Frissons de course ?

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Frissons de course ? par KB (invité) (83.157.254.xxx) le 05/08/07 à 21:57:53

Pendant ma sortie de ce jour, j'ai ressenti un agréable moment de plénitude et de bien-être, ça a commencé par un sourire franc, puis des frissons sur la tête, les épaules, les bras jusqu'à la ceinture.ça a commencé à 30minutes de course (pendant une descente qui faisait suite à 5 minutes tranquilles qui elles faisaient suite à une bonne côte de 10 minutes) et ça a duré 5 minutes.

C'est normal docteur ;) ? Comme j'ai déjà posté ailleurs, je commence à prendre plaisir à courir depuis quelques semaines, et là ça me semble en être une manifestation physique non ? (ou alors j'ai mangé un truc louche ce midi et il faut que je règle ça avec ma femme !!)

Frissons de course ? par lolo (invité) (81.80.47.xxx) le 05/08/07 à 23:10:44

cette sensation a déjà été abordée sur le forum, tu n'es pas le seul dans ce cas, moi aussi je frissonne parfois lors de mes sorties. Fais une recherche sur le forum dans les posts anciens...
lolo

Frissons de course ? par lolo (invité) (81.80.47.xxx) le 05/08/07 à 23:12:57

par exemple ici:
http://www.courseapied.net/forum/msg/29269.htm

Frissons de course ? par Malague (invité) (90.31.206.xxx) le 06/08/07 à 12:11:36

Si t'as pas fumé de moquette, ni ingurgité des affreux dit ziaques, c'est que tu vivais ces instants bénis qui s'appellent jouissance.
Quand ça arrive vers l'arrivée d'une course, c'est souvent couplé à des petites larmes. Ces instant sont tellement forts, mais aussi tellement fugitifs, qu'on les recherche. Trop peut-être, mais c'est tellement bon.

Frissons de course ? par Fabounet (invité) (86.196.228.xxx) le 06/08/07 à 12:30:19

Un petit rien qui est passionnant.

Ce phénomène est très courant (si je puis dire). C'est un métabolisme hormonal qui intervient à la suite d'une chute importante et inhabituelle de composés nécessaires dans la transformation de l'énergie (glycogène, eau, sels minéraux, etc.).
Normalement ces frissons ne sont pas ressentis rapidement mais après un temps de course suffisant pour que le corps s'oriente vers un mode "économique" de gestion de l'énergie, soit plus de 30 minutes de footing. Cette sensation est habituelle chez les débutants et se raréfie avec l'expérience.
En fait, ce qui est paradoxal c'est que cette sensation est une alerte de manque mais que la décharge de certaines hormones (thyroxine et triiodothyronine via la glande thyroïde en liaison avec le système limbique) provoque un déséquilibre émotionnel souvent interprété psychologiquement comme une pulsion motivante par les sportifs.

En réalité il s'agit bien d'une alerte plus ou moins importante.

Disons que chez le débutant ce frisson est le passage du corps en mode de gestion économique de l'énergie. Pour simplifier disons que le corps se dit: "tiens voilà qu'il veut courir et que si je continue comme ça je ne vais pas avoir assez d'énergie pour faire tout ce qu'il veut alors ne gaspillons pas", fermeture des écoutilles, on serre les pores, on économise l'eau et les sels, on demande aux graisses de venir à la rescousse du sucre qui est en train de se barrer, bref, c'est du tout bon chez le débutant (c'est mon cas).

C'est le mécanisme du déséquilibre homeostatique qui est à la base de toute progression sportive, de toute adaptation du corps à un environnement hostile. Il ne faut pas du tout confondre cette sensation avec le second souffle, il y a certainement un lien avec les filières énergétiques mais pas nécessairement synchronicité. Il est bon dans cette situation (pas en fin de compétition donc) de se dire "chouette, profitons de cette poussée motivante". Il est par contre absolument nécessaire de bien boire et de bien s'alimenter de retour d'entrainement. D'une manière générale, la gestion des apports alimentaires, en rythme, en fréquence, en quantité, est cruciale. Rechercher cette sensation des ailes qui poussent peut s'avérer désastreuse (voir la suite de l'exposé du professeur Fabounet).

Chez le coureur confirmé, particulièrement celui qui a une longue expérience du fractionné, ces frissons sont une alerte très importante de déficit. Déficit en eau, en sucre, en sels minéraux dans des proportions trop importantes pour être compensées en course. Nous ne sommes plus du tout dans la situation décrite précédemment. Des frissons ressentis dans les 30km d'un marathon sont le signe d'un déficit impossible à compenser avant la fin de la course. En effet, le métabolisme de l'absorption d'aliments et d'eau est trop long et d'ailleurs les quantités nécessaires supposeraient une mise en route du système digestif trop important et consommateur lui-même d'oxygène et de sucres. De surcroît, paradoxalement, le coureur imprévoyant a imposé à son corps une mise en "mode économique" particulièrement malvenue dans cette situation. Continuer à courir avec des frissons importants, l'absence de sueur, une difficulté à contrôler sa foulée débouche sur un trouble du discernement puis de la conscience. Dans cette phase de déshydratation extrême, le mauvais marathonien (celui qui confond dresser un chien et adapter son corps) est en train de flinguer ses neurones de manière irréversible (le cerveau étant pas trop con il va choisir de ne plus oxygéner les parties les moins utiles à l'individu mais après ça faudra pas se plaindre si vous loupez Polytechnique). Pire du pire l'hydratation pourrait devenir quasi impossible en dehors de la voie intraveineuse (Gabriella Andersen-Schiess aux jeux olympiques de 1984).

Bref, le coureur confirmé sait très bien que lorsqu'il va ressentir des frissons c'est qu'il ne s'est pas bien hydraté ou alimenté à temps. s'il gère bien l'alerte, il sait s'il a le temps de rattraper le déficit et si c'est le cas, le plus souvent il devra ralentir pour laisser aux intestins et autres viscères l'énergie et le temps de faire leur boulot.

En fait, les explication schématiques ci-dessus sont très souvent perturbées par d'autres mécanismes. Dans tous les cas c'est au coureur de savoir se situer avec bon sens. Quand ai-je mangé, bu, dormi, quelle est mon état psychologique et moral, suis-je en forme, quel est mon niveau d'entraînement, etc...? Il faut savoir écouter tous les signes de son corps et les connaître.

La cap est un sport d'équipe avec tout son corps, étonnant non?

Frissons de course ? par Malague (invité) (90.31.206.xxx) le 06/08/07 à 12:52:04

@ Fabounet;
Je ne suis pas complètement certain que KB parlait des mêmes frissons. Il dit "instants de plénitude".
Ce que tu décris avec extrême justesse, c'est plutôt l'inverse, je pense, cad, le moment où effectivement la machine commence à s'enrayer, souvent la déshydratation d'ailleurs ou encore les méfaits de la châleur. Là, je suis complètement d'accord, il est très urgent de faire attention.
Par contre, ces autres instants, où d'un coup, des frissons te parcourent le dos, que tu sens l'émotion te gagner, exactement comme lors d'une rencontre amoureuse, ne font de mal à personne. Il faut juste s'empêcher d'âtre euphorique et de changer les allures.
On ressent cela, parfois, lorsque l'on passe au milieu d'une haie de spectateurs (Auray-Vannes; Taullé-Morlaix; ou bien, après avoir couru dans la solitude de la campagne, on passe dans un petit village ou il y a des musiciens entraînants.
Et bien sur, cela arrive souvent dans les derniers 500 m d'une course où t'attendent familles et amis.
Si une forme de frissons est bien une alerte du corps qui a mal, l'autre forme est celle de l'esprit qui est tout simplement heureux.

Frissons de course ? par Fabounet (invité) (86.196.228.xxx) le 06/08/07 à 13:19:16

Il me semble que nous parlons du même phénomène physiologique mais il est vrai que je me suis attardé sur une "interprétation psychologique".

Le cerveau peut interpréter de mille manières un même phénomène. Voire même, cette interprétation consciente peut donner lieu à des réactions inconscientes débouchant sur des mécanismes hormonaux.

je te donne un exemple: mise en mode économique, frisson, poussée d'adrénaline (toujours en cas d'alerte), contentement, sentiment de réussir, anesthésie des douleurs par endorphines, sentiment de pouvoir aller bien plus loin, coïncidence avec les applaudissements du public, potentialisation de l'effort musculaire.

Imaginons que tu ressentes un coup de pompe sérieux avec douleurs concomitantes au moment ou tu passes devant tes potes qui attendent beaucoup de toi et il peut se produire l'effet inverse. Typiquement c'est le cas lors du passage en anaérobie soit au tout début d'une course ou après une collation trop copieuse en fin de course.

Quoi qu'il en soit tu as raison Malague, il faut retenir dans ce post le sentiment de plénitude et de force que procure sporadiquement la course à pied. Sentiment qu'il faut savoir trouver et exploiter pour se dépasser.

Le nirvana à la portée de tous, la drogue légale et bienfaitrice, la liberté vraie quoi.

Frissons de course ? par Malague (invité) (90.31.206.xxx) le 06/08/07 à 13:28:05

Ah, quand les extrêmes se rencontrent, l'orage intérieur n'est jamais loin!
La plus belle des roses possède aussi des épines.

Frissons de course ? par Franck (invité) (194.4.140.xxx) le 06/08/07 à 13:44:24

Si je peux me permettre, moi aussi, ce dimanche j'ai éprouvé cette sensation, mais je la trouve pas agréable.

Tu sens dans le dos quelque chose de froid qui descend de la tête aux pieds... c'était un manque d'eau je pense. C'est survenu au bout de la 30ème minute, c'est passé relativement vite mais j'ai du lever le pied et rescendre ma fc d'au moins 10 % (90% à 80% fcm) par rapport au départ... pas extra comme expérience !

Francl le marsouin

Frissons de course ? par gérardM (membre) (80.236.66.xxx) le 06/08/07 à 13:44:59

Il ne faut pas confondre les instants de plénitude et de bien être dûs à une production d'endorphines après 30 minutes de footing, et des frissons qui sont effectivement un mauvais signe, dont il faut immédiatement tenir compte, en stoppant son entraînement, et en marchant un peu, il s'agit aussi parfois d'une fringale.
GM

Frissons de course ? par Franck (invité) (194.4.140.xxx) le 06/08/07 à 13:46:35

Pour ma part, toutes mes sorties matinales se font à jeun avec de l'eau uniquement.... le pourquoi du comment.

Frissons de course ? par KB (invité) (83.157.254.xxx) le 06/08/07 à 21:12:51

Merci pour toutes ces explications.

(je suis débutant, je n'ai qu'un peu plus de 3 mois de CAP, à 4 sorties par semaine en ce moment

Frissons de course ? par Fabounet (membre) (90.30.203.xxx) le 06/08/07 à 23:20:36

Tu es un débutant parti très fort. Si tu sors 4 fois par semaine fais gaffe à la charge. La priorité des priorités c'est la progressivité, une récupération suffisante, éviter les blessures (toujours diminuer la charge en cas de tendinites, douleurs aux pieds, genoux, hanches, dos).

Le plaisir dont tu parlais ne devra jamais te quitter car c'est l'arme absolue d'une progression efficace.

Tiens, au fait, sais-tu que c'est exactement la même hormone qui est déchargée dans ton histoire de frisson et lors de l'éjaculation? Si, si, c'est la thyroïde qui produit cette sympathique drogue gratuite.

En y réfléchissant bien l'expression avoir les boules, les glandes, est particulièrement bien trouvée. La thyroïde se trouve à ta gorge et elle est également impliquée dans le stress.

On retrouve l'idée de la rose et de ses épines.

Trêve de poésie, récupère pour courir demain, bonne nuit!

Frissons de course ? par KB (invité) (83.157.240.xxx) le 07/08/07 à 22:32:31

Merci Fabounet.
Je fais gaffe à moi, j'y vais sans forcer la bête car je recherche à me faire plaisir, m"entretenir, certes m'améliorer (c'est déjà le cas, largement) mais pas à devenir un champion et risquer de me faire mal. Je n'hésite pas à "annuler" en cas de doute :)

Frissons de course ? par gérardM (membre) (80.236.66.xxx) le 07/08/07 à 23:05:37

ce qu'on appelle jouïr
le grand frisson aussi
gm

Frissons de course ? par KB (invité) (83.157.240.xxx) le 07/08/07 à 23:11:35

J'en connais une qui ne manquera pas de m'envoyer courir (et non pas promener) la prochaine fois que je me montrerai trop entreprenant héhéhé !

Frissons de course ? par KB (invité) (83.153.66.xxx) le 08/08/07 à 18:48:03

Et encore un coup ce soir, au même endroit, mais un peu plus tard dans la durée car j'ai modulé mon parcours ;)

Frissons de course ? par Fabounet (membre) (90.30.41.xxx) le 08/08/07 à 20:41:41

Le plus dur c'est la sortie longue, que la force soit avec toi!

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