CR Trail de Chevreuse

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CR Trail de Chevreuse par SergeB (membre) (invité) (84.99.40.xxx) le 05/04/05 à 20:43:36

Le trail de Chevreuse…
En voilà une belle course. Elle se situe à Auffargis en vallée de Chevreuse à l’ouest de Paris. Je l’ai fait il y a deux ans pour la première édition. J’avais trouvé cette course super sympa. Elle faisait 39 km pour un dénivelé raisonnable de 1000m environ. J’avais fait cette édition en 3h46 en revenant avec de très agréables sensations sur le parcours et les paysages traversés.
En 2004 Rémy Mercier, l’organisateur de l’épreuve, avait jugé la première édition de la course sans doute trop facile. Il avait corsé le tableau en proposant 50 km pour un dénivelé de 1600m. Les concurrents de l’époque avaient trouvé la course quand même très costaud.
Pour cette année, Rémy a juste ajouté un km. Ce n’est quand même pas grand chose un km. Mais, il a aussi ajouté 400m de dénivelé en plus. Donc pour cette année, c’est une épreuve qui s’annonçait « captivante ».
Pour m’y préparer au mieux, j’ai demandé à mon complice Seb de me sortir de sous les fagots un bon vieux plan dont il a le secret. J’ai fait de tout, des escaliers à Montmartre, de la VMA, du seuil+, du seuil, de l’endurance avec ou sans (25) bosses. Comme toujours, il a privilégié les séances de qualité plutôt que la quantité. Donc, des petites séances n’excédant pas 50’ à 1h la plupart du temps, parfois moins mais rarement plus, sauf pour la sempiternelle sortie dominicale. Même pour cette sortie dite «longue», il ne voulait pas que je fasse plus de 2 heures. J’ai suivi à la lettre ses conseils, mais en faisant quand même deux « petites » entorses pour aller faire deux sorties de 2h51 et 2h34 aux 25 bosses en forêt de Fontainebleau.
Je suis arrivé le jour de la course hyper motivé. J’avais une grosse envie de courir. Ma dernière course était l’Endurance Ultra Trail en octobre dernier. Donc à une éternité de là.
Samedi après midi, je vais jusqu’à Auffargis pour récupérer mon dossard. Première bonne surprise, j’ai le dossard number one. The first; the best? ? il ne faut pas abuser quand même. Je me suis inscrit à l’automne en précisant sur mon bulletin que comme je ne serai jamais (notez le futur et non le conditionnel qui aurait demandé un « s ») premier à l’arrivée d’une course, j’essaie de l’être au départ. Je sais que ça peut paraître puéril, mais ça fait plaisir quelque part.
Dimanche matin, je retrouve les amis de mon club. On discute de nos objectifs. Personnellement, je n’ai aucune idée du temps que je pourrais mettre. Pas grave, je verrai bien comment ça va se passer.
8h, Rémy nous donne les derniers conseils pour la course en précisant que ce sera du costaud. Pour cette année, ce sera encore plus dur que l’an dernier. Nous voilà avertis.
Le parcours se compose d’une première boucle de 15 km avec 750m de dénivelé et une seconde boucle de 36km avec 1200m de montées. Donc, il faut être prudent et ne pas griller ses cartouches sur les premières bosses.
Ca y est, on est parti. Dès le départ je me dis qu’il faut partir cool et en garder pour la fin, où j’en aurais besoin. Dès la première cote, je marche. Les autres concurrents courent dans la montée, pas moi, je préfère être prudent.
Ensuite, ce n’est qu’un enchaînement de montées et de descentes et re belote, et re re belote, mais sans le 10 de der.
J’essaie quand même d’allonger ma foulée dans les descentes quand c’est possible ce qui n’est pas souvent. Mais comment fait-il le père Rémy pour trouver tant de cotes dans les vaux de Cernay. Il connaît tous les coins et recoins. Il m’avait écrit que le parcours était « sauvage » et que parfois on passait dans des sentiers animaliers. Mais on est passé dans des endroits ou si des animaux étaient passés, ce devaient être des marcassins nains tellement la trace était peu décelable.
Le parcours est aussi costaud qu’il est magnifique. On découvre de superbes points de vue sur l’abbaye, on aurait envie de s’arrêter contempler tellement c’est beau. Mais bon, il reste quand même encore un certain nombre de cotes à se farcir, donc acte….
Cette première boucle se passe plutôt bien, enfin pas trop mal, ça aurait pu être pire quoi ! ! ! ! Je fais ces 15 km en 1h45, alors que je pensais faire 2h, mais ça va bien. Je remplis rapidement mon bidon et vogue la galère.
Je repars pour la seconde boucle. Déjà que la première n’était pas triste, la seconde n’est pas mal non plus dans son genre. On continue sur un dévers avec montées – descentes à n’en plus finir. Dans le bas de la vallée, je vois passer des groupes de cyclistes ou de motards en ballade. Que ne donnerais-je pour retrouver mon TDM…. Mais bon, il faudra que je revienne faire une promenade en moto un de ces jours, pour l’instant, je n’ai que mes pompes.
Je commence à ressentir des crampes dans les iscchios et les mollets. Mais comme à chaque course, j’ai un coup de bambou au tiers de la course, je me dis que ça va repartir ensuite par la suite.
Les montagnes russes continuent. Enfin une grande descente. Je peux enfin allonger ma foulée et courir normalement. Ca fait du bien.
On traverse une route sous le regard attentif des bénévoles. Un petit mot pour les remercier et on continue le long d’une rivière. Cette portion du parcours est magnifique et nous amène à une cascade. Que l’endroit est bucolique. J’aurais envie de m’arrêter pour buller tranquille, prendre le temps de regarder l’eau couler à mes pieds en sirotant une morito. Et bien non, ce ne sera pas pour aujourd’hui, il faut continuer. Et la suite n’est pas piquée des hannetons. Grosse montée. Il faut sortir les pieds, les mains, les dents, la totale quoi… Mes crampes continuent à faire parler d’elles et ne veulent surtout pas se faire oublier. En haut, un coureur est arrêté, il fait une hypoglycémie. Je lui donne un tube de gel et deux comprimées de Sporténine pour lui apporter du sucre.
Je continue jusqu’au second ravitaillement au 29ème km où j’arrive en 3h45. Je préviens les bénévoles de la présence du coureur en hypo, je remplis rapidement mon bidon et je repars promtement.
Je retrouve la première fille. On continue ensemble. On discute un peu en espérant que la suite se passera aussi bien que le début. Au bout d’un moment, on voit un coureur qui revient en sens inverse. Que se passe-t-il ? ? On suit bien le balisage, mais les flèches indicatrices sont dans le sens inverse. On s'est planté quelque part. On fait demi tour. On retrouve d’autres coureurs qui sont tout aussi surpris que nous d’être sur la mauvaise piste. Que faire ? ? je décide de continuer sur le parcours en sens inverse, au moins ainsi on pourra retrouver le point de contrôle situé au 36ème km et on continuera comme on pourra. La petite troupe poursuit son périple. A la sortie d’un hameau, on ne retrouve plus de balisage. Grand moment de jardinage. Pour ceux qui ne savent pas ce que ça veut dire, ça signifie que l’on s’est pommé et que l’on tourne en rond pour trouver son chemin. On retrouve un groupe de coureurs qui étaient devant nous. On repart ensemble, la troupe grossie. Ca me rappelle Corneille quand il écrivait « nous partîmes 500 et par un prompt renfort, nous nous vîmes 3000 en arrivant au port ». On est de plus en plus de fous, mais on rit de moins en moins. La seconde fille qui n’est autre que Nathalie Tissard du COSE (club de l’Essonne) nous rejoint à son tour. Voyant la première féminine dans le groupe elle lui dit « c’est toi qui est la première à l’arrivée ». Beau geste de courtoisie sportive que l’on aimerait retrouver plus souvent. Bravo Nathalie, ça mérite le respect. Ca doit être aussi ça un peu quelque part l’esprit du trail. La course reprend ses droits.
Des randonneurs nous informent qu’ils ont vu un balisage, on s’y précipite. Nous croisons des membres de l’organisation qui nous informent que des gens ont débalisé le parcours. Ce qui explique que nous nous soyons perdu. On repart sur le bon chemin, mais en ayant fait 2 km supplémentaires (j’ai vérifié sur IGN Rando) et surtout en ayant galéré pas mal, ce qui mine le moral.
Les montagnes russes continuent avec leurs interminables rengaines de montées suivies de descentes. Et si encore on pouvait allonger la foulée. Mais même pas, c’est technique, il faut faire attention à ses appuis et être hyper vigilant dans les descentes.
Dans les montées, je me dis « vivement les descentes pour récupérer ». Dans les descentes, je me dis que c’est encore pire que les montées tellement les iscchios sont douloureux.
Mes crampes ne passent pas. Je continue de m’alimenter comme je l’ai fait depuis le début, mais rien n’y fait.
J’ai de plus en plus de mal à avancer. Mais d’où peuvent bien venir ces crampes ? Celles des mollets se sont estompées, mais pour les iscchios, c’est toujours aussi douloureux. Je m’arrête faire quelques étirements, mais ça ne passe pas.
Le moral en prend un sacré coup. Avec le recul, je me dis maintenant que j’ai plus subit la course que je ne l’ai gérée. Je n’ai pas su me re-motiver pour repartir.
Mon seul but maintenant est de rallier l’arrivée.
J’arrive au 3ème ravito situé au 41ème km en 6h15. Je viens de faire 14km en 2h30, pas terrible même en jardinant pas mal. Je m’arrête longuement pour bien me ravitailler. J’en profite pour discuter avec Michel Poletti, l’organisateur de l’UTMB qui sera mon objectif principal pour 2006 (enfin si tout se passe bien).
Bon papoter c’est bien, mais je suis là pour courir, enfin si on peut appeler ça courir tellement je suis en vrac. Il ne reste «que» 10 km.
Le parcours continue sur une partie plate. Mais comment a fait Rémy pour laisser une aussi longue partie sans cote. On fait bien 800m sans dénivelé. Il a du oublier cette portion toute plate. Ca fait du bien de pouvoir dérouler les jambes un peu.
Mais chassez le naturel et il revint au galop sous la forme de …. bosses toujours et encore.
A ce moment, je sais qu’il reste environ 7-8 km. Le fléchage indique que le parcours conti nu sur la droite avec une grosse bosse. Donc, roule ma poule pour une nouvelle bosse. On reprend une partie de la première boucle. Si je me rappelle bien, il doit y avoir 3-4 grosses bosses avant l’arrivée. Je commence à les compter. Une… Deux… Trois…. Quatre… Tiens, ce n’était pas trois-quatre, mais bien quatre. Cinq... Je me fais passé par la 3ème fille. Six... Je me fais passé par François avec qui j’ai fait une sortie à Fontainebleau sous la neige en février. Sept... Mais combien y en a-t-il encore. Juste deux petites bosses. Sur la dernière, je retrouve des amis de mon club qui m’encouragent. Ca fait du bien de retrouver des visages connus et amicaux.
Il reste 2 km de plat. Si, si, j’ai bien dit du plat. Je déroule un peu, mais il ne me reste plus beaucoup d’énergie, mais énormément de crampes qui ont eu la gentillesse de m’accompagner jusqu’au bout. C’est sympa les crampes si on y réfléchit bien, ça te suit tout le temps sans se faire oublier.
Je croise de plus en plus de gens qui m’encouragent, ça motive.
Enfin la délivrance. Ca y est, c’est terminé. 7h46 pour 50 km. Un de mes frères me disait que l’on ne faisait pas de grosses moyennes dans les trails. Ce qui est vrai. Un 50 km sur route, je devrais le faire en environ 4h, mais en forêt avec une succession infinie de bosses, c’est autre chose. Le premier termine en 6h11. Ma perf n’est pas si calamiteuse si je considère toutes mes mésaventures.
Je suis quand même content de terminer. Je retrouve les amis de mon club. Jérôme qui se repose et Christian qui a déclaré forfait au 25ème faute de préparation suffisante. Jérôme est aussi épuisé que moi. Au fil des minutes, les autres coureurs arrivent, tous dans le même état.
De cette course, je retiendrai une impression mitigée. Un parcours somme toute magnifique. Un beau et (trop ? ?) chaud soleil toute la journée. Mais surtout une interminable succession de montées et de descentes souvent techniques. Et surtout ces foutues crampes qui m’ont accompagnées sur les 2/3 du parcours et dont je ne m’explique toujours pas l’origine, peut-être ai-je trop allumé dans les premières descentes ?? Enfin, le débalisage sauvage qui m’a fait perdre environ 20-30 minutes.
Au final, je termine 64ème sur 300 ou 320 inscrits et 223 à l’arrivée. Ce qui n’est pas si mal. Mais je me dis que j’aurais peut-être pu faire mieux. Je m’estime quand même heureux, car je suis allé au bout. J’ai un ami qui n’a pas été classé. Il s’est planté suite au débalisage, et il n’a pas trouvé un point de contrôle.
Lors de la remise des récompenses, beaucoup de coureurs ont mis en avant l’extrême difficulté du parcours. Il est indéniable que c’était du costaud, mais Rémy l’avait annoncé dès le départ. Etait-ce trop difficile ? ? Le nombre d’inscriptions l’année prochaine apportera un début de réponse.
Et puis, ce n’est qu’une course et j’en garderai de bons souvenirs.
Nous nous retrouvons avec les membres de mon club, coureurs ou supporters, pour terminer la journée autour d’un verre de Champagne grandement mérité.
Le soir, je n’ai même plus assez d’énergie pour faire ce compte-rendu, ce sera pour lundi.
Un bon plateau repas en famille et Morphée me tend les bras.
Je ne terminerais pas sans remercier ceux qui m’ont envoyé un message d’encouragement avant la course. Ca fait énormément plaisir et ça motive dans les moments difficiles.

CR Trail de Chevreuse par abdel (membre) (83.114.250.xxx) le 05/04/05 à 20:59:57

tu es serviable, tu donnes de bon conseil, tu aimes courir, tu fais des belles course et en PLUS tu racontes bien !!!!
donne moi au moins un de tes défauts ?????. le tabac ... peut-être ??( je plaisante)


super et bravo sergeB.; et aussi à ta famille. l'aide et le soutien de la famille sont primordiaux dans la course à pied.

CR Trail de Chevreuse par Le_Sanglier (membre) (83.199.66.xxx) le 05/04/05 à 21:11:40

Je réitère mes félicitations pour cette course que tu as peut-être subie, mais de laquelle tu as réussi à t'extirper dans un temps plus qu'honorable.
Au plaisir de cavaler en forêt à tes côtés un de ces quatre !

CR Trail de Chevreuse par aleka (invité) (83.155.197.xxx) le 05/04/05 à 22:04:22

Merci SErge! c'est vrai que tu as bien travaillé, pour la course comme pour le CR. Bon, devoir rendu en retard, mais vu la qualité et la bonne excuse, pour cette fois ça ira:)
En tout cas ça me donne une envie folle et je ne comprends toujours pas commentil est possible de courir plus de 2H13...l'avenir m'apportera peut-être une réponse.
Merci pour ce partage, j'aurais un peu fait mon trail aussi grâce à toi!

aleka

CR Trail de Chevreuse par sourire (membre) (193.249.161.xxx) le 06/04/05 à 08:09:55

Merci serge pour le compte rendu.
grâce à toi on apprend des choses sur le trail.
a+


CR Trail de Chevreuse par raztaboule (membre) (193.218.15.xxx) le 06/04/05 à 09:49:24

jolie course, jolie score, bravo !

CR Trail de Chevreuse par Kanaes (invité) (invité) (195.212.29.xxx) le 06/04/05 à 11:31:53

Merci Serge pour ce superbe récit. c'était le second trail que faisait mon mari, et j'étais sacrément inquiète... Grâce à ton récit, je réalise encore d'avantage sa performance (il est arrivé 150ème), sa volonté (il s'entraine 2 à 3 fois par semaine à la frontale pour ne pas empiéter sur la vie de famille) et son courage (il ne court pas en club, je suis son seul supporter). Alors vraiment un grand merci pour ta narration.

CR Trail de Chevreuse par captain (invité) (invité) (82.65.139.xxx) le 06/04/05 à 12:01:44

Salut serge,

Bravo pour ce beau récit que je vais mettre en ligne sur le site www.sgsathle.org. Le gars que tu as vu en sens inverse, c'est moi ! J'en avais marre de me perdre surtout que j'étais 16ème et que 30 coureurs au moins m'ont rejoint quand je ne savais pas ou aller ! L'organisation à cet endroit nous a idiqué de rejoindre le parcours par un sentier non balisé, ce qui me semblait un peu trop farfelu !
Quand au parcours, il était très dur mais bon on s'y attendait. Ce que je n'ai pas aimé, c'est les passages dans les talus plein de ronces, on autait cru de la CO, si j'avais su, j'aurais pris des guêtres.

Pour ceux qui aiment les récits de trail, sur le site déjà nommé, vous trouverez l'histoire de ma course au trail du vulcain.

Thierry Verdier

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