les effets du sport sur l'anxiété et la dépression

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les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par Yvan (invité) (81.251.14.xxx) le 13/01/06 à 18:53:08

Que pensez vous de cet article ? suprenant non ?

http://www.cflri.ca/pdf/f/dr9407.pdf

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par MariedeLyon (membre) (86.202.194.xxx) le 13/01/06 à 19:10:16

Je viens de lire cet article :
Surprenant ? pas vraiment, car, on se rend compte soi-même, par la pratique régulière de la cap, de ses bienfaits physiques et mentaux.
Mais, comme le souligne l' article, il ne faut pas d' abus (surentrainement ou compétitions++), car, sinon, l' effet s' inverse.
C 'est sans doute une bonne chose que certains se penchent sur les côtés positifs de l' exercice physique, dans un but d' améliorer les états d' anxiété ou de dépression, qui sont légion dans notre société moderne.
Je trouve que les "chercheurs" ont mis du temps à découvrir ça, ils sont peu observateurs ou végètent un peu, non ?.
Ils n' avaient qu' à nous demander, on leur aurait vanter les mérites du sport !!!

Voilà
Marie

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par alainP (membre) (82.226.222.xxx) le 13/01/06 à 20:26:05

Tout à fait d'accord avec toi, MariedeLyon.
Cela explique aussi pourquoi la pratique d'une activité physique ( la CAP par exemple ? ) est un excellent accompagnant de l'arrêt du tabac : Outre la question du poids et l'aspect valorisant de la redécouverte de ses capacités, l'exercice permet aussi de prévenir d'éventuels épisodes dépressifs liés au sevrage.
Finalement, la CAP, y'a pas mieux ... :))))

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par poulpe (membre) (81.66.124.xxx) le 13/01/06 à 21:16:12

Chez moi c'est l'effet inverse: Tout ces programmes d'entrainement avec des séances VMA, des séances en côtes pour s'améliorer... pfff ça me déprime!-)

P

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par Yvan (invité) (83.201.113.xxx) le 13/01/06 à 23:46:28

Le passage qui m'a impressionné c'est les ahlèttes de haut niveau qui peuvent déprimer à l'arrêt de leur sport

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par julien (invité) (83.202.3.xxx) le 14/01/06 à 08:04:39

Oui, c'est vrai que l'arrêt d'un sport intensif peut être déprimant. Par contre, c'est pas récent que les chercheurs parlent des bienfaits du sport. Je me souviens d'émission à la télévision qui en parlait voici déjà 20 ans. Je me rappelerai en plus de l'image positive que l'on dégage quand on en fait. Je me rappelle du papa d'un ami qui courrait tous les matins 10 km au parc monceau. Je peux vous dire qu'il avait beaucoup de succès avec les mamans du quartiers. Je pense qu'il a du en profiter. Comme quoi le sport lui remontait le morale ^-^.

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par nono (invité) (79.88.209.xxx) le 13/12/10 à 21:37:10

experience perso
sportif depuis plus de 20 ans,j'ai arrété completement le sport 5 mois pour le boulot (travail de nuit et nombreuse heures supplementaires entre 12 et 15 heures par jours et quelques samedi dimanche aussi)et depuis malheurement,cette saleté de maladie m'ai tombé dessus,et on la voit pas arriver...
cela fait maintenant 18 mois que je me bat(entre pleurs , douleurs physique et moral,angoisse)..une vrai loque...vous me direz..reprend le sport!mais ca marche pas comme ca..la volonté ne fait pas tout.. cette maladie est un poison..
si quelqu'un est deja passé par la ,j'aimerai savoir comment il s'en ai sorti...
merci
j'espere que ce message ne sera pas supprimé...
merci

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (90.36.232.xxx) le 13/12/10 à 22:03:01

Sans en être arrivé à un niveau très bas en ce qui me concerne mais il serait bon - indépendamment d'un suivi psychologique possible!- de reprendre plusieurs activités sportives douces associées à l'écriture de ce que l'on a en projets et de ce que l'on a effectivement fait.
ce que j'ai fait :
Avoir de projets est quelquechose qui ressource : une très longue marche -sur plusieurs semaines si c'est possible ?- par exemple ou alors des activités physiques très diverses seul ou en groupe ( de préférence ) pour reprendre gout à la compétition et l'oubli de soi dans de nouveaux défis
Courage ! il faut t'accrocher et tout reviendra comme avant car il y a tant de choses à faire et à découvrir !!!

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par Tullio (membre) (81.57.47.xxx) le 13/12/10 à 22:15:47

Nono, essaye la piscine pour recommencer.

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par valdes (invité) (78.123.112.xxx) le 13/12/10 à 22:26:23

En psychiatrie, lorsque l'on en a les moyens, on obtient de meilleurs résultats avec les patients dépressifs en leur faisant faire de la relaxation, du yoga, de la gymnastique, de la natation, de la randonnée, de la course à pieds. Evidemment, c'est un plus long qu'un traitement chimique et cela demande du temps et de la disponibilité (en personnel notamment) mais les résultats sont de meilleurs qualités qu'avec la seule prise de psychotropes qui ne sont jamais sans conséquences sur l'organisme humain (prise de poids, somnolence, difficulté de sevrage, ...)

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (79.88.209.xxx) le 13/12/10 à 22:29:48

merci,je sais que la reprise du sport m est indispensable pour m'en sortir.il va falloir que j'arrive a me bouger,a ma mettre un coup de pompe au cul..

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par BRACASSE (invité) (92.136.154.xxx) le 13/12/10 à 23:29:40

Bonsoir NONO

C'était en 1974, j'avais 35 ans, le nez dans le bouleau, je n'ai rien vu venir un matin réveil avec l'angoisse : 18 mois d'arrêt dont 6 de clinique psychiatrique.

Départ à zéro et 12 ans après en 1986 grâce au BIPEDE rencontre avec BOXBERGER lors d'un stage (je n'avais jamais couru) il me donne un conseil : ne reste pas seul va dans un club.

Depuis j'ai tout fait de la piste aux 100 bornes en passant par le marathon (72)les trails les courses de montagne les raids.

Tu es actuellement obligé de faire le dos rond mais crois moi tu vas en sortir c'est absolument sûr d'autant plus que tu n'as absolument pas perdu ton passé sportif : il est là surtout ne reste pas seul reviens doucement très doucement sur la piste crois moi c'est imanquable çà va le faire

COURAGE à +

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (79.88.209.xxx) le 14/12/10 à 07:11:06

merci a tous

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par Poopª (invité) (86.215.183.xxx) le 14/12/10 à 07:34:17

"pour le boulot (travail de nuit et nombreuse heures supplementaires entre 12 et 15 heures par jours et quelques samedi dimanche aussi)et depuis malheurement,cette saleté de maladie m'ai tombé dessus"

Bah! t'as eu un gros de fatigue, c'est pas comme si tu avais une maladie psy bien ancrée, tu vas t'en sortir, et remettre des dossards...

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par itti (invité) (194.254.28.xxx) le 14/12/10 à 09:32:28

je n'ai pas eu de dépression, mais de l'avis de ceux qui sont passés par là, ce livre est un très bon témoignage :
Tomber sept fois, se relever huit de Philippe Labro.

Courage,

Thierry

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (79.88.209.xxx) le 14/12/10 à 12:30:34

merci a tous pour vos messages moral.
la clef de mes soucis est la..reprendre confiance en moi,oublier mes peurs,mes pleurs,mes douleurs physique et spychologique.
je suis le seul maitre de ce combat,personne n'y changera rien,ni ma femme ,ni mes enfants..il faut se battre,mais putain,que c'est dur...
merci encore

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par nyda (invité) (77.233.126.xxx) le 14/12/10 à 13:22:26

tout tunnel a une issue ..si tu regardes bien, tu en verras la lumière ! regardes bien .. mais c'est vrai , il faut le passer ce tunnel qui paraît toujours trop long ! la volonté ne peut venir que de toi , mais ce qui est vrai, c'est que la course à pied a un effet bénéfique sur le stress .. voir la dépression , ! du fait des hormones de bien être qu'elle favorise ; alors , mets tes baskets, et sors .. un petit peu au début , puis de plus en plus longtemps ! plus tu vas courir et plus le bout du tunnel se rapprochera ! c'est ce que je te souhaite , avec peut-être l'aide d'un bon medecin si tu le juges nécéssaire; courage .. mot facile à dire! difficile dans la pratique ... JE TE LE DIS QUAND MËME et accroches toi ..

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par trape (invité) (82.127.65.xxx) le 14/12/10 à 14:47:05

Ceci est extrait d'un rapport d'expertise de l'Inserm de 2008.

Santé mentale
Au cours des 30 dernières années, l’intérêt envers la santé, l’activité physique,
le bien-être, la qualité de vie et les processus psychologiques qui s’y
rapportent s’est accru. Les travaux dans ce domaine sont aujourd’hui relativement
nombreux même si la plupart des manuels de psychologie sportive
(Weinberg et Gould, 1997 ; Buckworth et Dishman, 2002 ; Cox, 2005 ;
Famose, 2005) ne traitent ces aspects qu’à la marge ; l’essentiel de la psychologie
sportive étant focalisé sur la préparation à la performance.
Un seul ouvrage, à notre connaissance, approfondit la question de l’amélioration
de la santé mentale par la participation à des activités physiques
ou sportives sous le titre « Physical Activity and Psychological Well-Being »
(Biddle et coll., 2000).
Le problème de la santé mentale des populations est de plus en plus prégnant.
Une étude du Health Survey of England considérait en 1995 que
20 % des femmes et 14 % des hommes avaient souffert à un moment de leur
vie de troubles mentaux et estimait qu’un adulte sur 7 serait touché par des
troubles psychologiques. Une méta-analyse récente (Ustun et Kessler, 2002)
à partir des données épidémiologiques de l’OMS, de la banque mondiale et
de l’école de Santé publique de Harvard University, de l’étude du Global
Burden of Disease (GBD), souligne que les troubles neuropsychiatriques figurent
parmi les cinq premières causes d’incapacité. La forme « dépression »
(troubles de l’humeur) explique par elle-même 10 % de la déficience.
La dépression deviendra-t-elle d’ici 2020 la deuxième maladie en terme
d’incapacité et de dépenses en santé publique ?
On observe par ailleurs une sensibilisation croissante du grand public aux
troubles mentaux et à la santé mentale. Ce phénomène s’explique par une
meilleure information médicale et par une prise de conscience des dimensions
du corps et du psychisme en dehors de la maladie. Le « capital santé »
et parallèlement le capital « santé mentale » deviennent de nouvelles
valeurs et de nouvelles finalités vers lesquelles les individus doivent tendre.
Dynamisme, motivation, compétitivité, adaptation sont des ressources psychologiques
à acquérir ou conserver le plus longtemps possible. Dans ce contexte,
l’activité physique devient un moyen pour préserver sa santé (définie
par l’OMS comme un état d’équilibre physique et psychologique).
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
510
L’activité physique et/ou sportive apparaît donc de plus en plus comme un
facteur :
• d’équilibre par une compensation de la sédentarité ;
• de bien-être ;
• de prévention de certaines maladies mentales et troubles psychiques ;
• de lutte contre les difficultés psychologiques inhérentes à la condition
humaine ;
• de thérapie principale ou secondaire pour certains troubles psychiatriques ;
• de réhabilitation sociale des personnes présentant des déficiences (affectives,
cognitives, motrices) et d’amélioration de leur qualité de vie.
Cette perspective explique, pour une part, l’augmentation globale des pratiquants
d’activités physiques sur les 10 dernières années (de 74 % à 84 % de
la population française) et d’autre part la prise en compte de la santé comme
seconde motivation de la population française pour la pratique sportive
(59,6 % des réponses en 2000 ; Guilbert et coll., 2001).
Par ailleurs, notons que cette pratique touche également aujourd’hui les personnes
présentant un handicap physique ou sensoriel licenciés à la Fédération
Française Handisport, des retards intellectuels ou une maladie mentale
licenciés à la Fédération Française du Sport Adapté, ou des troubles psychiques
consécutifs à une maladie chronique pris en charge par les réseaux de
santé (Moullec et coll., 2007).
Pour mesurer à la fois le chemin parcouru et la lenteur de la prise en compte
du rôle des activités physiques sur la santé mentale, rappelons que l’utilisation
du sport dans la réhabilitation des blessés médullaires a été prônée par
Guttmann dès 1944 (Guttmann, 1976) et l’utilisation du sport comme psychothérapie
en 1965 (Sivadon et Gantheret, 1965). Aujourd’hui, malgré un
large consensus théorique sur les bénéfices que peut apporter l’activité physique
pour des populations de plus en plus sédentaires, en souffrance psychique,
avec des troubles psychiatriques, ou en situation de réinsertion sociale,
son utilisation reste plutôt un voeu pieux qu’une réalité dans les services psychiatriques,
de rééducation, de réadaptation (Biddle et coll., 2000).
On peut se demander si ce manque de véritable reconnaissance de la part
des personnels médicaux et paramédicaux, des responsables de la santé, ne
vient pas, pour une part, du manque de travaux scientifiques apportant la
démonstration de son efficacité, traitant de la manière de l’utiliser (effet
dose-réponse)… ou même de la faible diffusion de ces travaux auprès des
acteurs de santé publique. Notre objectif sera donc d’analyser la littérature
scientifique internationale récente pour en faire la synthèse et dégager les
résultats acceptés, les insuffisances de preuves et les axes de recherche à
intensifier.
Ce chapitre traite en premier lieu les travaux portant sur les répercussions de
l’activité physique sur l’anxiété et le stress. Puis sont analysées les recherches
sur les effets des pratiques physiques ou sportives sur la dépression, les
Santé mentale
511
ANALYSE
troubles psychiatriques graves (autisme, schizophrénie) et les répercussions
sur des populations présentant des troubles du comportement, des déficiences
intellectuelles et motrices.
Les motivations pour la pratique physique et sportive, les effets psychopathologiques
du sport de haut niveau et les problématiques de fin de carrière
sont abordés en fin de chapitre.
Activité physique, anxiété et stress
Spielberger (1966) distingue l’anxiété d’état qui est « une condition émotive
temporaire, en constante évolution, dans laquelle on ressent subjectivement
et consciemment une appréhension et une tension, associées à une réduction
du système nerveux autonome », de l’anxiété de trait qui est « une disposition
comportementale à percevoir une menace dans des situations objectivement
sécuritaires et à y réagir par une anxiété disproportionnée ». L’anxiété de trait
et l’anxiété d’état sont très souvent associées. Le stress souvent relié à
l’anxiété se définit comme « un déséquilibre » substantiel entre les exigences
physiques ou psychologiques et l’aptitude à y répondre dans des circonstances
où l’échec a d’importantes conséquences (McGrath, 1970). Ces traits et états
psychologiques sont mesurés par des tests de personnalité et des échelles spécifiques
(MMPI, 16 PF Cattell, Profile on Mood States, Spielberger Trait-state
Anxiety Inventory, Cognitive-Somatic Anxiety Questionnaire, Inventaire
d’anxiété compétitive de Martens…).
Landers et Arent (2001) soulignent qu’il y a eu, entre 1991 et 1994, 6 métaanalyses
portant sur 159 articles publiés traitant des relations entre la pratique
d’une activité physique et la réduction de l’anxiété, qui ont été repris
dans une méta-analyse de synthèse (Landers et Petruzzello, 1994). Ces
6 méta-analyses concluaient toutes que l’exercice physique était significativement
associé à la réduction des traits d’anxiété et à ses indicateurs physiologiques.
Les niveaux de preuve étaient considérés comme faibles ou
modérés (Effect size, ES=-0,15 à -0,56). Il apparaît dans cette synthèse que le
niveau de réduction d’anxiété est principalement constaté au niveau des
populations en faible condition physique et avec un haut niveau d’anxiété
(ES=-0,55) mais que cette diminution touche également la population présentant
des valeurs normales aux tests (ES=-0,34). Ces conclusions sur les
effets au niveau de la population non anxieuse ont été fortement contestées
par Ragling (1997) qui met en avant les nombreux artéfacts méthodologiques.
Les résultats actuels montrent que les effets anxiolytiques varient en
intensité en fonction de l’anxiété initiale des sujets. Chez les individus non
anxieux, les effets de l’activité physique se feraient sentir au niveau de l’état
d’anxiété (Petruzzello et coll., 1991 ; Raglin, 1997) et seraient constatés
30 minutes après le début de l’activité ; ils se prolongeraient une heure après
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
512
l’arrêt de l’activité et persisteraient pendant 2 heures. La réduction de
l’anxiété d’état par les exercices aérobie serait comparable à celle obtenue
par la relaxation ou un repos dans le calme (Youngstedt et coll., 1997).
Selon Garvin et coll. (1997), la réduction d’anxiété d’état dure tout le temps
de l’activité.
Si la réduction de l’anxiété d’état est retrouvée dans la plupart des travaux,
l’intensité de l’activité nécessaire ou minimale pour produire des effets est
très discutée. Il apparaît aujourd’hui que cette réduction est plutôt corrélée
avec un exercice d’intensité modérée ou faible (Landers et Petruzzello,
1994). Inversement, les travaux expérimentaux ont mis en évidence une
augmentation de l’anxiété suite à des programmes de forte intensité et de
type aérobie pour des sujets de faible condition physique (Bartholomew et
Linder, 1998 ; Tieman et coll., 2002 ; Bowden et coll., 2005). L’intérêt des
activités de type aérobie mis en évidence par Petruzello (1995) a été remis
en question par Bartholomew et Linder (1998) qui ont mis en évidence le
même niveau de réduction de l’anxiété d’état par un travail de renforcement
musculaire. L’effet dose-réponse semble varier en fonction des niveaux de
condition physique et du style de vie des populations (Tieman et coll.,
2002).
De même, le rôle de l’environnement, de la perception de compétence, de
l’âge et du sexe sur les résultats a été largement souligné (Bond et coll.,
2002 ; Marquez et coll., 2002 ; Focht et Hausenblas, 2003) complexifiant
encore les conclusions à avancer.
On peut cependant souligner que cette anxiété d’état est fortement diminuée
chez les sujets pathologiques présentant une anxiété forte ou modérée
comme le confirme la méta-analyse de Landers et Petruzzello (1994).
Broocks et coll. (1998) montrent qu’après un programme de 10 semaines, la
réduction d’anxiété est plus importante dans le groupe « exercice » que dans
le groupe traité par médicament et dans le groupe placebo. Le faible nombre
de travaux portant sur les populations présentant des psychopathologies
graves ne permet pas de conclure définitivement que l’activité physique peut
être prescrite comme une thérapie en elle-même pour toutes les populations
anxieuses mais conduit à proposer fermement l’activité physique comme
« thérapie complémentaire ».
En résumé, il est clair que l’anxiété d’état constatée avant la pratique sportive
décroît rapidement après environ 20 min d’exercice, entraînant un état
de relâchement et de bien-être qui persiste durant et après l’activité. L’exercice
physique d’intensité modérée apparaît bien avoir un effet à court terme
sur des états d’anxiété chez des populations non pathologiques ou pathologiques
et peut être utilisé pour diminuer ce vécu. La pratique physique intensive
apparaît au contraire pouvoir déclencher rapidement une augmentation
de l’anxiété d’état et provoquer des réactions de stress chez des populations
anxieuses, en faible condition physique ou âgées (Tieman et coll., 2002).
Santé mentale
513
ANALYSE
Les travaux actuels ne permettent pas de penser que l’activité physique puisse
avoir des effets sur l’anxiété de trait. Quelques recherches avancent que
l’anxiété de trait est diminuée lorsque l’amélioration de la condition physique
est importante réduisant ainsi les manifestations physiologiques face aux
« stresseurs ». L’activité physique ferait fonction d’apprentissage, de coping
actif (résolution de problème) et servirait d’inoculateur de système de défense
(physiologique et psychologique) (Salmon, 2001). En effet, il est bien établi
que les sujets avec une bonne condition physique réagissent mieux aux stress
psychologiques et sociaux et récupèrent mieux après la confrontation à
l’agent stressant au niveau de la tension, de la fréquence cardiaque, du tonus
musculaire… (Gentry et Kobasa, 1979).
Dans une méta-analyse récente, Larun et coll. (2006) analysent les résultats de
16 études concernant 1 191 adolescents sans troubles âgés de 11 à 19 ans. Ils
comparent les groupes actifs pratiquant une activité physique de forte intensité
(3 fois par semaine pendant 20 semaines maximum) au groupe non actif au
niveau des traits d’anxiété. Ils ne trouvent qu’un écart faiblement significatif
(p=0,05) entre les deux groupes. Ils ne mettent pas en évidence la persistance
de cette différence et donc d’effet antidépresseur de l’activité physique sur le
long terme. L’importance du facteur intensité de la pratique ou du type de pratique
en aérobie n’est pas démontrée. L’analyse des quelques travaux portant
sur les populations adolescentes anxieuses ne montre pas de différence entre
groupes actifs et non actifs. L’anxiété de l’adolescent(e) fort complexe, liée en
particulier à la crise de développement corporel, sexuel, identitaire, est différente
de celle des adultes et explique cette spécificité des résultats.
Activité physique et dépression
Proche de l’anxiété, la dépression touche l’image de soi et du corps.
En France, la dépression concerne aujourd’hui 3 millions de personnes de
15 à 75 ans (Morvan et coll., 2005), soit près de 15 % de la population.
De nombreuses investigations ont recherché si l’inactivité était associée à la
dépression et inversement si une pratique régulière était en corrélation avec
un faible score de dépression. Parallèlement, des expériences de thérapies
corporelles ont vu le jour pour traiter la dépression et la pratique sportive est
considérée par certains comme un moyen thérapeutique assez efficace, peu
coûteux et accessible à tous ceux qui ne supportent pas les traitements médicamenteux
ou qui ne veulent pas s’engager dans des psychothérapies.
Population générale
Les études épidémiologiques transversales et longitudinales, nombreuses sur
ce thème (en 2001, Dunn et coll. font état de plus de 1 000 articles), ont
montré que les « actifs » avaient un score plus faible que les « non actifs »
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
514
aux diverses échelles de dépression (Camacho et coll., 1991). Les investigations
ont porté sur des pré-adolescents (Tomson et coll., 2003 ; Annesi,
2005a), des adolescents (Stella et coll., 2005), des étudiants en sport
(Ahmadi et coll., 2002), des étudiants de toutes disciplines (Paffenbarger
et coll., 1994), des athlètes (Backmand et coll., 2003), des adultes sédentaires
(Annesi, 2005b), des femmes en post-partum (Armstrong et Edwards, 2003 et
2004), des adultes en dépression (Babyak et coll., 2000 ; Herman et coll.,
2002 ; Oman et Oman, 2003 ; van de Vliet et coll., 2003 ; Fukukawa et coll.,
2004 ; Brown et coll., 2005 ; Singh et coll., 2005), et des adultes âgés
(Barbour et Blumenthal, 2005). Une seule étude (van de Vliet et coll., 2003)
ne trouve pas de modification du sentiment de dépression chez 29 patients
ayant en complément à leur traitement un programme de thérapie physique.
Citons ici plus particulièrement les travaux de Farmer et coll. (1988) qui ont
fait un suivi de 1 497 sujets dépressifs et non dépressifs âgés de 25 à 77 ans sur
8 ans avec un test de dépression (CES-D), un questionnaire d’activité physique
(pas ou peu d’activité physique de loisir, activité modérée ou importante)
et des évaluations physiologiques. L’analyse des interactions entre les variables
« activité physique » et « niveau de dépression » met en évidence une
corrélation entre « absence d’activité physique de loisir » et « dépression » au
niveau de la population non dépressive sans différence entre homme et
femme. Le suivi longitudinal montre une augmentation du score de dépression
chez des populations non pathologiques et sans activité physique de loisir,
avec une différence entre homme et femme. Pour la population féminine,
la pratique d’activité physique apparaît comme un facteur prédictif d’absence
de dépression 8 années plus tard tandis que l’inactivité peut être considérée
comme un facteur de risque. On compte au moins 5 méta-analyses de 1990 à
1998 sur le thème « activité physique et dépression » (Craft et Landers,
1998) dont certaines portent sur plus de 80 publications (North et coll.,
1990). Les effets sont significatifs sur les populations pathologiques mais de
seuil faible (ES=-0,53 à -0,72) : la pratique d’activité physique ponctuelle ou
durable entraîne une diminution du niveau de dépression mesuré par les différentes
échelles ou questionnaires (Beck Depression Inventory, DSM III,
Reasearch Diagnostic Criteria…).
Populations pathologiques
Une récente étude épidémiologique (Harris et coll., 2006) portant sur une
cohorte de 424 adultes dépressifs suivis sur 10 ans souligne qu’à chaque évaluation
(1 an/4 ans/10 ans) un fort niveau d’activité physique est associé à
un faible niveau de dépression (effet=-2,24 ; SE60=0,64, p<0,001) sans que
60. SE=Standard Error (en français, erreur standard)
Santé mentale
515
ANALYSE
les causalités de ce lien soient clarifiées. On constate cependant aujourd’hui
que les patients avec des problèmes médicaux (dépression modérée, cardiopathies,
arthrite) sont motivés pour participer à des activités physiques de
rééducation et sont capables de pratique régulière, ce qui laisse à penser que
c’est l’activité physique proposée qui entraîne un niveau de dépression plus
faible et une adaptation meilleure face aux problèmes médicaux (exercise
coping).
Une synthèse de Lawlor et Hopker (2001) portant sur des populations
pathologiques âgées de plus de 18 ans (à partir de 5 bases de données bibliographiques
informatisées, des écrits connus, et des revues de praticiens) met
en évidence le peu de travaux répondant aux critères stricts de contrôle
expérimental, d’où les réserves portées sur les résultats et les conclusions à
tirer. Sur 77 publications, ils n’ont retenu que 14 d’entre elles considérées
comme présentant une méthodologie « correcte » et pouvant apporter des
éléments de preuve. Onze études portent sur la comparaison entre un groupe
faisant de l’activité physique et un groupe n’en faisant pas sur un suivi de 6 à
12 semaines. Elles concluent toutes à des différences significatives entre les
groupes en fin de programme avec un score de dépression plus faible chez les
« pratiquants » (différence moyenne de -7,3 au Beck Depression Inventory).
Selon les auteurs, « l’activité physique peut être efficace pour réduire, à
court terme, les symptômes de dépression chez certains patients
volontaires ». Mais si le niveau de l’indicateur de dépression constaté dans le
groupe des « actifs » par rapport à ceux qui ne font pas d’exercice est plus
faible, ce score, qui porte sur les symptômes, n’a pas toujours de répercussions
cliniques visibles pour les médecins, ni pour les patients dans leur vécu.
La diminution de l’indice d’anxiété n’a pas forcément de retentissement sur
la vie quotidienne.
Deux études étudient le vécu des patients en relation avec leur implication
dans des activités physiques et elles ne mettent pas en évidence de différence
de vécu par rapport à leur état dépressif entre les pratiquants et
le groupe témoin. Le problème méthodologique concernant l’évaluation de
la santé physique par les tests ou par l’analyse de la souffrance ressentie, par
la qualité de vie subjective, reste posé (Faulkner et Biddle, 2004).
Les auteurs abordent ensuite les travaux comparant les différentes interventions
auprès des malades. Dans six études retenues, ils analysent l’évolution du
niveau de dépression d’un groupe faisant de l’activité physique avec un groupe
suivant le traitement prescrit (psychothérapie comportementale, psychothérapie
brève, psychothérapie classique, relaxation, médicament, mixte). Les
résultats montrent des différences significatives entre le groupe « exercice » et
les autres groupes : « thérapie cognitive » (3 expérimentations), groupe traité
par médicaments (1 expérimentation) et psychothérapie. Une seule publication
ne trouve pas de différence. De même, Blumenthal et coll. (1999),
Lawlor et Hopker (2001), Brosse et coll. (2002) et Knapen et coll. (2005) ne
trouvent pas de différence entre le groupe pratiquant de l’activité physique et
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
516
le groupe en psychothérapie cognitive dès les premières semaines et constatent
un même niveau de dépression quelle que soit la forme de prise en charge
à la fin d’un suivi de 3 à 4 mois.
Sur l’ensemble des travaux examinés, le type d’exercice ne semble pas jouer
un rôle prépondérant sur la dépression mais l’environnement paraît important
(présence d’un coach individuel ou pratique en petit groupe). La réduction
du score est particulièrement visible sur les dépressions de base de
niveau faible ou modéré et les effets semblent se réduire avec le temps.
On constate que les suivis des populations expérimentales sont de courte
durée (12 semaines environ) et que peu de travaux abordent la question de
la durée et de la variabilité des effets. Seul Babyak et coll. (2000), au cours
d’un suivi longitudinal de 6 mois, a montré que le groupe « actif » a moins
de rechutes ou que ces rechutes sont modérées.
Une dernière méta-analyse de Pedersen et Saltin (2006) confirme que
l’ensemble des travaux est trop hétérogène au niveau des groupes, des pratiques,
de la durée, des traitements, pour pouvoir conclure que l’activité physique
est un traitement de la dépression plus efficace en comparaison avec
d’autres protocoles. Ils admettent cependant les effets très positifs de l’activité
physique sur la dépression qui sont synthétisés dans le tableau 21.I.
Tableau 21.I : Arguments pour la prescription de l’activité physique dans le
cas de la dépression (d’après Pedersen et Saltin, 2006)
Il existe donc un consensus que partagent les chercheurs et les praticiens sur
le rôle que peut jouer l’activité physique au niveau des répercussions négatives
de la dépression : inactivité, isolement, baisse de l’estime de soi, trouble
de l’image du corps, inquiétudes somatiques… Sur l’ensemble de ces répercussions
secondaires, il est évident que l’activité physique peut jouer un rôle
majeur et limiter les inadaptations donc améliorer la qualité de vie des
patients. Pour ces raisons, les psychiatres recommandent parallèlement aux
traitements classiques, des activités physiques de loisir et d’intensité modérée
en petits groupes ou avec un accompagnement individuel.
Ces conclusions positives au niveau des adultes ne peuvent pas être avancées
aussi clairement au niveau d’une population adolescente. Dans une
méta-analyse récente, Larun et coll. (2006) ne trouvent que 5 études por-
Effets bénéfiques Forte preuve Preuve modérée Preuve limite Pas de preuve
Pathologie 
Symptômes, troubles secondaires 
Condition physique 
Qualité de vie 
Santé mentale
517
ANALYSE
tant sur une population d’adolescents dépressifs et ne trouvent pas de différences
entre les effets de la pratique d’une activité physique de type aérobie
de faible intensité et d’autres prises en charge comme la relaxation, ou des
groupes de discussion…
Dunn et coll. (2001 et 2005) ont en particulier tenté de dégager dans un
programme d’activité physique les conditions nécessaires pour réduire
l’anxiété et la dépression dans une population adulte sans pathologie ou sous
traitement. À partir d’une méta-analyse, elle avance les conclusions suivantes
qui font figure de référence (tableau 21.II).
Tableau 21.II : Recommandations pour un programme d’activité physique
pour les personnes anxieuses ou dépressives (Dunn et coll., 2005)
Il est important de noter que les déprimés peuvent certes participer aux activités
physiques et sportives mais la dépression étant associée à un ralentissement
psychomoteur, à un symptôme de fatigue et à une incapacité d’action
(Widlöcher, 1981), ces sujets n’iront pas volontairement vers une activité,
ou alors l’abandonneront très vite. Il apparaît donc essentiel d’accompagner,
de « coacher » ces sujets individuellement ou en petits groupes.
Les mécanismes d’action de l’activité physique sur la dépression sont très
discutés, certains auteurs argumentent sur l’importance des facteurs psychologiques.
Selon Craft (2005), c’est le développement du sentiment de compétence
qui est le facteur prépondérant, suivi de l’effet de distraction par
rapport au quotidien, ces deux facteurs évoluant positivement dès la
3e semaine de pratique pour une population féminine présentant une dépression
sévère. Lawlor et Hopker (2001) mettent également en avant l’importance
des facteurs psychologiques (regard positif des autres, rupture par
rapport aux pensées négatives, nouvel apprentissage, rencontre avec les
autres). La diminution de l’anxiété vis-à-vis du corps serait parallèlement
explicative de l’évolution de la dépression.
Selon Galper et coll. (2006), les facteurs physiologiques sont prépondérants
et l’amélioration de la condition physique est le point de départ de ces évolutions.
Les endomorphines et la concentration de monoamine sont également
en jeu ainsi que les sécrétions hormonales mobilisées par le stress
(cortisol, catécholamine) (Nabkasorn et coll., 2006). Pour Salmon (2001),
Travail en aérobie ou non aérobie
Trois fois ou 5 fois par semaine
Intensité modérée : 17,5 kcal/kg/semaine, séquences de 30 min
Engagement>12 semaines (effet à partir de 8)
Travail en petit groupe ou avec un coach individuel
Pratique>30 min (réduction de l’anxiété d’état 30 min après le début de l’exercice)
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
518
les facteurs agissant sont multifactoriels et varient en fonction du type
d’activité, de l’intensité de pratique, de la durée, de la présence d’autres participants,
de spectateurs…
Ces méta-analyses nous engagent à réfléchir sur les problèmes méthodologiques
qui limitent les conclusions à avancer et que l’on va également retrouver
dans presque tous les protocoles concernant des personnes présentant
des déficiences ou des troubles mentaux :
• au niveau du diagnostic : difficultés de diagnostic, troubles associés,
homogénéité des groupes présentant une psychopathologie, constitution de
groupe expérimental et de groupe témoin ;
• au niveau du recueil et du traitement des données : évaluation non anonyme
(médecin traitant, sujet lui-même, professeur d’activités physiques
adaptées (APA), malades volontaires, pas de groupe témoin possible, groupe
témoin non clinique recruté sur appel ou rétribution, pas de tirage au sort
des sujets expérimentaux, placebo, petits groupes, traitements statistiques
simples ;
• au niveau des caractéristiques de l’activité physique : activités physiques
peu précisées (marche, course, sport, loisir), protocoles d’entraînement peu
décrits (intensité, fréquence, durée), effets dose-réponse non recherchés.
Tous ces artéfacts connus et difficilement maîtrisables entraînent une forte
distorsion entre le consensus des praticiens et la réserve des chercheurs. Soulignons
que nombre de travaux ne sont pas publiés dans les revues scientifiques
en raison de conditions expérimentales « non standards » et ne
contribuent pas à l’administration de la preuve.
Dans certains pays comme la Belgique ou l’Allemagne, la psychothérapie par
l’activité physique est reconnue par le système de soins pour des personnes
présentant des symptômes de dépression et d’anxiété et constitue une prise
en charge appréciée (peu chère, peu d’effets secondaires, évolution rapide
des comportements et bénéfices secondaires importants).
Une autre dimension de l’identité très liée au niveau d’anxiété et de dépression
a été largement étudiée isolément, c’est « l’estime de soi ».
Activité physique et répercussions psychologiques
chez les personnes présentant des déficiences
ou troubles mentaux
Les personnes présentant des déficiences mentales ou des troubles psychologiques
ont été longtemps stigmatisées et mises à l’écart des activités culturelles,
sportives, de loisirs de la société. Le droit à l’éducation et aux loisirs des
personnes handicapées a été rappelé en France par la loi du 15 décembre
1975 et l’égalité de leurs droits par celle du 11 février 2005. La loi du 1er août
Santé mentale
519
ANALYSE
2003 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et
sportives et le récent code du sport (2006) soulignent que la promotion des
activités physiques et sportives pour tous, notamment pour les personnes
handicapées, est d’intérêt général.
Activités physiques et troubles cognitifs
On sait que le vieillissement provoque en particulier des troubles cognitifs
au niveau de la mémoire immédiate, de la concentration, des capacités de
raisonnement. Les raisons de ces dysfonctionnements cognitifs sont maintenant
connues : ils sont dus à une mauvaise circulation sanguine, une faible
oxygénation du cerveau, une modification du niveau des neurotransmetteurs.
On soutient donc la thèse de l’amélioration de l’oxygénation du cerveau
avec ses répercussions sur la mémoire par une pratique régulière
d’activité physique (Boutcher, 2000). Dans une méta-analyse portant sur
134 études, Etnier et coll. (1997) concluent à un effet probant de l’activité
physique chez les personnes âgées au niveau de la capacité de réaction, de la
mémoire, du raisonnement. L’effet global de l’exercice physique est faible
(ES=0,29 mais significatif au seuil p&#8804;0,05) sur l’amélioration du fonctionnement
cognitif. Les travaux portant sur un nombre important de sujets
(Blumenthal et coll., 1991 et 1999) soulignent la corrélation entre l’augmentation
des capacités aérobies et l’augmentation des performances cognitives.
D’autres pistes explicatives sont envisagées comme la stimulation du
système nerveux central, l’amélioration du système vasculaire et cardiaque,
la stimulation sociale. Les derniers travaux constatent aussi bien des effets à
court terme qu’à long terme. De là, certains auteurs considèrent que l’activité
physique est un élément de prévention contre la maladie d’Alzheimer
(risque divisé par 5 sur 818 sujets de 65 ans suivis pendant 7 ans : Yoshitake
et coll., 1995) et globalement toutes les démences liées à l’âge (Wang
et coll., 2006).
Activités physiques et déficiences intellectuelles
La participation aux activités physiques et surtout sportives n’apparaissait pas
de soi avec une population souffrant de difficulté d’analyse, de socialisation,
avec des troubles moteurs associés (dystonie, incoordination, obésité).
On s’est souvent contenté de vouloir simplement améliorer leur condition
physique (Montgomery et coll., 1988) ou de leur proposer des exercices de
psychomotricité dans les établissements spécialisés. C’est à l’initiative
d’Eunice Kennedy Shriver qu’un large mouvement international pour la participation
des personnes déficientes mentales aux activités physiques et sportives
se développe. Ce mouvement international s’est concrétisé en 1970 à
Paris par les premiers jeux sportifs d’été puis par la création en 1971 de la première
Fédération française d’éducation par le sport des personnes handicaActivité
physique – Contextes et effets sur la santé
520
pées mentales (1971) devenue en 1983 la Fédération française du sport
adapté. Aujourd’hui dans le monde, les personnes souffrant de déficience
intellectuelle légère, moyenne, voire même profonde, s’engagent dans des
activités physiques de loisirs ou de compétitions, certains participant même
aux jeux olympiques. Une récente revue de la littérature à partir de
801 publications (Temple et coll., 2006) portant sur la mesure du niveau
d’activité d’adultes déficients intellectuels montre cependant que moins d’un
tiers sont suffisamment actifs pour en tirer des bénéfices pour leur santé.
Parallèlement au développement de ces pratiques, qui restent encore trop
faibles au niveau des adultes, des travaux de recherche ont vu le jour portant
en particulier sur l’amélioration de l’estime de soi des adolescents par l’engagement
dans les activités physiques et sportives de plus en plus développées
dans les institutions et dans les situations de loisirs.
Le sentiment de compétence physique varie en fonction des déficiences de
certaines populations ; ainsi, des élèves présentant une déficience intellectuelle
légère et placés en institut médico-éducatif (IME) français depuis au
moins une année déclarent paradoxalement un niveau élevé de compétence
physique perçue par rapport aux élèves de classe ordinaire du même âge.
Cette « illusion de compétence physique » est d’un niveau plus faible s’ils
restent en milieu scolaire ordinaire (Ninot et coll., 1999). Dans une autre
étude, les garçons de 11 à 16 ans présentant des troubles du comportement
(sans déficience intellectuelle associée) et placés en institut de rééducation
montrent une faible estime de soi comparés à des adolescents de collège
ordinaire ou de classes spécialisées (Maïano et coll., 2004a).
L’impact de la pratique sportive pour des adolescents présentant des déficiences
intellectuelles n’apparaît pas distinctement. Ninot et coll. (2005a),
sur un suivi longitudinal de 32 mois, ne constatent pas d’évolution de
l’estime globale de soi de jeunes filles pratiquant du basket-ball ou de la
natation quelle que soit sa forme compétitive, intégrée ou inter-handicapée,
malgré des performances motrices significativement améliorées. Les groupes
pratiquant en contexte intégré (rencontres du sport scolaire) présentent
une baisse légère mais statistiquement significative du sentiment de compétence
physique. Maïano et coll. (2002, 2004b, 2007) confirment sur une
population de 24 déficients mentaux suivis sur 1 an dans leur pratique de
basket-ball le peu d’évolution du sentiment de compétence physique.
Ce même auteur, à partir d’un protocole équivalent, ne trouve pas d’effet
sur la perception de soi « physique » (physical self) d’une pratique sportive
régulière sur 11 mois de la part de jeunes présentant des troubles du comportement.
Si les élèves déficients intellectuels restent placés en milieu
scolaire ordinaire, les travaux montrent alors un gain en condition physique,
une réduction des comportements inadaptés, une meilleure socialisation,
une augmentation de l’estime globale de soi, des sentiments de
compétence à la fois physique et sociale (Ulrich et Collier, 1994 ; Dykens,
1996 ; Sherrill, 1997).
Santé mentale
521
ANALYSE
On doit constater que l’ensemble des recherches porte sur un très petit
nombre de sujets. Cet axe de travail est le parent pauvre des investigations
même si les activités physiques sont un droit et un besoin pour les adolescents
déficients. Les rencontres sportives inter-handicapés doivent être privilégiées
chez les jeunes placés depuis peu en établissement spécialisé ou restés
en structure ordinaire. L’implication dans les activités sportives adaptées
semble tout à fait intéressante pour la motivation, la socialisation, le plaisir
partagé et le regard positif des pairs et des parents. La pédagogie doit être
adaptée (Ninot et coll., 2005b) et la participation aux compétitions accompagnée
psychologiquement. Les rencontres sportives intégrées (mixtes : déficients
légers/non déficients) doivent être privilégiées chez les adolescents
restés plus de 3 à 4 ans dans les instituts médico-éducatifs. Au-delà des rencontres
sportives, trois à quatre séances d’éducation physique par semaine
sont indispensables pour lutter contre trois troubles associés dont la prévalence
augmente fortement chez la population présentant une déficience
intellectuelle et démultiplie les sur-handicaps : l’obésité, la dépression et les
troubles du comportement.
Les recommandations d’activités physiques pour les personnes déficientes
intellectuelles sont les suivantes (Brunet et Ninot, 1999) :
• 3 à 4 fois (50 min) par semaine d’activité physique adaptée obligatoire
d’intensité modérée ou 30 min/5 jours par semaine, ou 30 min/ chaque jour
ou 10 000 pas par jour ;
• entre 8 et 14 ans, rencontres « sport adapté » sur la base du volontariat
(inter-handicapés) ;
• entre 15 et 20 ans, rencontres « intégrées » avec les établissements scolaires
et les associations de proximité ;
• hétérogénéité des publics et spécificité (par exemple : en cas de trisomie
21, il faut proscrire les sports de contacts à cause d’une faiblesse congénitale
des cervicales) ;
• nature et modalités pédagogique et didactique spécifiques pour l’implication
dans l’activité physique (difficultés d’attention, de concentration, de
comportement) ;
• activité physique à faible contrainte spatio-temporelle au début puis plus
complexe vers 16 ans.
Activités physiques et troubles mentaux
Au niveau des populations présentant des troubles mentaux, on constate là
encore le peu de recherches contrôlées et la diversité des résultats. Les bilans
portent sur quelques études de cas de schizophrènes ; Beebe et coll. (10 cas,
2005), Fogarty et Happel (4 cas, 2005), et Callaghan (1 cas, 2004) ne proposant
que des programmes de rééducation axés sur la marche. Les recherches
ne portent pas sur les mêmes facteurs (condition physique, masse
graisseuse, poids, capacités aérobie, symptômes psychiatriques, socialisation).
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
522
McDevitt et coll. (2005) soulignent globalement le mauvais état de santé
des personnes atteintes de troubles mentaux ; l’activité physique permettrait
d’améliorer l’humeur et le fonctionnement psychosocial de ces personnes.
L’étude de Brown et coll. (1999) sur une population d’adultes atteints de
schizophrénie montre que 89 % sont inactifs, 68 % des hommes fument plus
de 20 cigarettes par jour et 21 % boivent ; l’activité physique leur est donc
particulièrement recommandée.
Dans une méta-analyse de 1999, Faulkner et Biddle estiment qu’ils ne peuvent
pas tirer de conclusions sur les effets thérapeutiques de l’activité physique
sur une population schizophrène au regard du faible nombre de
publications (11 dont 4 expérimentalement contrôlées de 1978 à 1998 comprenant
278 patients) et ce malgré les résultats positifs sur l’image du corps,
la dépression, les symptômes, l’état mental. Bien évidemment, l’activité physique
semble être un complément à prôner tant son action sur le plan de
l’amélioration de la qualité de vie semble évidente, sans parler bien entendu
du bénéfice escompté au niveau de « l’économie de la santé » (Tkachuk et
Marin, 1999).
L’intérêt des activités physiques et sportives pour les populations autistes ou
les populations psychotiques a été un thème assez peu abordé (Barthelemy
et coll., 2004) et les travaux mettent plutôt l’accent sur les difficultés et les
dysfonctionnements plutôt que sur les apports moteurs et psychologiques
(Hughes et coll., 1994). Une récente synthèse (Massion, 2006) met en
avant 4 niveaux d’évolution possibles par la pratique d’activités physiques :
la condition physique, l’apprentissage de fonctions sensorimotrices et
cognitives, la socialisation, le plaisir du jeu. Les activités peuvent être réalisées
en institution, en milieu scolaire ou à l’extérieur dans le cadre de loisir
(Boursier, 1996). Therme (1992) a ainsi montré que par la médiation de
l’activité judo, les adolescents autistes développaient une meilleure perception
du corps propre, de ses propriétés et une amélioration de la relation
avec les autres. D’autres activités comme l’escalade (Therme et coll., 1992),
la natation (Yilmaz et coll., 2004) sont fréquemment utilisées. Scott-
Billman (1987) et Lesage (1992) ont développé un courant de danse thérapie
avec les adolescents autistes et psychotiques soulignant les effets sur
l’unification de l’image corporelle, la symbolisation des gestes, l’intégration
dans un fonctionnement groupal. Urréa et Monnier (1999) ont démontré
que malgré une forme d’autisme sévère, une jeune femme avait pu présenter
un spectacle construit, seule et en interaction avec d’autres danseurs.
D’autres activités peuvent être proposées avec des adaptations pédagogiques
mais notons que les activités physiques dans de larges espaces, avec de nombreux
joueurs, demandant des réponses motrices, rapides ou avec des règles
complexes sont difficilement accessibles aux autistes en raison des défauts
de vision dynamique du mouvement et des gestes ralentis. La participation
d’enfants et d’adultes autistiques à une activité commune avec d’autres dans
le cadre d’activités sportives leur procure un sentiment valorisant d’appartenir
à des groupes et permet leur intégration sociale.
Santé mentale
523
ANALYSE
Activité physique comme adjuvant aux traitements
et comme prévention des maladies mentales
Sorensen (2006) dans une enquête par questionnaire portant sur
109 patients hospitalisés pour troubles psychiques souligne combien la pratique
d’activités physiques est une expérience positive pour eux car leurs
symptômes s’estompent durant l’activité ce qui entraîne une forte motivation
intrinsèque. L’intégration de la pratique physique dans leur style de vie
doit être un objectif de développement malgré les difficultés liées à certaines
psychopathologies.
Hausenblas et coll. (2001) soulignent que les recherches montrent que l’exercice
physique peut être combiné avec les différents traitements pharmacologiques
(neuroleptiques, antidépresseurs) et qu’il agit plutôt en synergie qu’en
opposition. Certes, les benzodiazépines peuvent limiter l’activation, l’attention,
la coordination, la performance et de là diminuer la motivation à la pratique
mais il n’y a pas de contre-indications majeures à associer traitement
médicamenteux et activité physique (Martinsen et Morgan, 1997).
L’activité physique est un adjuvant aux traitements classiques pour troubles
psychiques permettant (OMS, 2000 ; Callaghan, 2004) :
• la réduction des symptômes ;
• la réduction des pathologies associées (dont le déconditionnement) ;
• le développement de stratégies actives de coping et d’adaptation en partant
des capacités des sujets (et non de leurs déficits) ;
• la compensation des effets secondaires des médicaments et traitements
(obésité, passivité…) ;
• l’amélioration de la qualité de vie par la réduction du stress.
Elle peut servir de prévention :
• contre les troubles anxieux et les états dépressifs ;
• contre le stress ;
• contre les troubles en gérontologie ;
• contre les troubles cognitifs liés à l’âge ;
• pour la réduction des risques de maladie d’Alzheimer ;
• pour la réduction des risques chez les adolescents (anorexie, suicide…).
Activités physiques et déficiences motrices
Pour les personnes présentant des déficiences motrices, les recherches portent
majoritairement sur les blessés médullaires et la pratique sportive qui est
prônée depuis 1945.
Citons les travaux de Latimer et coll. (2005) qui, sur un groupe de
32 personnes tétraplégiques suivies sur plus de 8 mois, montrent l’évolution
du vécu de stress/dépression – stress/qualité de vie subjective au niveau du
groupe pratiquant un programme d’activité physique de type aérobie et
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
524
renforcement musculaire. Les auteurs attribuent ces changements à une
meilleure perception des compétences et des capacités avec le support du
groupe ou d’un coach personnel. La pratique semble limiter les effets du stress
incontrôlable de la douleur qui est ici dépassé et maîtrisé. Pour toutes les
populations handicapées physiques, l’activité physique apporte un sentiment
de maîtrise du corps (réel ou fantasmé) qui joue un rôle très important sur la
qualité de vie. Les effets ne se matérialisent qu’après 6 mois, ce qui pose la
question de l’entretien de la motivation par le groupe et l’entraîneur. Le
faible nombre de participants à ces expérimentations, qui est le lot de toutes
les recherches qui concernent ces populations, limite les extrapolations possibles
et les conclusions scientifiques comme le soulignent Ginis et coll. (2003)
qui ont étudié l’amélioration du bien-être à partir d’un suivi de
34 tétraplégiques. Bilard et coll. (1995) et Barbin et coll. (1999) ont montré
les répercussions psychosociales du réentraînement à l’effort en centre de rééducation
sur un échantillon de 291 blessés médullaires. Les auteurs démontrent
que les blessés médullaires sportifs reprennent plus vite la pratique
sportive et la continuent comme loisir ou en compétition. Ils ont dans les
5 années post-trauma moins de demandes d’aide médicale et plus d’autonomie
motrice. Les blessés médullaires sportifs ont statistiquement une
meilleure insertion professionnelle (5 ans post-handicap) que les non sportifs.
Brittain (2004) met l’accent sur les représentations sociales du handicap qui
restent « stigmatisantes » et empêchent bon nombre de personnes d’affronter
le regard des autres sur leur corps, leurs déficiences, leurs limites. Or, l’activité
physique oblige à s’exprimer avec son corps sous le regard des autres. Se
pose ainsi la question de l’intérêt de pratiques mixtes (handicapés/non handicapés)
ou spécialisées (entre personnes handicapées). La question a été
étudiée au niveau des adolescents déficients intellectuels par Ninot et coll.
(1999) qui soulignent que les compétitions inter-handicapés ne modifient
pas le sentiment d’estime de soi qui reste « défensivement » survalorisé. Au
contraire, les compétitions intégrées (mixte : déficients intellectuels /non
déficients) entraînent dans une première phase une dévalorisation de
l’estime de soi qui témoigne d’une prise de conscience des compétences réelles
et entraîne un réaménagement des objectifs. La réussite des nouveaux
projets sportifs entraîne dans un second temps une revalorisation du sentiment
de compétence physique puis dans certains cas de l’estime de soi globale.
Déterminants psychologiques d’adhésion à la pratique
Il est évident comme le soulignent Hausenblas et coll. (2001 et 2004), que
la façon dont chacun est perçu ou se croit perçu par les autres va jouer un
rôle important dans l’engagement dans l’activité physique. La pratique physique
est en corrélation négative avec un haut niveau d’anxiété sociale
Santé mentale
525
ANALYSE
physique. Les hommes ont tendance à s’engager pour améliorer leur apparence
physique et diminuer l’anxiété physique sociale alors que les femmes
ont tendance à éviter l’engagement dans les pratiques et la confrontation à
l’évaluation négative. Cette fuite sert à protéger leur estime de soi. Whaley
et Shrider (2005), Newton et coll. (2004), Boyd et Weinmann (2002)
démontrent que l’adhésion à la pratique physique est liée à la perception
qu’ont les individus de leur performance et de leur compétence mais également
de la place que peut jouer l’activité dans leur vie. Cette perception de
compétence est plutôt liée à l’orientation de la motivation sur la réalisation
de soi (sur l’ego) pour les hommes et les femmes.
Les motivations pour la pratique des activités physiques et sportives varient
avec l’âge (Weinberg et Gould, 1997) (tableau 21.III).
L’abandon est lié à différents motifs (tableau 21.IV).
Tableau 21.III : Motivations pour la pratique des activités physiques et
sportives selon le sexe et l’âge (d’après Weinberg et Gould, 1997)
Tableau 21.IV : Motifs d’abandon d’une activité physique et sportive pour les
adolescents de 12-17 ans (Source : Enquête MJS 2001)
Garçons adolescents Filles adolescentes Adultes
Plaisir Plaisir Contrôle de la masse corporelle (perte de poids)
Exploiter ses aptitudes Forme Santé
Améliorer ses aptitudes Faire exercice Bénéfices psychologiques (plaisir, bien-être)
Compétition Exploiter ses aptitudes Estime de soi
Forme Améliorer ses aptitudes Valeur physique perçue (apparence physique
et force musculaire pour les hommes)
Apprendre des techniques Apprendre des techniques Socialisation
Appartenir à une équipe Compétition Motivation d’accomplissement
(implication et persévérance, si orientée vers
la tâche et non sur soi)
Niveau compétition Appartenir à une équipe
Se faire des amis
Motifs d’abandon Pourcentage
Plus de plaisir 37
Pas le temps 21
Pas de progrès 15
Entraîneur pas sympathique 10
N’aime pas la compétition 8
On ne s’occupait que des meilleurs 5
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
526
On peut remarquer que la santé n’est pas une motivation pour la pratique
des jeunes, alors que la santé et la perte de poids deviennent progressivement
des facteurs de plus en plus importants, pour devenir prioritaires à
50 ans.
Risques psychologiques du sport de haut niveau
La pratique sportive de compétition qui concerne une faible partie de la
population n’est pas sans avoir des répercussions psychologiques négatives
(tableau 21.V).
Tableau 21.V : Pratique sportive de compétition et risques psychologiques
Ces troubles sont peu décrits dans la littérature scientifique, les sportifs de
haut niveau n’étant pas suivis d’une manière régulière au niveau psychologique
(contrairement au suivi médical et biologique). La plupart des travaux
portent donc sur les adolescents sportifs (Patel et Luckstead, 2000 ; Purper-
Ouakil et coll., 2002). On constate que les troubles alimentaires (anorexia
athletica) sont plus fréquents chez les adolescents sportifs comparés aux non
sportifs. Sundgot-Borgen (1999) trouve 20 % de cas d’anorexie mentale au
sein des équipes nationales junior et senior norvégiennes, toutes disciplines
confondues. Certains facteurs de risque ont été identifiés : instabilité pondérale,
crainte de la puberté, image du corps négative, angoisse de l’échec…
(Carrier, 1990 ; Carrier et Violette, 1990a ; Carrier et Peytavin, 1992).
Un type de personnalité de certains sportifs de compétition caractérisé par la
restriction des affects avec un fonctionnement psychologique de type
Répercussions psychologiques négatives
Augmentation de l’anxiété d’état (stress, panique en compétition)
Augmentation du trait d’anxiété (échecs répétitifs de la performance)
Augmentation de l’agressivité (intolérance à la frustration), impulsivité
(population avec des troubles du comportement), blessures corporelles (agressivité retournée contre soi)
Apparition de conduites addictives (alimentaires, prises de drogues, addiction physique associée aux troubles
identitaires et de l’image du corps)
Augmentation de la fatigue (anxieux, dépressifs, asthénie)
Burn out (épuisement par refus des limites)
Prise de risque exagérée (engagement dans les sports à risque pour les adolescents)
Dépendance à l’entraîneur
Troubles psychopathologiques (paranoïa, troubles narcissiques, troubles compulsifs, alexithymie,
dépression, troubles psychosomatiques)
Suicides
Santé mentale
527
ANALYSE
« opératoire » (alexithymie) ou de type « narcissique » expliquerait certaines
conduites à risque et psychopathologies spécifiques. Les comportements
à risque sont retrouvés chez les jeunes pratiquant des sports de compétition
avec un entraînement intensif (violence, alcoolisation, consommation de
drogues illicites, prises de risque excessives), ils sont associés au trait de
recherche des sensations et à une faible perception du danger (Michel
et coll., 2001 et 2003). La pratique d’un sport professionnel comme le
cyclisme semble prédisposer au développement d’une addiction (Seznec,
2002). Les troubles anxieux et dépressifs ou le stress liés à la pratique intensive
ont été peu étudiés sinon lors de situations de crise : blessure, sevrage du
mouvement (Vidal, 2005 ; Proia et coll., 2006).
Le stress reste le principal facteur psychologique en jeu dans la survenue
d’une blessure aussi bien chez les adolescents (Emery, 2003 et 2005) que
chez les adultes (Taimela et coll., 1990) certainement parce qu’il entraîne
une fatigue physique et mentale qui précipite l’accident. Les répercussions
psychologiques de la blessure sont d’autant plus importantes que le sportif
est engagé dans sa pratique et est à un haut niveau de performance (Smith
et coll., 1990). Une étude longitudinale de Johnston et Carroll (2000) portant
sur 93 patients sportifs montre que les sportifs de haut niveau présentent,
par rapport aux sportifs moins performants, plus de troubles psychiques
(anxiété, angoisse, dépression, incertitude, énergie, fatigue) et qu’ils perçoivent
moins positivement les effets de leur rééducation. Les auteurs soulignent
la nécessité d’un accompagnement psychologique spécifique car ils
ont besoin de plus d’informations sur les possibilités de rester en forme, la
durée de leur rééducation, le retour à leur situation antérieure. Ces résultats
sont confirmés par Smith et coll. (1990). La blessure affecte plus psychologiquement
les sportifs que les non sportifs et les sportifs de haut niveau par
rapport aux sportifs amateurs (Mc Donald et Hardy, 1990).
La blessure peut conduire à des conduites suicidaires en particulier quand elle
signe l’arrêt de la carrière sportive. Baum (2005), dans une revue de la littérature
de 1966 à 2000, recense 71 cas de suicide dont 66 aboutissent à la mort.
Le premier facteur de risque de suicide est la blessure sérieuse conduisant à
une intervention chirurgicale avec une difficile rééducation empêchant la
poursuite du sport de 6 semaines à 1 an, puis l’impossibilité de retrouver le
niveau d’avant l’accident et le remplacement du joueur dans l’équipe pendant
son absence. Les suicides concernent principalement les athlètes entre 15 et
24 ans qui jouent dans les sports professionnels comme le football américain,
le basket-ball… La blessure en lien le plus direct avec la tentative de suicide
est la blessure traumatique crânienne. Une étude récente de Belanger et
Vanderploeg (2005) après un contrôle portant sur 790 sportifs dans une revue
de la littérature médicale ne constate cependant pas de répercussions des
traumatismes crâniens sur la mémoire et le raisonnement sept jours après le
choc. La blessure est donc considérée comme un risque psychosocial potentiel
de suicide mais le risque varie en fonction de l’âge, de la sévérité de la blessure
Activité physique – Contextes et effets sur la santé
528
et d’autres facteurs psychosociaux (stress environnemental, personnalité,
maladie mentale, consommation de drogues, isolement…).
La fin de carrière peut aussi être dramatique si elle survient brutalement.
Le devenir des athlètes après leur activité sportive compétitive ou les problèmes
de reconversion ont fait l’objet de peu de recherches. Bayles (1998)
estime que 67 % des joueurs professionnels de football américains souffrent
des conséquences de leurs blessures et 20 % ont des difficultés émotionnelles
ou des problèmes de couple. Stephan et coll. (2003) dans une étude longitudinale
de deux ans après l’arrêt volontaire de la carrière de sportifs de niveau
international soulignent les problèmes posés par la transformation de l’image
du corps et l’absence de stimulations corporelles et psychiques. Ces difficultés
se résolvent progressivement par un réinvestissement dans d’autres pratiques
physiques de loisir et de plaisir et un autre rapport au corps. Snackkers
(1983) met en évidence les symptômes dépressifs chez de jeunes athlètes
féminines à la fin de leur engagement compétitif. Un soutien psychologique
dans cette période de fin de carrière (avant et après la fin de carrière sportive)
devrait être offert aux athlètes par les fédérations sportives.
La pratique sportive compétitive par son intensité et sa durée peut entraîner
une inadaptation, un burn out (Gould et coll., 1996), des troubles psychiques
et pychosomatiques intenses (Leveque, 1989 ; Carrier, 1992), des conduites
addictives (Carrier et Violette, 1990b) qui sont souvent ignorés ou déniés.
Les connaissances sur la psychopathologie des sportifs restent très fragmentaires.
En résumé, il faut donc rappeler que le sport ne favorise pas forcément
la santé et qu’il peut être au contraire un facteur de risque ; tout dépend de
la manière dont on le pratique et de la qualité de ceux qui ont la charge
d’accompagner l’athlète.
En conclusion, les répercussions d’une activité physique régulière sur le
bien-être de la population en général et l’amélioration de la qualité de vie de
population présentant des déficiences et en situation de handicap incitent
les politiques de santé publique à prôner la pratique régulière d’activité physique.
En France, une conférence de consensus a eu lieu en 2005, retenant
que l’activité physique est bénéfique même en cas de pathologie psychique
ou physique avérée et exerce une action préventive de réduction des risques.
Une large campagne de promotion de l’activité physique pour tous a été
lancée par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative en
septembre 2006.

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (79.88.209.xxx) le 14/12/10 à 16:48:26

merci nyda...et les autres..

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (79.88.209.xxx) le 20/12/10 à 18:58:51

j'ai reussi a remettre le collant et les baskets...couru 30 minutes,j'avais oublié la sensation de nausée,surement du a la reprise ....beurk
un vrai débutant.

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (90.37.248.xxx) le 20/12/10 à 19:50:22

Courage tu tiens le bon bout .. prends ton temps et tu te feras à nouveau plaisir. Prends bien soin de toi! courage

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par nyda (invité) (79.88.131.xxx) le 20/12/10 à 19:56:24

et bien voilà ... ça y est, le plus dur est fait ; il faut continuer, tout doucement, sans forcer la machine ! bravo ! je suis contente pour toi, continues et courage , tu verras bientôt le bout du tunnel ..

les effets du sport sur l'anxiété et la dépression par (invité) (79.88.209.xxx) le 20/12/10 à 20:12:54

merci de votre gentillesse...

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