de l’arrivée première et unique menace de crampe au mollet, alors je finis tranquillement, un flot d’émotion me remplit, les larmes ne sont pas loin, je les contiens et mes pieds franchissent la ligne, de mon premier marathon, en 3h29’02’’.

Pour toi, Papa

DocB

A premier marathon, CR long par alainP (membre) (82.226.222.xxx) le 25/10/06 à 21:17:12

ya pas à dire, ça à l'air d'être un sacré truc, le marathon ...
6mn et des broutilles au km, je connais ;) 3mn29 à l'arrivée, les autres km ont été rapides.
merci pour ton récit, Doc

A premier marathon, CR long par Delphine (membre) (86.72.97.xxx) le 25/10/06 à 21:24:57

Coucou,

Bravo DocB. Tu es allé au bout. Départ un peu rapide? Mais au final un très beau chrono, pour un premier marathon.
Merci de m'avoir fait revivre ce beau marathon.

Bonne récup.

Delphine

A premier marathon, CR long par froggyranita (invité) (88.207.211.xxx) le 25/10/06 à 22:10:09

Bon recit, et félications.

Comme quoi pour faire le marathon en 3h30 (3h29) soit on court à 5min/km tout le temps, ou on fait du 4m27 au kilo (1h34) dans la première moitié et du 5m27m dans la 2ème (1h55) :-)
A vous de choisir, le principal est d'etre content de soi à la fin, ce que m'a l'air d'etre DocB (à juste titre)

Pascal

A premier marathon, CR long par fabtaq51 (membre) (212.234.218.xxx) le 26/10/06 à 11:39:45

félicitation,
un départ un peu plus prudent la prochaine fois te permettra certainement d'améliorer ton chrono.

Sinon que penses tu de cette course (ambiance, parcours...) ?

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