Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris

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Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris par mimi (invité) (invité) (213.103.53.xxx) le 12/04/05 à 15:38:52


-Marathon de PARIS 2005----


Et voilà, terminé: 3h29mn et 52secondes, et j'y TIENS aux 52s.
Je ne pouvais envisager de faire plus de 3h30 pour mon 1° marathon, mais j'ai failli louper....
Récit.
L'ambiance : Départ le samedi avec Laurent, un copain de Volley et 3 de ses connaissances dont son beau-frère tous marathoniens (3,2 et 1 fois déjà.). Je sens tout de suite que c'est bien parti, voyage hyper décontracté, on parle de temps, d'entraînement, on rigole bien, je me pose tout de suite comme le plus ambitieux : 3h30, c'est bien les gars mais moi, je veux faire AU moins 3h20.
Je les félicite aujourd'hui pour leur réserve, et l'absence totale de jugement genre : "mon biquet croit-nous t'es pas encore arrivé". Non, ils écoutent.
Le jour du départ, chacun, à mon initiative, annonce ses ambitions, moi 3h17, les "anciens de 3h25 à 3h30, Laurent 4h30. C’est le moins confiant, il a peur.
Nous partons en définitive à 4 ensemble, Laurent derrière.
Dès le départ, je sens que l'on ne va pas assez vite. Et pourtant, moi qui ai toujours annoncé que je courrai au cardio à 140 pulsations minutes jusqu'au semi, je suis déjà à 150 à 2km, en tournant à + de 5mn au kilo. Tout le monde nous double et nous doublons tout le monde, c'est dire la cohue. J'ai l'impression de vivre le tsunami ou la débâcle en 40: attention je passe, "boum" un coup de coude, etc.
Mais bon, c'est encore long et nous "matons" gentiment les coureuses. "Mexicooooo, mexiiicooooo!!!!!" il y en a de toutes les nationalités. "Attention Michel, objectif à droite" "ok François, en formation" " attention, ça décroche", "bon, on déboîte?" "Ouais elle est moche..." J'exagère à peine.
Une belle et plantureuse blonde nous dépasse gentiment sur notre gauche, silence respectueux. J'ai envie de la suivre.... j'accélère légèrement, mais ça ne suis pas, au contraire, Antoine me rejoint pour m'annoncer la vidange des 2 prostatiques…. On court depuis 5 Km, on décide de vidanger aussi, au cas où, et la blonde s'éloigne...
Au ravitaillement des 10 Km, nous passons en 50mn et 29s. Encore du retard sur la base de 3h 30, et ça ne me convient pas. Dans la foule aussi dense, je chope au vol une bouteille et quelques fruits secs. J’ai fais pareil aux 5 km. En me retournant, je ne vois pas mes potes. Que fais-je? Je ralentis le pas, je vais les attendre. Et la foule me dépasse. Non, ça je n'aime pas. Tant pis, je reprends mon rythme, et double à nouveau plus que l'on me double. Oui, Michel, ça c'est bon.
Aux 15, je n'ai fais que rattraper de loin les ballons de 3h30. Je reprends fort sur eux, mais au prix de slaloms constants, mes pulsations ne descendent pas en dessous de 152, j'ai décidé que ce serait mon plafond. Pas du tout ce que j'avais prévu, mais les jambes sont vraiment bien et le souffle top de top. Je m'autorise quelques conversations lorsque je suis quelque temps avec quelqu'un. Je parle sereinement, c'est bien. C'est à peu près à ce moment que tout à coup, je sens des larmes qui montent d'un coup. Un orchestre joue à proximité, je suis tellement bien... Le grand bleu....
20km, le semi, j'ai fais les 11Km en 53mn pile, je suis un peu déçu car je pensais pouvoir aller beaucoup plus vite. Mais en y repensant, j'ai slalomé tout le temps. A un moment même, je me suis dit d'arrêter de faire des zig- zag car j'allais sur 45km.
La foule est très dense au semi, arrivée du Tourmalet ou de l'Alpe d'Huez. Je me prends à rêver. Je ne m'enflamme pas. En fait j'ai 1mn d'avance sur mes potes, comme quoi, je n’ai pas vraiment accéléré.
Et puis, à 22,23, l'espace augmente, je garde toujours 150/152 au cardio, je ne veux pas dépasser ce rythme, mais je sens que là, je cours plus vite. Je vérifie cela au chrono, 4,40, je reprends 20s sur le tableau de marche à chaque Km, je voulais faire cela dès le début....
24,25, ravitaillement, je suis bien rodé maintenant, une bouteille d'eau, je l'ouvre je vide la moitié (le poids), et je bois quelques gorgées doucement, pendant un km. Je prends cette fois 2 pruneaux que je mets dans la poche, car je n'ai pas faim, pas envie. 26, trop bien, je jette un oeil sur les bords pour apercevoir ma cousine et ses enfants, mais non, je ne la vois pas, tant pis. Les larmes reviennent, je suis au bord de la Seine, un bateau-mouche. J'ai confiance, je me sens très fort, j'ai presque 5mn d'avance sur les 3,30 si je termine en 5mn au kilo, et là je suis plus vite. J'espère secrètement encore gagner quelques mn.
Entrée du "tunnel" de 900m de long. J'ai repéré l'endroit sur la carte, on m'en a parlé : attention, ça descend et surtout en sortie, ça remonte fort, c'est casse-pattes. Je rentre, et là, oufff! 10à 12°C en plus d'un coup, et l'odeur insupportable des échappements. Je cours le plus à droite possible pour éviter les échappements des voitures du sens inverse. (y en a t’il? je ne sais plus.)
Au milieu, pour m'occuper? je prends un pruneau dans la poche et je le mets à la bouche. 20s après un coup de poignard me transperce le flan droit. Je suis suffoqué. J'essaie d'appuyer avec ma main, mais c'est encore plus douloureux, je n'ai jamais eu de point de côté aussi violent. J'halète, dès que je respire, ça me lance violemment. Alors je souffle, j'essaie de me décontracter, comme je sais le faire, "décontracte, un, deux, décontracte, un, deux", sur le rythme des foulées. La douleur s'atténue à la sortie du tunnel, mais est loin d'avoir disparue, j'avale la côte en souffrant...de mon point de côté. Beaucoup s'arrêtent, marchent, je ne sens pas mes jambes, je ne sens que mon point. 28. Disparu à droite, un point à gauche apparaît. Si il fait toute la longueur de l'intestin, j'ai pas fini, je pense. 29, je rote 2 fois et tout disparaît, je ne sens plus rien.
Je respire profondément, c'est bon, ça n'a pas trop duré, le rythme est encore bon, ça va repartir. Cardio? et là, je m'aperçois que je suis à 165 puls/mn! A 5 pulsations de mon maxi enregistré ! ! ! !
Je coupe tout, il faut absolument redescendre, je sais que j'explose autrement avant peu. Je souffle, me décontracte et reviens péniblement à 155 avant les 30. J'ai perdu 1mn dans l'affaire, je n'ai plus que 4 mn d'avance. Le bilan n'est pas trop grave, il reste 12 kilos, une heure, ça doit passer pour 3h30, révision rapide à la baisse de mes ambitions. Je m'appliquerai à tourner en 5 au kilo. Allez, on y va, les lactates tu connais, ça fait mal, mais les jambes sont bien encore.
Ravitaillement peu après les 30, je prends de l'eau, et dès que je bois, je sens ce "put... de point" qui me lance. Et merde, je balance tout, Ca passera, ça passera. 5 au kilo, je vérifie, j'anticipe, quand je vois les panneaux, je calcule, ça tient, 31, 32, 33, plus que 9 Michel, c'est rien, c'est dur mais c'est rien. Et les points passent. Mais je suis à nouveau à plus de 160. Les jambes me font mal, maintenant que je n'ai plus de points. Petite pointe aux jumeaux droit, rythme impossible à adapter. Si je pousse je sens que je m'écroule, si je ralenti, je m’arrête. J'attends le ravitaillement des 35 avec impatience. Je crains les points à nouveau, mais je sais qu'il faut que je boive. Et mes craintes se confirment, avant d'arriver au ravitaillement, je sens de nouveau mes côtés. Je "saute" purement et simplement le poste, toujours ça de gagné me dis-je. Et je travaille sur mon état. Souffler, décontracter. C'est très dur, mais comme je tiens les 4mn d'avance à 36, je tiens....A 37Km, au chrono je suis à 3h 01mn et quelques . Allez, 25mn et tu fais un beau 3h27, (avec les 200m de trop!, je rajoute 1 mn.)
J'arrive à 38 à peu près dans les temps, je ne sais plus, mais tout ce Km, j’ai regardé sur les bords si il n'y pas une bouteille d'eau qui traîne.
Pour me remotiver pour ce 39eme KM, j'ai trop de mal, j'arrive au bout de mes ressources mentales, le physique a dit stop depuis longtemps et je n'ai plus de volonté pour l'obliger. Une bouteille à moitié vide sur le bord, je suis déjà arrêté, je n'ai rien décidé. "Marche, marche, marche, ne t'arrête pas, j'ai les jambes tendues comme un arc. Je bois en soufflant, je prends une barre chocolatée que j'avais en poche en réserve (ouf!) je mange tranquillement et me limite à 3 minutes d'arrêt, jusqu'à l'épingle du lac supérieur du bois de Boulogne. Il faut repartir.
La transition marche/course est surréaliste. Les muscles plombés, je ne sais pas si je lève les genoux ou pas. Je ne sais plus à quelle allure je cours. Tout me fait mal, mais le cerveau a de nouveau la volonté d'avancer. 39 tout de suite, il en reste combien? Plus que tout le reste. Je sais que c'est sûrement foutu, j'ai redémarré trop lentement, je ne regarde plus le chrono, un oeil sur le cardio, 152, je n'ai même plus la force d'emballer la machine. Tout ce que je veux c'est terminer maintenant, au plus vite. Avancer, avancer, avancer.
Avancer, avancer, les gens me dépassent trop depuis belle lurette. J'entends des encouragements partout, allez, vas-y en rouge, allez, encore un effort. J’ai le masque, le mauvais.
40, encore deux et quelques, quelqu'un me double à gauche, de très près, c'est Elle! Je reconnais tout de suite la blonde du début, elle va plus fort que moi, au moins 10, 15s de mieux au km.
SUIS-LA, allez, SUIS-LA, j'ordonne à mes jambes d'y aller, au bout de 30m je sais que je n'y arriverai pas. SUIS-LA putain de connard de connard de merde! Tu la laisses pas filer 2 fois, tu y vas tu discutes pas ! Et j'obéis, je reviens au contact, je me glisse auprès d'elle, je la touche, épaule contre épaule, je suis avec elle, je ne sens plus rien, je regarde devant moi et j'ai accéléré. Je crains un instant qu'elle me repousse : de l'air, de l'air! Mais non, Je suis juste à ses côtés, nous courons ensemble. Nous rattrapons quelques coureurs maintenant. Elle passe à gauche je dois passer à droite. Je vais craquer, je vais la perdre. Non, je reviens devant sur la trajectoire et c'est elle qui me reprend, juste derrière moi, au contact. Je l'aide aussi? Je ne sens plus rien. Je sais que j'ai très mal. Je n'ai pas de larmes, je ne comprends pas comment je cours. 41, 42, nous sommes toujours ensemble, et l'arrivée se profile, l'arche de la ligne à 200 mètres, je veux sprinter, je n'ai jamais terminé de course sans sprinter, mais là c’est impossible, je suis à fond depuis combien de temps? Et elle est derrière, je ne veux pas la lâcher. Je regarde à gauche, elle n'est plus là.... je passe le tapis, je déclenche le chrono. 3h29mn50.s. Je me retourne, elle est à droite, nos regards se croisent, je murmure "merci". Elle ne dit rien. S'est-elle seulement rendue compte de ce qu'elle a fait pour moi? C'était Inès Baumgartner, arrivée 2 s après moi.
La suite n'est qu'une longue récupération, entrecoupée de larmes.
J'ai tout donné, quelqu'un m'a aidé, j'ai réussi. Je ne voulais pas faire au-dessus de 3h30.
J'ai rejoins les copains le dernier des 4, mais j'ai fais le meilleurs temps. 3h35 pour 2 d'entre eux et 3h 48 pour le 4° qui a souffert de crampes sévères au 40°. Quand à Laurent, 5h18 pour un calvaire de 10km en 2 heures, chapeau Laurent ! TU referas mieux.
Nous sommes lundi, et j'ai récupéré bien plus facilement que je ne l’espérais, je reviendrais sur le marathon, car j'ai le secret espoir de faire moins de 3h. Et quand je veux quelque chose......si j’ai un peu de chance…..


Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris par Bill_Boquet (membre) (164.129.1.xxx) le 12/04/05 à 15:49:39

Très beau récit mimi, merci pour ces qq minutes d'émotion et bravo pour ta perf ... et celle d'Inès ;-)

Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris par paulo (invité) (invité) (83.179.38.xxx) le 13/04/05 à 18:31:29

Un coup de chance.... en plus de l'effort, pour un début, c'était gratiné... salut à toi.

Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris par manu95 (membre) (62.8.24.xxx) le 14/04/05 à 10:06:07

Faut inviter Ines sur le forum ;-)

Belle perf

Bravo

Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris par olleyna (membre) (192.85.50.xxx) le 14/04/05 à 10:47:36

super recit ! un grand moment qui restera gravé dans ta memoire ... vivement que je tienne 42 km pour savoir ce que tu as pu ressentir !

merci a ines aussi !!!

Ines m'a aidé a atteindre mon objectif à paris par Jedirunner (membre) (62.34.138.xxx) le 14/04/05 à 14:11:22

Mimi = NASA !
Vive les blondes !!!

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