CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !)

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CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !) par Fada (invité) (82.127.78.xxx) le 06/12/07 à 12:23:41

FABULEUX !

Mais heureux d’être aujourd’hui assis derrière mon PC, bordel c’est dure mais une fois de plus je fus très bien conseillé sur le plan entrainement.
Voilà une pratique sportive (trail) qui n’est plus un mystère pour moi et j’avoue que ça n’a rien à voir avec une course sur route.

C’est assez galère au début, navette, bagages, retrait dossard, pas de restauration le soir, attente longue jusqu’à minuit assis parterre dans un hall et le tout entouré de plus 8000 personnes ! (démoralisant)
Après l’arrivée c’est encore pire car tu ressembles à un Kamel marathonien (jambes raides et terriblement douloureuses) et avec ça tu dois récupérer ton sac, faire la queue pour rendre la puce, faire la queue pour prendre ta douche (froide), faire la queue pour enfin manger quelque chose de chaud et si par malheur (comme moi) tu as une envie pressante ben tu dois faire la queue ou alors jouer des coudes chez les filles sinon CATASTROPHE (3 chiottes pour 7000 hommes et 3 chiottes pour 1000 femmes)

Minuit sonne, le coup de pétard et c’est parti, sur un ton musical adéquat à la situation « U2 - Light my way » les soi-disant 4400 individuels coiffés de leur Petzl, dont moi, s’élancent à travers Ste Etienne tel une coulée de lave blanche. Le moral est revenu mais les questions cogitent dans le cerveau, vais-je y arriver, ai-je tout prévu dans mon sac, pourvu que je me blesse pas, suis-je trop rapide, etc…On verra bien.
Le ton est donné à partir du 10ème km dans le premier sentier, fallait s’y attendre, malgré une météo tout à fait exceptionnelle et imprévue, nous subissons une boue bien grasse dû aux grosses pluies des derniers jours, les flaques inévitables et les racines et cailloux glissants donnent à réfléchir sur l’allure à employer. Rare sont les trailers qui se sentent mieux sur le macadam que sur un sentier, sauf ici, pour te dire à quel point ce fut galère.
Mais quelle récompense lorsque l’on commence à dominer la plaine, sorti de la pollution lumineuse de la ville, le ciel nous dévoile ses étoiles plus brillantes les unes que les autres sans le moindre souffle de vent. L’horizon, lui, nous dévoile les éclairages des villes et villages lointains. Cette météo plus qu’inespérée nous accompagnera tout le long avec en prime les lueurs de la lune.
Le clou du spectacle nous est offert par les milliers de concurrents illuminés arpentant les routes sinueuses tel un serpent géant doté d’écailles argentées.
Tiens, des applaudissements encourageants, signe que nous approchons du ravitaillement disposé au 16ème km, les suivants se succèderont tous les 8 km environs. Je m’arrête pour boire un bon thé chaud, mâcher quelques abricots, au passage, je remercie les bénévoles puis je reprends mon rythme. Il y en a pour tous les goûts ou habitudes de chacun, tant mieux car à aucun moment j’ai eu besoin d’ouvrir mon sac pour compléter mon alimentation.
Les étapes se succèdent les unes après les autres dans la même ambiance, entre routes et chemins, macadam et boue, le tout avec un très bon esprit entre coureur.
Peu après le 30ème km la difficulté commence à prendre toute son importance suite à une douleur au genou droit qui s’amplifiera jusqu’à la fin. Les inclinaisons raides m’obligent à marcher et, dès que possible, je reprends progressivement une allure un peu plus soutenue en serrant les dents. Comme ce n’est pas suffisant, l’humidité du à la sueur coule le long du coupe-vent, me trempe le bas du dos et m’inonde jusqu’au bas des fesses. Les pauses des ravitaillements sont la bienvenue mais la reprise est terriblement douloureuse pendant quelques minutes jusqu’à ce que la mécanique soit à nouveau chaude et lancée. Cela dit, mes fesses mouillées mon permis de me défaire du sucre des abricots collé aux doigts, toujours soucieux d’un minimum de confort !
Plus j’avance et plus mes pensées se concentrent vers ma foulée, les contemplations de l’environnement se font de plus en plus rares et les râlements plus fréquents. Je dépasse certains, d’autres en font de même avec moi, la boue et toujours la boue collée à mes baskets me rappelle à chaque glissade que mon prochain achat sera une bonne paire de trail. Je maudis les tenues vestimentaires de mes prédécesseurs ornées de bandes réfléchissantes qui m’éblouissent et limitent la distinction des reliefs sous mes pieds. La course devient difficile à tout point de vue et déjà les premières faiblesses de certains (chute, vomissement, diarrhée) n’arrange rien au moral.
Me voici au ravitaillement du 46ème km, quelque chose me dit que c’est bon d’être là, peut être parce que j’ai dépassé le marathon et qu’il ne me reste que 23 km ? Génial ! Une mini satisfaction s’installe en moi, je déguste mon thé et mes abricots très lentement et apprécie ce moment de relaxation au milieu du tumulte incessant des concurrents. Il est pas loin de 5h du matin et mon objectif de 8h00 est réalisable, les premiers tarés sont déjà dans Lyon et l’obsession du kilométrage restant commence à envahir mes pensées. A la prochaine pause il ne me restera que 15 ou 16 km et ainsi de suite. La courbe du dénivelé revient dans mon esprit et je sais qu’il reste 3 montées, 3 descentes et autant à marcher avant le plat final. Je commence sérieusement à estimer mon heure d’arrivée, de prendre en considération l’handicape du genou qui m’inquiète de plus en plus et, depuis peu, mon estomac qui m’oblige à serrer les fesses entre deux gaz. C’est décidé, au ravitaillement suivant je fais une pause popo pour me soulager et finir la course sans ce souci supplémentaire.
Enfin le voilà, celui là s’est fait attendre, on est au 56ème, j’en peu plus, vite un thé et quelques biscuits salés pour essayer de soulager mon organisme. Non c’est pas vrai, il y a juste un chiotte et au moins 15 minutes d’attente, c’est peut être un signe, une petite voix me dit de continuer et tant pis si je dois m’arrêter in extrémis comme beaucoup d’autres. Cette fois c’est mon record en distance que je viens de dépasser, une énergie nouvelle a renforcée ma motivation devant les bornes qui reste à faire et le temps à y consacré. 12 ou 13 km en 1h30min et je passe sous les 7h30min à l’arrivée. En comptant la dernière montée en boitant, une descente au ralenti, je devrais négocier le plat en tournant autour de 5’45’’ le kilomètre.
« Arrivée dans 10 km », « Arrivée dans 9 km »,…Je remercie du fond du cœur les organisateurs d’avoir eu la très bonne idée d’indiquer les dix derniers kilomètres. Mes calculs deviennent de plus en plus précis et mon sourire de plus en plus grand devant mes résultats.
Lyon, quel beau panneau. Merci aux courageux venus nous applaudir et nous encourager, merci, l’émotion grandissante anesthésie tout mes organes à l’exception des paupières qui retiennent mes larmes de joie.
Plus que 6 bornes ! Je passe le dernier ravitaillement sans ralentir, je n’ai plus d’eau dans ma poche, j’ai le ventre en bouilli, le cul serré, le genou boiteux, le dos, les fesses et les pieds trempés mais rien ni personne ne peu plus m’arrêter. Je file, j’accélère, je dépasse beaucoup de monde, mon chrono s’emballe sous les vibrations des pavés, non, stop, là je délire, c’est plutôt mon cerveau qui vibre ou plutôt qui se trémousse, je sais plus. Et ma puce est-elle encore à ma cheville, après tout ce n’est pas grave, j’aurais fait tout ça pour rien, maintenant j’ai faim et soif et tant pis pour le classement.
Il est temps que les derniers mille mètres s’annoncent, que je reprenne mes esprits, un petit coup d’œil sur ma montre : 7h20
Que du bonheur, que de la joie, que de frissons jusqu’au bout des doigts qui m’envahissent tel un final d’opéra, et pour remercier tout ceux qui ont participé à ma réussite (mon club, mon coach, mes potes et surtout ma petite famille) je leur donne mes dernières forces en sprintant les deux cents derniers mètres sous les applaudissements des nombreux spectateurs.
Ça y est, j’y suis, c’est fini et avant de rejoindre le début du chapitre je me retourne une dernière fois pour prendre encore un peu de satisfaction.
7 heures, 25 minutes et 37 secondes voilà ce qu’il m’a fallu pour boucler ce merveilleux parcours.

Thomas, un Vosgirunner affamé

CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !) par JJA (invité) (164.14.3.xxx) le 06/12/07 à 12:36:50

Ahhhh....bravo à toi...et tout ceux qui ont pu finir.
C'est décidé, en 2008 je me lance pour l'individuel.
Moi qui n'est courru que 3 marathons, je risque d'en baver.
Toutes mes félicitations....et à bientôt.
Joseph

CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !) par jc (invité) (80.11.117.xxx) le 06/12/07 à 12:41:40

Bravo, joli compte-rendu (ne sois pas désolé!!), très beau final! Tout au moral, comme il se doit.
Je partage tes impressions (sur 46 km seulement, argghhh!) sauf que le côté observation de l'environnement, pour moi ce fut plutôt sur la 2ème moitié, histoire d'oublier un peu les douleurs. Au début je restais concentré sur mon allure et l'économie de mouvements.

CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !) par l'AB (invité) (163.173.48.xxx) le 06/12/07 à 13:12:31

Bravo pour l'exploit et merci pour ce CR encore dans les sensations de la course.

CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !) par flo (invité) (82.120.107.xxx) le 06/12/07 à 13:22:41

félicitations!

CR de ma SaintéLyon 2007 (désolé, encore un !) par Fada (invité) (82.127.78.xxx) le 07/12/07 à 09:04:08

Merci beaucoup pour vos encouragements,
j'ajouterai un petit complément d'un collègue:

C'est vrai qu'on a l'impression d'avoir participé à une épreuve mythique. Ce n'est certes pas la plus dure, ni la plus longue, ni la plus pittoresque. Mais la SaintéLyon a quelque chose de magique. Le fait qu'elle se courre de nuit y est certainement pour beaucoup. La nuit amplifie nos sensations, on est beaucoup plus attentif et concentré que de jour. On peut faire plusieurs km en discutant avec un concurrent, et se séparer sans l'avoir vu. Lorsqu'on traverse un village, tout est calme, pas un son, pas une maison éclairée,c'est vraiment une drôle d'ambiance.
C'est simplement fantastique !
Il est surprenant de constater par contre que malgré une longue journée passée à voyager et à attendre, notre corps ne sent pas la fatigue : on court comme en plein jour, il n'y a pas de coup de barre ou de baisse de vigilance. Et lorsque tout se passe dans la bonne humeur, l'excursion devient une magnifique expérience.
A déguster sans modération !

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