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REV par Greg (invité) (80.11.24.xxx) le 22/09/04 à 13:53:23

Pour ceux que cela peut intéresser, j'ai écris un long texte (19 pages) sur le Relais Extrême Vercors qui a eu lieu du 24 au 28 août 2004. Il s'agit d'un trail sur 5 jours, des paysages somptueux, une ambiance trés conviviale et une organisation au top, bref que du bonheur !
Si vous souhaitez recevoir par mail ce texte vous pouvez me contacter par le biais de : greg.delpouys@caramail.com
Cependant il existe une version plus courtes (5 pages)
Merci

REV par Pascal (membre) (81.56.46.xxx) le 22/09/04 à 15:57:16

Bjr Greg,
Pq ne pas poster tt simplement ta version de 5 pages sur le forum ? Faut pas être timide comme ça ;-)
En plus, c'est en plein dans le sujet!!!
Les enthousiastes pourrons alors te demander la version longue, d'autres se contenteront de lire la version courte et les moins convaincus passeront leur chemin sans la lire jusqu'au bout.

Pascal.

REV par Greg (invité) (80.11.24.xxx) le 22/09/04 à 16:20:46

Pourquoi pas ! Je fais le nécessaire dès demain matin.
Merci et à bientôt.

REV par Fabrice (invité) (217.167.113.xxx) le 22/09/04 à 16:43:09

Salut Greg,
bon j'essaye pour la 3éme fois de poster sur ce forum sans réussite, à croire que la course à pied ne veut pas de moi.

Je voulais simplement ajouter que les compte-rendu de Greg sont toujours excellents, enfin toujours....ça dépend du sujet :
Excellent quand il nous parle du Triathlon de Roth, plus étrange quand il nous parle de la reproduction des gastéropodes, enfin chacun ses goûts ;-)

Alors perso, j'attendrai la version longue.

A+

REV par Pascal (membre) (81.56.46.xxx) le 22/09/04 à 17:14:03

A tout hasard (2 précautions valent mieux qu'1), n'oublie-pas l'option du copier/coller qui t'évite de tout retaper dans la petite fenêtre de rédaction des messages du forum. Comme ça, à peine le temps de le dire et c'est fait !

Au plaisir de te lire, Pascal :-)

REV par Greg (invité) (81.51.126.xxx) le 22/09/04 à 19:36:11

Donc, voici la version "light" du récit, désolé c'est un texte assez personnel puisqu'il raconte ma course.

Il était une fois, en début d'année 2004, un jeune et bel athlète (selon lui) qui cherchait à planifier ses futurs vacances estivales. Pas d'objectifs précis en tête, mais l'envie de découvrir quelque chose de nouveau en tout cas. Bien sûr, le domaine sportif serait privilégié, cependant, ce ne serait pas du triathlon.
Calendrier des trails en main, je cherche. Et que vois-je ? Relais Extrême Vercors du 24 au 28 août 2004 : 210 km par équipe de 2 en relais, autosuffisance alimentaire.
Dans la minute qui suit, j'ai le téléphone à l'oreille et Marielle Coudert-Perret (traileuse de talent) au bout du fil.
-" Bonjour ! Grégory Delpouys à l’appareil. S’teplait, c'est quoi votre truc en relais ?"
-" C'est un trail sur 5 jours, c'est très bien, il faut venir"
-" Faut être 2, c'est ça ?"
-" Oui ! T’as quelqu'un ?"
-" Non ! Mais j'vais m’débrouiller"

Jour J – 180 jours : Bon ! Il faut être 2, j'ai 6 mois pour trouver un ou une fêlée. J'ai bien une idée, mais il va me falloir être convaincant !
Les jours et les semaines passent, je m'entraîne régulièrement, à pied, toujours en pensant au R.E.V. Il faut maintenant passer à l'action, il y a un peu de marge, mais le jour J se rapproche et il faut convaincre l'équipière à laquelle je pense.
-" Joyeux anniversaire"
-" Merci ! C'est quoi dans l'enveloppe ?"
-" Ben… ouvre, tu verras !"
-" Oh ! Une inscription pour le Relais Extrême Vercors"

Après quelques arguments supplémentaires dont le fait qu'il y ait apéro tous les soirs, l'équipe, avec Valou, est composée. Valou, alias Valérie Garré : 28 ans, prof d'EPS, fait un peu de sport, du triathlon, licenciée au SAS TRI 37. Participe aux Grand-Prix de D1. 10ème Elite aux championnats de France CD 2004. Je vous passe les autres lignes du palmarès.
Signes particuliers : Ne s'entraîne pas beaucoup et court très vite. Travaille à ses heures perdues pour le magasin Cap Marathon à St Gratien (95)
Greg, alias Grégory Delpouys : 32 ans, vendeur de vélos, triathlète lui aussi, licencié à L'ASFAS TRI 45. Ne participe pas au Grand-Prix de D1. Palmarès néant.
Signes particuliers : S'entraîne mal et ne court pas vite.

Jour J - 2 jours : La voiture est pleine, en cas de pénuries de victuailles dans le Vercors (on ne sait jamais, un embargo des Américains) nous pouvons tenir 6 mois… et alimenter la population de La Chapelle en Vercors (certes pas très nombreuse : 800 habitants) pendant 2 mois. C'est sans doute parce que cette région a été un haut lieu de la résistance qu’inconsciemment nous avons prévu autant !

Jour J-1. Premier contact avec l'organisation : La salle des fêtes, et aussi salle de cinéma, de La Chapelle en Vercors est plutôt un endroit sombre. Devant nous, des coureurs et leur famille, des habitués dirait-on, squattent un peu la place. Nous sommes un peu tendus en cette veille de départ et ça nous énerve un peu. Bon ! Tout est en règle et les organisatrices sont sympas. Pour le moment il n'y a que des filles dans l'organisation. Je m’en fais la remarque sans oser prendre le risque de le signaler tout haut !
Accès à nos chambres (de 4 personnes) à La Maison de l'Aventure ; nous sommes les premiers sur les lieux, nos co-locataires ne sont pas encore arrivés.
Première épreuve : Tenir à 4 personnes dans une chambre avec des lits superposés et avec nos 754 kilos de bagages. Les co-locataires, eux aussi une équipe mixte, arrivent sur les lieux, se présentent et les questions commencent –" Z'êtes d'où ?" " Le R.E.V, c'est la première fois ?"…,
" Beaucoup de trails ?" …, "C'est à vous tous ces bagages ?"


Mardi 24 août : 1er jour : 19,5 km / 12 km …

Le réveil doit sonner à 6 heures (vive les vacances !) : 5h45, nos co-locataires sont encore endormis, pas nous ! Sans même nous concerter, nous sommes debout. Au moins, sous la douche nous serons les premiers.
7h30, briefing : Marielle aux commandes, nous écoutons les infos Celles que nous attendons avec impatience concernent la météo du jour : variable selon notre G.O préférée. Nous verrons bien.
Premiers pas dans le Vercors pour tous les deux ; pour l'instant ce sont les photos qui nous ont fait rêver. Mais là, c'est pour de vrai, nous y sommes, départ dans 5 minutes, les coureurs en tenue et les copains qui partent plus tard en survet'. Long échauffement de ma coéquipière, c'est à dire 39 secondes ½ de footing, 2 étirements et elle est prête. Elle est comme ça, il faut toujours qu'elle en fasse trop…
8h30, départ de la place de La Chapelle en Vercors, la foule est au rendez-vous, 6 spectateurs en plus des coéquipiers, presque l'ambiance du tour de France !
Les fauves sont lâchés, l'allure est tranquille, ils ont 20 kilomètres pour s'échauffer.
Et pour nous les coéquipiers, direction les navettes.
Une fois arrivés, nous enfilons nos tenues de sportif, nous nous sustentons (Je finis mon Gatosport), puis quelques minutes d'échauffement. Les organisateurs montrent du doigt le lieu de notre prochain relais. En bref, nous sommes tout en bas et il faut aller… tout la haut ! Le ciel est clair, même pas menaçant, tout va pour le mieux. Pardon, le ciel est gris et devient menaçant. Pardon, il tombe des trombes d'eau et nous nous réfugions sous le joli lavoir de la commune.
Question des traileurs aux bénévoles autochtones :
- " Est-ce que ça va durer ?"
- " Vous savez…, avec la montagne…"
- "C'est à dire ?"
- "Ben, ça peut durer longtemps…"
- "Et ils arrivent bientôt les premiers ?"

Le premier, le voilà ; ça fait 2 heures de course et 30 minutes de grosses averses, inutile de vous dire qu'il est mouillé et, qu'à chaque pas, 3 litres d'eau sortent de ses chaussures. J'ai une pensée pour Valou qui n'aime pas, mais pas du tout, la pluie, et donc, je mets une tactique au point : elle me tape dans la main, je pars sans même croiser son regard ni lui demander comment elle va ! La tactique est au point, il faut maintenant attendre.
Elle arrive, je sors de mon refuge, une tape dans la main et c'est parti: ’’Tiens, on dirait qu'elle souriait !". 12 bornes de montée, voilà ce qui m'attend. Premier problème : je ne vois plus rien, la pluie qui tombe et avec la chaleur que je dégage, mes lunettes sont pleines de buée ; je les retire et là, c'est le brouillard total. J’essaye de suivre Alain, le concurrent devant moi, parce qu'il n'y a pas que ma vue qui baisse, il y a mon rythme également. Les enchaînements cailloux, racines et ornières, je n'ai franchement pas l'habitude.
Allez ! Mains sur les cuisses et on pousse, diverses pensées me traversent l'esprit : "On peut se faire greffer combien de poumons ?", "Prochaine étape, je remplace le camelback par une bombonne d'oxygène" etc.
Surtout, surtout être vigilant par rapport au balisage, être attentif, ne pas hésiter à perdre quelques secondes pour valider la direction à prendre. A chaque rubalise, c'est un "ouf !" de soulagement.
Je reviens progressivement sur ce qui n’était une silhouette et maintenant il s'agit d'un corps avec deux bras et deux jambes ; inutile de préciser que, pour voir tout ça, je suis très près de Marie, puisque c'est d'elle dont il s'agit ; Après des centaines de minutes, l'arrivée de ma première étape est proche ; dans un brouillard terrible, je passe le relais à ma coéquipière qui me lance un sonore et enthousiaste "Allez Greg !". Avec ces conditions météo j'avais quelques doutes sur son moral. Il est excellent, comme toujours. Me voilà rassuré ! Marie arrive quelques secondes après moi, passe le relais à Max, son coéquipier, qui part immédiatement et… une minute après, Marielle nous annonce que l’étape est neutralisée !
Donc navette pour nous jusqu’à Fond d’Urle, lieu où nous retrouvons nos coéquipiers partis quelques kilomètres plus tôt, puis stoppés dans leur progression pour d’évidentes raisons de sécurité.
Un rapide point sur cette étape : 1ère liaison de 19,5 kilomètres, selon l'organisation, 25 kilomètres selon la montre GPS d'un coureur et les jambes des autres concurrents. Quelques problèmes d'orientation sur cette même portion, à cause du temps pourri et - un peu - le balisage. En tout cas, dès le départ cela nous donne une idée de ce qui nous attend durant la semaine : grosses montées et vertigineuses descentes en perspective ; un trail quoi !
2ème liaison : Etape nocturne pour moi ; Entre la pluie, le brouillard, la buée sur mes lunettes et ma vue défaillante au naturel, je n'ai que très peu apprécié le paysage. ,
Enfin une 3ème liaison pour quelques coureurs seulement, logiquement interrompue.
A noter que Valou a couru aujourd'hui environ 3h15 et, d'ordinaire, ses sorties les plus longues font 45 minutes !

Mercredi 25 août : 2ème jour : 8,5 kms / 10,5 kms / 8,5 kms / 12 kms :

5h45, toujours les premiers debout…sans réveil. L'ordre des départs n'a pas changé pour notre équipe, Valou
Départ pour Valou qui fait les étapes 1 et 3 (2 fois 8,5 km) et je fais les étapes 2 et 4 (10,5 et 12 km).. Elle part pour une liaison de 8,5 km dont 98 % de montée.
Quelques minutes de trottinage, quelques étirements (si, si !) et me voilà prêt à en découdre avec ma liaison. Valou arrive en compagnie de Martine, ce qui n'est pas une mince performance. Je pars donc en compagnie de Roger, le coéquipier de Martine. Il faut entamer une partie moins délicate à gérer…sur le papier. Nous étions quelques-uns à reconnaître avoir été surpris. Oui, car ça grimpe ! Longtemps et du r. Puis c’est la descente sur La Chapelle pour passer le relais
A peine arrivé et déjà reparti, en navette cette fois-ci. 10 minutes après être sortis de la navette, il faut repartir. A peine le temps d'enfiler des vêtements secs, de s'échauffer à nouveau, de remplir le camelback et Valou me tape dans la main. Un mot sympa, toujours son beau sourire aux lèvres et ça, croyez-moi, ça donne des forces. Tant mieux, je vais en avoir besoin.
Un petit événement perturbera ma course : Je courais depuis un long moment, quand tout à coup, Késako ? Un enfant en pleurs débouche du chemin sur la droite.
- " Eh ben ! Qu'est-ce qui t'arrive ?"
- " J'ai perdu mes parents ?" en sanglots dans le texte
- " Y'a longtemps ?"
- " Oui !" Toujours en sanglots évidemment, ça se calme pas comme ça un gosse perdu dans la forêt !
Je vous épargne les détails (Ton nom ? Ton âge ? T'es en vacances ? Où çà ?) Je rassure cet enfant comme je peux, j'ai le sentiment qu'il n'a pas compris la chance qu'il avait de me croiser ! A ce moment là, j'ai l'impression d'être dans la peau d'un Nono ou d'un Jieff, mais pourquoi moi ? ? 30 coureurs qui empruntent le même chemin et c'est sur moi que ça tombe ! Je sais, c'est égoïste comme réaction, mais il faut se remettre dans le contexte, je ne suis pas en train de faire une balade dominicale en forêt avec ma femme et mon chien, je cours, j'ai mal et il me tarde d'arriver. J'avoue, j'ai regardé le chrono quand je me suis arrêté ! Evidemment je ne vais pas fuir devant cette responsabilité, il est trop tard, il pourrait donner mon signalement aux gendarmes et "non-assistancee à enfant en danger" ça peut aller loin ! Et là devant nous, un couple de randonneurs (pas ceux que j'ai rattrapé tout à l'heure)
- "Regarde ! Tes parents"
- " C'est pas eux" Toujours en larmes !
Bon d'accord, je vais voir ces aimables personnes, parlant le Français j'espère ! Non, parce que dans ces moments là, tout est possible. J'imagine déjà le couple d'Ukrainiens perdus lui aussi ! Ils sont Français c'est déjà ça (pour Nono et Jieff, ils étaient Estoniens, c'est sûr)
- " Je vous explique : Cet enfant n'est pas le mien et il est perdu, il a 8 ans, moi je fais une course, j'ai des crampes, puis-je vous laisser la garde de cet enfant ?"
- "Oui, oui ! Sans problèmes nous ferons le nécessaire"

Ils sont bien compréhensifs ces gens ; Bon,… j'y vais ! … J'ai des scrupules, mais je repars.
Aie, aie, aie ! Mes jambes ! Je sentais bien que ça durcissait, alors je me masse en courant dans une descente assez roulante (à mon sens), et le dossard 30 me rattrape ; il aurait pas pu me rattraper quelques minutes plus tôt, lui ?! Il me demande si j'ai besoin de quelque chose :
- " Oui, j'ai besoin d'arriver !"
- "Alors, j'peux pas faire grand chose pour toi ! Allez, courage !"
L'arche d'arrivée est là, Valou aussi, avec l'appareil photos ; ça monte, mais je cours ; j'ai mon orgueil. Bilan de la journée : Le trail c'est duraille, le triathlon c'est bidon !
Bien plus tard, après le repas, il faut aller se coucher. Pas de télé. Pour les J.O, on lira l'Equipe. Les marches d’escaliers sont plus hautes qu'hier, mon lit superposé aussi ! A demain.

Jeudi 26 août : 3ème jour : 40 km ?

5h45, premiers à la douche ! Comme d'hab’ ! Il a plu toute la nuit, il pleut encore, le jour ne s'est pas encore levé. D'après certaines prévisions, il faut compter sur une étape de 6 heures environ.
7h15 : Nos sacs sont prêts, nous aussi. Daniel, ancien organisateur du R.E.V, aujourd'hui coureur, passe dans les chambres pour nous dire que l’étape est annulée.

7h30 : Marielle annonce officiellement le bouleversement du programme. L'étape d'aujourd'hui est reportée à demain. L'étape de demain, qui devait se dérouler de nuit, aura lieu cet après-midi à 15h, donc de jour (enfin, si c'est comme le 1er jour, pour moi ce sera en nocturne !).

15h00 : Le départ est donné pour ceux qui montent. Nous prenons la navette pour les rejoindre. Le temps n'est pas trop mauvais, un peu de pluie et un peu de soleil en alternance.
Le premier arrive à fond, à fond, à fond, il bave, j'entends des voix autour de moi qui disent :
" Jamais je ne me mettrai dans cet état là !" C'est vrai que ça fait peur !
Les coureurs arrivent les uns après les autres, 20 kilomètres de montée (et non pas 15) ça ne forme pas beaucoup de peloton… Valou arrive, première féminine, je pars. La descente commence par une route bitumée sur 1 kilomètre environ, puis on tourne à gauche sur le chemin et on suit le balisage. Un peu plus loin, une petite montée bien raide et boueuse à souhait, mais "Tiens ? Pas de traces de coureurs ; dans la boue c'est bizarre" Je monte la bosse, finalement pas si petite, je n'avais pas vu la suite après le virage, et tout en haut toujours pas de traces et plus de balisage ; j'hésite et je redescends. Je devrais croiser des coureurs puisque que Valou m'a passé le relais avec 1 ou 2 minutes maxi sur celui qui me suit. Personne ! En bas de la descente que je viens de monter le balisage est là et il est clair, il faut monter ; je remonte… et redescends. Et là, Christian (organisateur du marathon de Cheverny) arrive et commence à emprunter le même chemin que celui que je viens de faire.
-" C'est pas par là" lui dis-je !
-" Si, si, moi je monte et toi tu descends"
-" Je te promets que ce n'est pas le bon chemin, j'ai pris le départ il y a quelques minutes et c'est sûr, ce n'est pas par là"
-" un quart d'heure que je tourne, je me suis perdu"
-" Ben, dans ce cas là, moi aussi !"
Au bout de 2 kilomètres environ, nous voyons arriver Max qui nous remet dans le droit chemin.
Pour le reste de l'étape R.A.S (si, si, ça m'arrive) mais il n'y avait pas que de la descente, ce qui n'était pas fait pour me désavantager. L'étape est terminée, Valou est déjà informé de mon "plantage", elle me dit que ce n'est pas grave, ça va mieux, son sourire me rassure.
-"Et ta hanche ? Ton genou ?"
-"Un peu mal, mais ça va"
-"Et tes jambes ?"
-"Un peu mal, mais ça va".


Vendredi 27 août : 4ème étape : 40 km, cette fois-ci, c'est la bonne.

5h45, un grand classique, l'horaire de la douche n'a pas changé et le menu du petit déjeuner non plus.

7h30, briefing, consignes de prudence et bonne chance sont à l'ordre du jour. Et avant de partir, on nous communique les classements scratch et par catégorie. Tout le monde regarde le sien, certain(e)s celui des autres ; c'est bien, ça évite de calculer, il y a des gens qui le font pour nous (je ne parle pas, là, des organisateurs…)

8h00 : Nous sommes dans le bus en direction de Vassieux et, au programme, la traversée du parc naturel du Vercors, non pas en bus mais à pied.
8h30 : Arrivé sur notre lieu de départ.

9h00 : Le départ est donné sous forme de compte à rebours, l'ambiance est joyeuse, c'est parti. Tout ne va pas pour le mieux pour nous deux et nous nous le cachons comme nous le pouvons. Nous venons à peine de partir. Le fait de marcher et courir en petits groupes aide nos esprits à ne pas trop se focaliser sur nos douleurs et nos doutes divers et variés. Quelques-uns piquent des sprints pour prendre de l’avance et photographier ces petits groupes ainsi formés. L’ambiance est bonne et cela nous stimule. Dans notre petit groupe, nous retrouvons notamment nos deux copines chamois alpines (elles sont de l’Alpe d’Huez), Sylvaine et Sandrine. La première citée se plaint gentiment de sa compagne qui est partie comme un avion et qui lui répond « ça passe ou ça casse, on verra bien ! » C’est une réelle surprise de les retrouver à nos côtés et elles ne m’en voudront pas si je dis que, d’habitude, elles sont un peu derrière nous. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec ces deux acolytes. Déjà dans les rares descentes de ce début de parcours, Sandrine me fait forte impression. Je ne suis peut-être pas une référence dans la matière, mais j’ai du mal à suivre. Mais Sylvaine, qui continue de rouspéter encore un peu, est toujours là !
-« Vous voyez le Grand Veymond ?…C’est ça ! »
Je vous promets, au moment où Alain a dit ça, j’ai préféré ne pas lever la tête, je saurai bien assez tôt ce qu’est le Grand Veymond dont on nous parle tant et, faites-moi confiance, on va avoir le temps de l’apprécier, le Grand Veymond.
Et enfin nous sommes au pied du Grand Veymond. Si je m’étais trouvé seul à cet endroit, je n’aurais pas trouvé le chemin, et pour cause… il n’y en a pas. Il s’agit d’une succession de rochers à monter, parfois avec l’aide des mains pour s’accrocher…Et ça va durer longtemps, longtemps…
Puis c’est la descente, en compagnie de Mary qui connaît les lieux et nous conseille ; nous sommes tout ouïe, la vitesse, les trajectoires, les appuis, c’est elle qui donne le rythme et nous rassure, merci Mary. La descente est devenue progressivement plus roulante, mais les chevilles ont continué d’être sollicités. Cette étape reportée à aujourd’hui est une bonne chose, le temps est splendide, nous pouvons apprécier à sa juste valeur le charme du Vercors et j’ai eu 40 bornes sous le soleil pour apprécier celui de ma coéquipière. Ça vaut vraiment le coup ! Allez ! Bientôt l’arrivée, la descente sur La Chapelle et nous y sommes. Une dernière petite bosse, la ligne est là, on l’a fait !

Samedi 28 août : 5ème jour : 1er coureur 12 km / 2ème coureur 14 km / 1er et 2ème coureur 12 km.

5h45 : La nuit a été bonne mais nous n’avons toujours pas besoin de réveil. Quelques pas dans le couloir pour aller à la douche. Miracle ! Je marche, oui, je marche ! Valo u a toujours un peu mal à la hanche et au genou, mais reste confiante pour la suite des événements.

Aujourd’hui, je vais partir le premier pour une liaison de 12 kilomètres dont 10 en montée pour ouvrir le bal. Valou aura un parcours au profil plus descendant mais, la dernière liaison étant commune, elle va enchaîner 14 kilomètres en plus des 12 derniers sans se reposer.
Nous partons de Vassieux en Vercors. j’attends les premières hostilités pour savoir où j’en suis.
La montée ne s’effectue pas trop mal et je lâche tout doucement un concurrent avec qui je partageais le début de la montée. En sortant des bois après quelques demi-heures de course et pendant quelques instants seulement, de grandes falaises émergent des vertes frondaisons plus basses. Superbe panorama.
-« Tu m’excuses, je fais une pose, je ne suis pas du coin, j’en profite »
-« Vas-y profite, profite ! »
Plus tard, une grande montée dans une prairie dégagée me permet d’apercevoir des gars qui étaient LOIN devant moi tout à l’heure. Quelques minutes encore plus tard, mon collègue, lâché dans la montée, me rejoint à nouveau.. La fin de liaison est toute proche, je passe le relais à Valou.
Nous arrivons sur le lieu de départ de la dernière section, ça sent la fin.
Patrice, tout sourire, arrive. Son coéquipier Marcus lui emboîte le pas. Pour eux, ça sent bientôt la fin. Un peu plus tard arrive Valou, tout aussi souriante. Vais-je pouvoir suivre ? Elle va enchaîner 26 bornes d’affilée ; mais c’est qu’elle galope, la gazelle ! Cela fait quelques minutes que je cours en sa compagnie et j’arrive à la suivre. Elle me dit qu’elle est bien, qu’elle veut garder son rythme et, pour ne pas la perturber, je prends ses pas. Nous apercevons Patrice et Marcus et, un peu plus loin devant, une autre équipe. D’un commun accord nous décidons de ne pas aller les chercher, de ne pas se mettre dans le rouge. Patrice et Marcus rattrapent l’autre équipe, tandis que nous nous rapprochons d’eux. Comme d’habitude nous gagnons du terrain quand ça monte et nous en perdons quand ça descend ! Patrice et Marcus prennent le large pendant que nous rattrapons ceux qui étaient, l’espace de quelques minutes, leurs compagnons. Il s’agit de l’équipe 6. Il reste à appréhender une dernière montée sur la route, notre foulée n’est pas très légère, le bruit des chaussures sur le sol trahit une certaine fatigue, mais nous sommes bien, aussi frais qu’hier à la fin de l’étape. La dernière descente, la Poste, une ligne droite, un dernier coup de cul. Bras levés, mains serrées, émus, nous passons tous les quatre la ligne d’arrivée. QUE DU BONHEUR !
Valou est rayonnante, heureuse de l’avoir fait ; c’est vrai que nous partions un peu dans l’inconnu. Inexpérimentés en trail, en plus sur une épreuve sur 5 jours avec un relief où nous ne nous entraînons jamais et pour de longues distances, ce n’était pas gagné. Je vous livre notre classement : 13ème au scratch (1er en …) et 2ème équipe mixte (1er en …)
Sachez futurs R.E.Veurs que le coût de cette épreuve est de seulement 125 € par équipier, le futur IM de Nice par exemple vous coûtera 300 € pour une seule et unique journée.
Une pensée pour Jean-Paul, qui a participé au R.E.V à plusieurs reprises (3 victoires) et qui, aujourd’hui, est paraplégique à la suite d’un accident survenu au printemps. Il était parmi nous tout au long de ce séjour.

Dis Marielle, c’est quand le prochain R.E.V ?

REV par jide (membre) (81.57.94.xxx) le 22/09/04 à 21:11:01

Wahou, c'est épatant.
Merci pour ce récit d'aventure.
Je le relis de ce pas pour en rêver cette nuit !
;-)
Jidé

REV par Pascal (membre) (81.56.46.xxx) le 22/09/04 à 21:56:51

Salut Greg,

Très sympa ton histoire. Bien écrit en plus. Et bravo pour la performance :-)
Que comptes-tu faire de ton texte ? Envisages-tu de le mettre en ligne ? dois bien y avoir des sites pour ça, non ?

REV par Julie (invité) (81.51.126.xxx) le 23/09/04 à 08:21:22

Trés beau texte et encore merci, d'autres viendront j'espère.

REV par Greg (invité) (81.51.126.xxx) le 23/09/04 à 09:03:04

Merci pour les compliments, quant à le mettre en ligne, il y a effectivement des sites sur lesquelles des coureurs laissent le récit de leur course. Je vais régulièrement lire les aventures de certain et les textes sont souvent vivants et intéressant.
A bientôt
P.S : Quelques-uns d'entre vous, par le biais de mon mail, on demandé la totalité du récit, si vous ne l'avez pas encore reçu, contactez moi à nouveau.

REV par Thierry (invité) (81.51.25.xxx) le 24/09/04 à 08:52:48

Greg m'a fait parvenir la totalité de son aventure, soit une vingtaine de pages et je ne peux que vous encourager à faire la même chose que moi, le lire. Le texte est plus drôle est plus riche que la petite version de 5 pages.
Encore merci et à bientôt.

REV par Fabrice (invité) (217.167.113.xxx) le 24/09/04 à 10:47:31

Pareil, comme Thierry...la version longue est excellente.

J'aime beaucoup la description de Valérie, "Qui fait un peu de sport" :-)))) trés drole...

J'ai souvenir d'un p'tit déjeuner à la bourboule, avant une sortie vélo, et des questions posées à Valérie :
- Alors comme ça tu fais un peu de sport ? c'est bien ça, et tu vas nous suivre à vélo ?

1 heure plus tard, dans le premier col de la journée, une fusée nous laissait sur place...

Valérie c'est LE vaccin anti-macho ;-)

A+

REV par Charles (invité) (81.51.25.xxx) le 24/09/04 à 11:38:33

Puisque ce texte à l'air si bien j'en ai fais la demande à son auteur. Si ça intéresse quelqu'un je vous donnerai mon avis.
Tchao a+

REV par Pierre (invité) (81.51.126.xxx) le 25/09/04 à 09:48:06

Je n'arrive pas ouvrir le lien. Est-ce que tu peux à nouveau essayer de me l'envoyer.

REV par Pierre (invité) (81.50.60.xxx) le 27/09/04 à 15:06:22

Comme les autres je vous invite à lire vous aussi les "aventures" de Greg. C'est génial !!!!!!!!!!!!!!!!!

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