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Quels muscles peuvent consommer du lactate extérieur ? par (invité) (37.171.79.xxx) le 21/01/19 à 10:57:43
Il a été montré par la théorie (les gradients de concentration) qu’il existe un flux de lactate qui sort du sang artériel pour alimenter les muscles ou fibres musculaires qui sont en capacité de le faire.
Cela a été confirmé fin du 20 ième siècle par les expériences de M. BROOKS, un physiologiste américain.
Les grandes questions sont alors :
- Quelles sont les muscles (ou fibres) en capacité de consommer du lactate ?
- Qu’est-ce que cela apporte-il au coureur à pied, de pouvoir consommer du lactate par des muscles ?
1) Un point physiologique à savoir
Les métabolismes énergétiques se produisent à l’intérieur de chaque cellule musculaire.
C'est-à-dire que dans chaque cellule active se produisent en même temps un nombre extravagant de « glycolyses », de « cycles de Krebs » et de « chaînes respiratoires ».
Il s’agit donc de bien prendre conscience que dans chaque cellule se déroule ce qu’on appelle la « voie anaérobie » et « la voie aérobie », sous forme d’une énorme quantité de réactions chimiques se déroulant en parallèle.
2) Classification des fibres
Je vais utiliser la terminologie habituelle et classer les fibres musculaires en 3 catégories :
a) Les fibres lentes
b) Les fibres intermédiaires
c) Les fibres rapides
3) Les fibres lentes
Je rajoute l’attribut « oxydatif » ou « aérobie » et donc cela donne les « fibres lentes oxydatives aérobies ».
« Oxydatives » car elles transforment leur substrats (glucose ou lipides ou lactates) en gaz carbonique et en eau par un métabolisme appelé « oxydation » par les physiologistes ; une oxydation est un échange d’électrons entre molécules. C’est ce qui se passe lorsque les pyruvates ou Acétyles Coa et ions H+ sont consommés par la voie aérobie (voie qui est composée de 2 métabolismes, le cycle de KREBS et la phosphorylation oxydative alias chaîne respiratoire).
Je vais donc utiliser la terminologie « Fibres lentes oxydatives aérobies » pour parler des fibres musculaires qui ont la capacité de transformer TOTALEMENT le glucose ou les lactates ou les lipides en CO², en H²O et en ATP, en absorbant la totalité des sous-produits de la glycolyse comme le lactate ou l’acidité.
Je vais aussi utiliser la terminologie « 100% aérobie » pour ces fibres.
4) Les fibres rapides
Je rajoute l’attribut « glycolytique » et donc cela donne les « fibres rapides glycolytiques ».
« Glycolytiques » car ces fibres produisent l’énergie exclusivement par la VOIE ANAÉROBIE, c'est-à-dire par le métabolisme « GLYCOLYSE ».
Le seul substrat possible est le glycogène ou le glucose sanguin.
Ces fibres ne transforment aucun des lactates et des ions H+ (acide lactique) produits par la glycolyse.
Le corps tente d’évacuer l’acide lactique le plus possible hors de ces fibres. Mais, il n’y arrive pas. Il n’y arrive pas car cela nécessite la transformation hors du corps de ce lactate. Si ces processus de transformation sont dépassés, l’acide lactique ne cesse de monter, partout dans le corps, mais bien sût aussi dans les fibres musculaires. L’acidité monte alors dans les fibres de manière inexorable et provoque à plus ou moins brève échéance le ralentissement ou l’arrêt de l’effort.
Je vais donc utiliser la terminologie « Fibres rapides glycolytiques » pour parler des fibres musculaires qui n’ont aucunement la capacité de transformer le moindre lactate ou ion H+ qu’elles produisent à l’effort.
Je vais aussi utiliser la terminologie « 100% glycolytique », cela évitant pas mal ambiguïtés.
5) Les fibres intermédiaires
Comme le nom l’indique, ces fibres sont intermédiaires entre les fibres « 100% aérobie » et les fibres « 100% glycolytique ».
Elles ne transforment qu’une partie des sous-produits de la voie anaérobie (pyruvate et ions H+).
Elles ne sont ni « 100% aérobie », ni « 100% glycolytique ».
Elles produisent du lactate et de l’acidité, mais moins que les fibres 100% glycolytique.
Elles produisent de l’énergie par la voie aérobie mais moins que les fibres 100% aérobie.
Je vais simplement utiliser la terminologie habituelle de « fibres intermédiaires » pour parler de ces fibres.
6) Le gradient de concentration dans le corps humain.
Les lactates se déplacent dans le corps par gradient de concentration.
Ils se déplacent de l’endroit le plus concentré vers l’endroit le moins concentré. Comme le vent.
7) Etat d’une cellule
Donc, une cellule musculaire, pour ce qui nous intéresse, n’a que 3 états en termes de concentration de lactate par rapport au milieu qui l’entoure, le liquide interstitiel :
a) Concentration égale : sa concentration en lactate est égale à la concentration hors de la cellule ; dans ce cas, aucun flux de lactate n’a lieu pour cette fibre ;
b) Concentration inférieure : la concentration en lactate de cette fibre est inférieure à la concentration hors de la cellule ; du lactate va pénétrer dans cette cellule ;
c) Concentration supérieure : la concentration en lactate de cette fibre est supérieure à la concentration hors de la cellule ; du lactate être relâché hors de la cellule ;
8) Argumentaire
Une cellule musculaire ne peut consommer du lactate provenant de l’extérieur de la cellule que dans le cas « b », dans le cas ou sa concentration en lactate est inférieure à la concentration du liquide interstitiel qui l’entoure.
Et de plus, si cette cellule musculaire a la capacité d’en consommer.
Donc la question devient : « Quand est-ce qu’une cellule a la capacité de consommer du lactate provenant de l’extérieur ? »
La réponse c’est « exclusivement dans le cas ou la cellule n’en produit pas déjà elle-même ».
Car si elle en produit déjà elle-même, c’est qu’elle est dans un contexte ou la VOIE AÉROBIE n’est déjà pas en CAPACITÉ de consommer les propres lactates de la cellule.
Donc, quelles sont les fibres qui peuvent consommer du lactate provenant de l’extérieur de la cellule ?
Eh bien, ce sont exclusivement les « FIBRES LENTES OXYDATIVES AÉROBIES », celles que j’appelle les fibres « 100% AÉROBIE ».
9) Conclusion.
- Parce qu’il est prouvé par M. BROOKS que des fibres peuvent consommer du lactate provenant de l’extérieur de la cellule,
- Et parce qu’on peut démonter que seules les fibres « 100% aérobie » sont capables de CONSOMMER DU LACTATE provenant de l’EXTÉRIEUR,
- Et parce qu’on peut démontrer que seules les fibres qui ne produisent pas de lactate peuvent en consommer,
alors, on peut en déduire :
- Qu’il existe bien des fibres qui ne produisent pas de lactate, ce sont les fibres « 100% aérobie » ;
- Toutes ces fibres « 100% aérobie » sont les fibres activées sous le SL0.
En conséquence, le SL0 existe bien.
Bien sûr. Pratiquement impossible de le déterminer.
Ce résultat est juste intéressant théoriquement.
CAR IL PERMET DE MONTER l’IMPORTANCE de travailler ses allures basses pour accroître la quantité de fibres « 100% aérobie ».
Ceci :
- pour améliorer la capacité à transformer le lactate produit par les fibres « intermédiaires » et par les fibres « 100% glycolytique » ;
- donc pour améliorer son SL2, et tous les autres seuils.
PS : cela répond entre autres à la question : Quels seuils faut-il travailler ?
Je réponds : le SL0 et le SL2. Point.
Oubliez totalement le SL1. Même si le SL1 est le moyen de mesurer le SL0.
Quels muscles peuvent consommer du lactate extérieur ? par (invité) (37.169.6.xxx) le 21/01/19 à 23:48:24
Bien reçu.
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