récit de course: mon premier 24h

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récit de course: mon premier 24h par jc (invité) (80.11.117.xxx) le 30/09/08 à 12:25:50

24h de Lombez pour Vaincre La Mucoviscidose – 27 et 28 septembre 2008

24 heures, c'est long, c'est très long, c'est même ULTRA long! Ça, c'est dit!

Bienvenue dans le monde de l'ultra, ou plutôt le « microcosme des ultrafondus ». Milieu très fermé pour gens très ouverts.

Déjà que pour un marathon ou une Saintélyon, il me faut plusieurs pages compressées pour un compte-rendu à peu près complet, alors un 24h, mes amis, ne pensez pas vous en tirer à moins d'un chapitre.

Je passerai sous silence la phase « préparation » avec ses sorties looooooooooongues jusqu'à 50 km sur les pistes cyclables de l'île de Ré cet été, phase qui s'est muée en phase « tergiversations »: Et lui, viendra? Viendra pas? En équipe? En solo? Y'a du monde en indiv'? Qui prend les relais la nuit pour l'équipe Mucojorétapo III ? T'as envoyé le certif?

PHASE ZERO

3 semaines avant l'événement, le 24h est menacé: pas assez de candidats en solo, Renaud envoie un mail général: « inscrivez-vous! »

OK. Compris. Je m'inscris donc illico en solo, dès le lendemain j'envoie le chèque de 40 euros et le certif' avec le bulletin d'inscription, et ne manque pas d'écrire sur ultrafondus.fr: « Si je me suis inscrit, vous le pouvez vous aussi ». Rien de plus vrai.

Heureusement, d'autres fondus vont s'inscrire. Au total, 10 individuels et 4 équipes. Le 24h de Lombez aura bien lieu!

PHASE 1

Samedi 28 septembre, 5h du mat, j'ai des frissons. Réveil matinal dans le studio de Valentine à Bordeaux. La nuit fut courte. Mais pas autant que la suivante. On est à 3h de Lombez, faut pas trop traîner si on veut récupérer les dossards, prendre le temps de découvrir le coin, s'équiper, etc.

5h45 départ. A peine Bordeaux dépassée, je regarde le thermomètre de la voiture: +3°C ! C'est pas possible, ils veulent ma mort! Le marathon du Pôle Nord, c'est pour 2009, pas maintenant!

On arrive sur les lieux, la température est plus clémente. Ouf. Les gars qui installent la rubalise sont très abordables, ils s'intéressent et sympathisent; tout de suite on ressent une atmosphère complètement différente de celle des marathons. C'est convivial, presque familial. Familial? Ca tombe bien! On est en famille pour cette course exceptionnelle, c'est pour nous LE rendez-vous sportif de la famille, la Saintélyon mise à part.

Découverte du parcours... purée y'a des montées!!! Et des virages... ça va pas être simple, cette affaire...

Les stands se montent, la placette du charmant centre ville s'anime. Chacun s'affaire.

Récupération des dossards et du T-shirt « Virades de l'Espoir – 24h de Lombez ». Briefing à la mairie par Michel Salle, l'organisateur, et disons-le d'emblée, un grand monsieur. Renaud mon p'tit frangin (1m88 tout de même), le papa de Marine atteinte de mucoviscidose, prend la parole et a eu à cet instant une phrase qui résonnera dans nos têtes au petit matin, pendant les heures difficiles, celles où on souffre tout seul, on doute, on encaisse, on refait le monde: « vous, vous pouvez arrêter la souffrance quand vous voulez, eux (les enfants atteints de mucoviscidose) c'est tous les jours, et il n'y a pas de bouton stop ». Instant émouvant et grave. Il n'en fallait pas plus pour nous déterminer à aller jusqu'au bout de notre aventure individuelle ou collective.

PHASE 2: départ

10h13 et quelques secondes: c'est parti mon kiki! Et comme si ce n'était pas assez long, on commence tous par se tromper de chemin!! Oui oui, on a fait le tour de l'église par la droite alors qu'il fallait aller à gauche. Rigolade générale. Autant dire qu'après 20h de course, on ne faisait plus l'erreur... le circuit de 850m, on le connaît maintenant archi super ULTRA par cœur, qu'on l'ait couru 10 fois ou 50 fois comme les relayeurs, 133 fois comme moi ou 244 fois comme Vincent, le vainqueur de l'épreuve!

AMBIANCE

Le premier tour, on l'a tous couru ensemble, peut-être à 9 km/h. Allure très lente direz-vous. Non! Une allure beaucoup trop rapide si on la compare à la moyenne horaire future... mais en ultra c'est comme ça, on ne se prend pas la tête, on se prend la main, et on ne se prend pas pour des cadors. Et pourtant, des cadors, parmi nous, il y en avait. Mais patientons.

Dans les rues, fermées pour l'événement, les gens nous encouragent, applaudissent, courent quelques mètres avec nous. Certains sont un peu interloqués, se demandent ce qui se passe. Avec les tours, on apprivoisera même les réfractaires à tout autre sport que le rugby. On est en terre gersoise, ne l'oublions pas. Des gamins nous suivent à vélo. Des jeunes et moins jeunes mettent de la musique. Sur les coups de minuit, cette musique au départ un peu agaçante sera la bienvenue pour booster les coureurs.

850 mètres de course, 6 minutes après le départ: passage à la tente de ravitaillement et zone de comptage des tours. Les équipiers des 4 équipes en lice commencent à se relayer. Les solos adoptent leur allure travaillée à l'entraînement. Ca y est, la course proprement dite commence. Personnellement, je me réfrène volontairement: « ralentis, ralentis, tout ce que tu as fait à l'entraînement, applique-le tout de suite, ne te laisse pas griser par l'ambiance du départ, reste bien à 8,5 km/h, pas plus, et marche un peu tous les 2 tours ». Je m'y tiens, je suis content d'avoir mémorisé mon allure de course, je passerai le marathon en 5h40, sur les bases fixées. Michel, en tant qu'organisateur et coureur expérimenté, observe tout ça et prodigue quelques conseils: « pense à t'alimenter; n'oublie pas de boire ». Il fait quelques tours avec tel ou tel coureur. Sympa!

LES PREMIERES HEURES

L'ultra, c'est comme une partie d'échecs: au début tout va bien, chacun a une stratégie, il met en œuvre ce qu'il a prévu, bref c'est que du bonheur. Et puis il faut s'adapter, les choses deviennent plus compliquées, l'adversaire – qui prend des identités très diverses: problème physique, coup au moral, déshydratation, hypoglycémie, lassitude, doute qui s'installe – fait son travail de sape et remet en cause les certitudes. Il faut réévaluer.
Entre 10h et midi-1h, la course est un vrai plaisir. Il y a du monde, on a tous une super forme, le soleil brille sans qu'il fasse trop chaud. Génial.

L'après-midi arrive, la casquette Les2Alpes est la bienvenue pour éviter le coup de chaud, il faut penser à boire et s'alimenter très régulièrement. Ce que je ne manque pas de faire. Du reste, à cet égard, assez rapidement je me taille une réputation que j'aurais du mal à réfuter, vu qu'à chaque passage au ravito je mange un petit quelque chose et/ou je bois un gobelet. 133 passages, environ 120 arrêts ravito! C'est mon seul record du jour! Ah non, j'oublie celui de plus longue distance parcourue... enfin bref, ce n'est pas de ma faute si le ravito était si copieux et si excellent. Je n'allais quand-même pas laisser tout ça, là, comme ça, sans y toucher, hein? Les préposés au comptage l'ont bien compris: autant de tours que d'assiettes!!

Au bout d'une petite heure, je me rends compte que mes chaussures ne sont pas assez serrées sur l'avant-pied; ça bouge aux orteils; je les resserre donc méticuleusement. Ca va mieux. Pourtant après 3h de course, je sens des ampoules au(x) petit(s) orteil(s): pas cool du tout! Qu'est-ce qu'elles ont mes Mizuno wave rider tout d'un coup? Je ne comprends pas. Jamais eu d'ampoules à cet endroit-là. Tant pis, on fera avec.

PASSAGE AU MARATHON

5h40: 42,2 km. Je suis content. Je fais le calcul: 42x3=126 km = mon objectif pour un premier 24h. C'est possible! Parce que 5h40 x 3, ça fait bien moins que 24h. Et j'ai assez bien respecté mes allures prévues. J'ai su marcher dès le début. Sauf que le circuit est en pente, je m'apercevrai plus tard que j'aurais dû marcher quasiment à chaque montée plutôt qu'un tour sur trois ou quatre. N'empêche, je suis optimiste. J'avais prévu en gros 10h de course à 8km/h + 10h de marche à 5km/h et 4h de repos.

LA DIXIEME HEURE

Après 6h de course, je m'accorde quelques minutes de repos que j'estime bien méritées. En réalité, je m'arrêterai 30 minutes. Le temps passe vite quand on s'arrête! J'ai mal aux orteils, mais j'en fais abstraction, volontairement. Je méprise. De toute façon, les podos ne sont pas encore arrivés, Michel nous avait avertis: « ne vous blessez pas avant 17h ».

Je reprends, un peu moins vite. J'alterne davantage marche et course. Marche systématique dans les montées. Il reste 17 h 30 quand-même!

Pendant ce temps, les métronomes du jour me dépassent régulièrement. Il y a Vincent, le futur vainqueur, qui tape fort sur le bitume – c'est étonnant – et que j'entends discuter dans mon dos et qui m'encourage à chaque doublement: « Allez! » puis « Allez Jean-Christophe » quand il aura mémorisé mon prénom et enfin « Allez, allez JC » au petit matin. Je ne sais pas trop quoi lui répondre: lui c'est le bon, moi le novice sur cette course horaire.
Il y a aussi Christian, 69 ans, dont je reconnais désormais la foulée à l'oreille, sans avoir besoin de me retourner. « Tiens, ça c'est Christian! » Un type extraordinaire. Plus régulier c'est pas possible. Plus endurant, pas fréquent. Plus humble, pas vu. Plus petit et plus vieux, y'avait pas non plus... il a son ravito perso, sa fille le suit affectueusement, il a mis sa voiture au milieu du parcours (car il était sur les lieux avant tout le monde, avant qu'on installe la rubalise) et il sirote son thé dans une bouteille en plastique de 37,5 cl qu'il utilise depuis 5 ans. Véridique! Il la met d'ailleurs dans la poche arrière de son short. Comme disait Yvan: « Ce mec, tu l'équipes en Asics et il te fait 100 bornes de plus! » Il n'a pas couru de 24h depuis 4 ans, quand il avait établi le record du monde des 65 ans, avec une marque à 216 km!
Il fera 181 km ce weekend, ce qui le conforte dans son intention de battre le record du monde V4H l'année prochaine, 193 km sur un parcours plat.
Et il y a tous les autres: les frangins, qui se permettent de me taper sur les fesses... ma femme, mes filles, Thomas la gazelle qui rebondit sur le bitume comme une balle en caoutchouc, les autres équipiers qui vont très vite car ils ne courent qu'un ou deux tours avant de passer le relais. Les autres indiv' avec qui on discute un peu, oui on discute, on sacrifie quelques secondes et on ralentit (ou accélère) pour discuter, parce que discuter et partager c'est aussi important que courir, et la performance passe en second lieu.

19h45: 9h30 de course environ. Je suis à 50% de mon objectif, soit 62,5 km. J'ai bien ralenti depuis 3h, ma moyenne est passée à 6,5 km/h, j'ai très mal aux tendons releveurs du pied, surtout à gauche. Il faut que je montre ça aux podologues. Je m'arrête. La tête de Cédric, le copain podo, ne me dit rien qui vaille. Un court massage de Nico le frangin suivi de la bombe cryo-magique de Cédric me remettent sur pied, si l'on peut dire. Je repars tout doux. En fait, le mal est fait, c'est plié. Et j'ai encore très mal.

Je ne pourrai désormais que courir lentement, un peu, et marcher vite, beaucoup. Je fais du calcul mental: c'est jouable pour mon objectif, mais il ne faut plus trop m'arrêter. Ma vitesse moyenne horaire a chuté plus vite et plus fort que les cours de la bourse de Wall Street. Je me remotive, je cherche à chaque mi-parcours une nouvelle vanne à sortir aux gars du ravito que je verrai dans 5 minutes. Ca y est, dernier virage avant d'apercevoir la tente, les gars yeutent dans ma direction pour voir qui arrive. « Le 315 ». Je prépare ma répartie devenue rituelle. Qu'est-ce que j'ai dû en sortir, des idioties...

ARRET AU STAND

Tandis qu'Hervé a rejoint l'équipe Mucojorétapo, Yvan nous a quittés après avoir couru à bonne allure entre 10h et 13h30, les événements s'enchaînent, on a à peine le temps – c'est un comble! - de se parler, il faut courir... et les photos? Valentine prend des photos, Thomas filme un peu. Il court, aussi! On a fait la photo « marathon du Pôle Nord 2009 » tous les 5, avec Marine.

La nuit tombe sur Lombez, qui va devenir un peu la cité-fantôme, malgré les nombreuses animations prévues. J'appréhende un peu. Je me rappelle l'année dernière, à Sesquières, il faisait froid sur les bords du lac et courir dans la solitude était dur; or, aujourd'hui, c'est en solo en plus. Heureusement l'orchestre assure pas mal et le grésillement de la sono dans les haut-parleurs disposés à plusieurs endroits de la ville nous rappelle qu'on n'est pas tout seul.

Je suis désormais en marche ou marche rapide. Mais sûrement pas une marche athlétique, comme certains concurrents qui s'en donnent à cœur joie!

Solo en voie de décomposition...et voilà un soliste en voie de composition qui me double, lui aussi, et me lance dans la fameuse montée de la placette Mainix, comme je l'ai baptisée: « la pente est plus forte, c'est normal, c'est à cause de la tectonique des plaques, tout a bougé au moment où ils ont passé de la tektonik »... oui oui Eric, c'est ça!

Je fais un petit bout de chemin avec Joël, puis avec Christian. A un spectateur qui reste perplexe devant le nombre d'heures qu'il nous reste à courir – il est minuit – Christian lance en toute simplicité et avec le plus grand naturel: « Il reste 10 heures? C'est rien 10 heures! » Je crois que là j'ai vraiment rigolé. Le mec a bien halluciné sur le trottoir. Et voilà notre Christian qui continue métronomement son périple circadien... sans se soucier le moins du monde de ce qu'en pensait le gars, resté bouche bée. Malgré un coup de moins bien, vite passé, Christian fera 181 km.

1h30 du matin: je suis cuit, je n'en peux plus, trop mal aux tendons. Je décide de ne pas abandonner, mais plutôt de m'accorder le repos qui sera nécessaire. Avant ça je mange deux bonnes assiettes de lentilles et pâtes, c'est toujours ça de pris, au moins je n'aurai pas de problème de digestion puisque je vais aller me reposer... et digérer. C'est tout ce qui me reste de lucidité.

Le « repos-pseudo-sommeil-coma-rêve éveillé » au milieu d'un parterre de coureurs endormis ou de passage sur les tatamis pour s'étirer m'entraîne jusqu'à 4h30. Je fais un état des lieux, sans savoir quelle heure il est du reste. J'ai mal, oui, mais pas assez pour m'autoriser à abandonner. « Eux, c'est toute la vie » qu'il disait... bon ben alors je n'ai plus qu'à y retourner, hein! Je change de chaussettes, de T-shirt, j'arrive à épingler sans me blesser le dossard sur le T-shirt (si si, c'est un exploit, dans le noir du Dojo), je chausse mes Asics Nimbus réputées confortables et larges. Effectivement, mes ampoules seront un peu moins sensibles. « Il fait froid dehors? » lancé-je à Renaud (ou Hervé?) qui zone dans le coin. « Non, ça va, le vent est tombé ». « Je mets quand-même la veste ». J'ai bien fait d'ailleurs.

PASSAGE AUX 100 KM

Je reprends en marchant. J'étais à 85 km avant mon arrêt. Je me donne un objectif: 100km. Ca doit faire dans les 117-118 tours. « 15 km de marche, c'est à la portée de n'importe qui ».

Je retrouve les solos, certains ne sont quasiment pas sortis du circuit, chapeau messieurs, toute la nuit à tourner, c'est fort. Renaud a remis le turbo, il va faire depuis 3h du matin 70 tours en 7 heures, soit 60 km, et passer de la 4ème à la 2ème place. Impressionnant. Il va atomiser son record de 37 km, le bougre, avec une nouvelle marque à presque 188km.

Les équipes courent à bloc, beaucoup de filles d'ailleurs, bravo à elles, elles ont été remarquables de volonté.
Mention particulière à Babeth, la seule féminine en solo, super discrète mais très efficace, toujours à trottiner mais avec une grande régularité. Je lui refilerais bien mes quelques kilos en trop!! Et elle inscrit 123 km au final.

Je finis par passer le cap des 100 km: excellent pour le moral. Moi qui n'avais jamais couru plus de 50 km, ça me fait bien plaisir.

On a scotché un « 2 » devant le chrono, on a donc passé les 20h de course, le compte à rebours est commencé! De calcul en recalcul mental, j'essaie d'entrevoir un résultat, de fixer des objectifs; tant au tour, je m'arrête à tel tour, etc. 120 kms? Non impossible. 110, alors...

LEVER DU JOUR

7h: le jour tant attendu commence à poindre à l'horizon, il fait un peu frisquet; le jour se lève enfin, très bon pour le moral. Mais côté chevilles, ça ne va pas mieux du tout. Non seulement je marche, mais en plus je boîte. Tout à l'heure, je vais me boîter si ça continue! Mais tour après tour, finalement le temps passe.

Les habitants de Lombez s'éveillent. Il commence à y avoir de nouveau du monde dans les rues. Des gamins aux fenêtres s'exclament: « Regarde, ils courent encore! Je te l'avais bien dit! » La boucherie et la boulangerie devant lesquelles nous sommes passés si souvent (aucun cambriolage discret n'était possible cette nuit-là!!) rouvrent, mais pas le Crédit Agricole, c'est fermé le dimanche! L'odeur du pain frais couvre celle des égouts qu'on a eu tout loisir d' « apprécier »...

LE FINAL

Café, un peu de pain, du sucre, des gâteaux, des bricoles salées ou sucrées, je varie les « plaisirs » à chaque ravito, de plus en plus espacé vu que j'affiche royalement 5 km/h de vitesse moyenne. Et aucun scrupule à manger de tout, car de toute façon je l'élimine instantanément!

La dernière heure est sensationnelle: on sent que chaque coureur fait ses calculs, se remotive, arbore un sourire de délivrance mais aussi de satisfaction. Renaud est depuis plusieurs heures à fond, il me fait un peu peur l'animal. Il me lance: « Il faut envoyer tout ce qui reste! » Christian annonce qu'il va faire 179 km. Vincent entre 205 et 210. Ils sont dans le vrai à un chouia près. Moi je me calibre sur 110 km, chacun son niveau... mais je ne résiste pas à l'envie de recourir un peu après tant d'heures de marche forcée, dirons-nous. Un sursaut d'amour-propre, une revanche sur la fatalité. Alors j'envoie ce qui me reste dans les 5 ou 6 derniers tours et même je cours non-stop les 3 derniers, en moins de 6 minutes au tour. Finalement je finis pile poil sur la ligne d'arrivée au moment où Michel souffle dans le cor qui annonce la fin de l'épreuve. 133 tours, 113,050 km. C'est fini. D'un coup, comme ça. Le temps s'est arrêté. Y'a quoi après? On ne sait pas. On est là, les gens regardent, applaudissent, nous félicitent, on ne bouge plus, c'est vraiment très bizarre, tout s'arrête subitement alors qu'on était mentalement engagé dans un truc interminable. Tout a une fin.

DECOMPRESSION

Je me rappelle que j'ai failli pleurer d'émotion quand je me suis remis à courir dans les derniers kilomètres, ça m'a ému parce que j'avais tellement marché et tenu au mental pendant pratiquement 15 heures, empêché de courir par ces damnés tendons douloureux et que je ne savais pas si j'arriverais à relancer. J'en paie quand-même le prix avec deux pieds bien enflés encore ce soir, 36 heures après la course.

Michel, lui, a craqué quelques minutes après le coup de sifflet final, la pression maintenue retombait, tout s'était réalisé et de quelle manière! Et puis de nouveau sa voix était pleine d'émotion lors de la remise des prix et son discours final sorti du cœur.

A MICHEL

Tu nous as fait vivre un truc que mes mots n'ont pu qu'effleurer maladroitement. Ta gentillesse, ton abnégation, le dévouement de toute ton équipe et ta rigueur ont fait de cette épreuve sportive plus qu'un moment de sport. C'était ENORME ! Ceux qui ne l'ont pas vécu ne sauront peut-être jamais ce qu'ils ont manqué. Nos douleurs physiques vont s'atténuer et disparaître, pas les souvenirs de cette tranche de vie qu'on n'est pas près d'oublier. Nos sommes déjà tous un peu nostalgiques, nos dizaines de mails échangés en ce lundi au sein de la famille en témoignent.

Au Pôle Nord, si nous y allons, nous essaierons d'écrire modestement une nouvelle page de nos aventures familiales et en faveur de la cause qui nous anime. En espérant que ça serve à quelque chose.

Il est maintenant 2h20 du matin, je vais peut-être aller me coucher...

sportivement

jc

récit de course: mon premier 24h par l'AB (invité) (163.173.48.xxx) le 30/09/08 à 13:22:18

Hé ben... que dire ? Ah oui, bien sûr mais, bravo est-il suffisant ?

Pour les tendons, dans un mois tu danseras à nouveau sans y penser. C'est vrai que c'est une douleur à laquelle on ne songe pas, je ne sais pourquoi, un peu comme la raie des fesses qui brûle le lendemain, mais là je comprends mieux la discrétion. Bon, je m'arrête là, y en a qui déjeunent.

récit de course: mon premier 24h par chrisbzh (invité) (212.234.70.xxx) le 30/09/08 à 13:37:31

Bravo, merci pr cette belle histoire et bravo pr ton exploit sportif et ton mental

récit de course: mon premier 24h par VincentT. (membre) (195.101.69.xxx) le 30/09/08 à 14:24:04

Hola Jean-Christophe,

Ca s'est passé comme cela pour toi aussi ? Alors putain, qu'est ce que c'était bien! Bien couru, bien marché, bien mangé, bien bu et bien écrit aussi. Tu fais carton plein.

Merci pour ta gentillesse et pour votre soutien à tous durant la course. Je te le confirme, je n'ai pas quitté le circuit durant les deux tours d'horloge.

Quel plaisir.
C'est quand la prochaine ?
AMicalement,

Vincent
***
http://vincent.toumazou.free.fr

récit de course: mon premier 24h par Dom (invité) (194.199.172.xxx) le 30/09/08 à 15:30:36

juste une petite question pour vous autres ultra, je fais en gros 25-30 km par semaine pour préparer un semi, 40-45km pour un marathon, 60-70 km pour la saintélyon, mais vous vous faites combien pour un 24H ou un 100 km?

récit de course: mon premier 24h par jc (invité) (80.11.117.xxx) le 30/09/08 à 15:39:04

Personnellement guère plus, je suis sur tes bases, mais je suis ULTRA mauvais en ultra...
Le plus important à mon avis est d'arrivé très frais, très motivé, mais aussi de savoir très bien se contrôler, se réfréner, se raisonner. On part toujours trop vite. L'allure de course doit avoir été mémorisée à l'entraînement, peu importe le volume d'entraînement, je crois que c'est ce qu'il faut retenir, c'est une allure très lente qui ne ressemble à rien, c'est finalement très difficile de courir lentement...longtemps! Il faut se connaître côté alimentation aussi, très important après 10 ou 15h de course.

Maintenant, ceux qui sont au-delà de 200 kms comme Vincent pourront te donner des conseils d'entraînement plus "évolués"; Pour info, Christian Mainix, recordman du monde en V3 avec 216km, s'entraîne peu pendant la période hivernale, 30 à 40 km par semaine, c'est ce qu'il m'a dit dimanche, mais il fait bien sûr monter le kilométrage au printemps et à l'automne, c'est sûr.

récit de course: mon premier 24h par VincentT. (membre) (195.101.69.xxx) le 30/09/08 à 15:48:22

Salut Dom,

Pour ce 24h, j'y suis allé la fleur au fusil. Je m'entraine "assez peu" pour un coureur d'Ultra. Toujours à l'écoute de mon envie et de ma forme. Je peux forcer mais sans jamais me forcer.
J'ai fait plutot moins d'entrainement que pour Aulnat et pourtant j'ai fait plus de kilomètres en course. L'expérience ?
Pour Aulnat, "ma cuisine" t'est expliquée ici http://vincent.toumazou.free.fr/course/html/aulnat2007cuisine.htm
(déolé pour la pb, mais c'est gratuit et "open", alors...)

Amicalement,

Vincent
***
http://vincent.toumazou.free.fr

récit de course: mon premier 24h par Dom (invité) (194.199.172.xxx) le 30/09/08 à 16:03:01

OK merci pour vos réponses, je vais regarder un peu tout ça et garder les conseils, au cas ou l'ultra me tente un jour...

récit de course: mon premier 24h par Snoopo (membre) (82.229.142.xxx) le 30/09/08 à 16:17:35

Bravo pour tout!
Le CR, la course et la motivation...
@+

récit de course: mon premier 24h par Badajoz (invité) (217.109.171.xxx) le 30/09/08 à 16:33:19

Félicitations pour cet exploit sportif mais surtout pour la facon dont tu arrives à partager tes émotions. trés beau récit.

récit de course: mon premier 24h par pmb13 (membre) (91.135.176.xxx) le 30/09/08 à 18:21:14

Bravo Jc pour ton exploit et ton superbe recit

récit de course: mon premier 24h par jc (invité) (80.11.117.xxx) le 02/10/08 à 12:47:23

Merci à tous.
Le mot "exploit" est quand-même abusif! Hier matin j'écoutais Serge Girard parler de ses aventures en ultrafond (merci au forumer qui a donné le lien) qui sont autrement plus difficiles et longues. Il disait, texto: " tout le monde peut le faire, il suffit d'en avoir envie". Modulons un peu quand-même, il faut un minimum de passé sportif, mais je pense qu'il a fondamentalement raison. Pour les courses longues, le mental est primordial. Le reste, on s'adapte, on va à son rythme, et on cumule de l'expérience qui aide ensuite.

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