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Impressions provençales par Montaigne (membre) (81.255.131.xxx) le 20/04/06 à 14:01:13
Puyricard, le 16 avril 2006
Arrivé la veille de Fontenay-aux-Roses, je décide de profiter du grand beau temps pour faire ma première sortie, avec une petite idée derrière la tête.
9H10, le temps est magnifique, il fait déjà pas loin de 12°.
Un coup d’œil au pigeonnier typique du village, en plein champ, dont les signes de délabrement s’accentuent. Toit effondré, végétation envahissante sur un côté, ce beau vestige d’une autre époque attend sans doute une probable opération immobilière pour retrouver une nouvelle jeunesse.
Sur ce constat silencieux, je prends à droite l’avenue de La Rostolane (1), et gagne la route de Rognes pour une première boucle d’échauffement de plus de 20 minutes. Passage au village du Soleil (le bien nommé) et retour au point de départ.
Me voilà prêt pour la grande boucle.
Je file vers la place de l’Eglise (église romane XIIème où je me suis marié), et quitte rapidement le village par le chemin du Castelas. Le château du même nom n’est plus qu’une ruine. J’enchaîne avec le chemin de la Fauchonne, interrompu sur quelques dizaines de mètres par le chemin du Château d’Alphéran. A nouveau le chemin de la Fauchonne, qui monte doucement d’abord, en longeant des propriétés qui ont perdu de leur splendeur (murs en partie écroulés, portails rouillés ou disparus). Le soleil perce à peine l’épaisse voûte que forment les résineux et les chênes se rejoignant à leur sommet.
Je suis à 170 de FC depuis une dizaine de minutes lorsque j’attaque le dur. Une montée courte mais sèche, avec une portion d’environ 150 mètres entre 10% et 15%. J’accélère franchement dès le pied, à un rythme élevé pour moi (que j’évalue à 12 km/h) Au bout d’une minute, les premiers signaux de détresse pointent leur nez. N’étant ni asphyxié, ni trop mal à l’aise, j’insiste encore un peu et jette un œil sur le cardio : 180, pas mal. Encore quelques foulées et j’arrête les frais. Le cardio affiche brièvement 187, puis se stabilise une dizaine de secondes à 184.
Encore un peu sonné, je marche 30 secondes, et reprends ma progression vers la Trevaresse sur la pente à nouveau plus douce. Je laisse sur ma gauche le mas de la Fauchonne, ses plantations d’arbres divers, de vigne et ses quelques amandiers qui n’ont plus de fleurs, mais pas encore de fruits.
L’hiver, comme ailleurs, a été long en Provence, et le plateau de Puyricard, au Nord d’Aix, est traditionnellement plus exposé à ses rigueurs. En revanche, sa fraîcheur, les nuits d’été, fait vite oublier la chaleur étouffante du centre d’Aix.
Je prends le chemin de Bonfils en direction de Coutheron, en longeant la forêt. Sur ma droite, un très beau champ de vigne mène le regard au loin, qui finit par buter sur la silhouette majestueuse du massif de la Sainte-Victoire, que Cézanne a si longuement peint.
La suite de la ballade n’est que du plaisir. La température est montée à près de 20°, et je ne regrette pas d’avoir opté pour une tenue de plein été. Mes jambes ont retrouvé un peu de légèreté. Je stoppe avant de traverser la route de Rognes, un coup d’œil de chaque côté, on ne sait jamais, les cyclistes arrivent parfois vite.
Le chemin de Saint Simon prend le relais. Son bitume souffre un peu plus chaque hiver, et les nids de poule sont légion. Tout en admirant le paysage (encore des vignes, dont les feuilles pointent à peine le nez) je surveille mes pieds. Tiens, les pluies d’hiver ont totalement nettoyé la zone que surplombe un prunier, jonchée à l’automne de centaines de fruits écrasés. Un cycliste à la fine silhouette roule prudemment à ma rencontre, et un splendide septuagénaire bien conservé, tout habillé de compète, peste en me croisant « c’est plein de trous ici ! ». Je lui confirme l’évidence, sans m’excuser pourtant, car ne me sentant pas totalement responsable de cette situation. La route, par courtes ondulations me mène jusqu’à la petite Eglise de Coutheron (1860), dont la simplicité me charme toujours autant. Exceptionnellement pour Pâques, la cloche sonne à toute volée, faisant hâter le pas à quelques fidèles en retard.
Sur ma droite, la route de Fontrousse me ramène en direction de Puyricard. Ce petit hameau jouxtant Coutheron tient peut-être son nom de la terre ocre qui l’entoure.
Je retrouve une route plus fréquentée, mais sans trop de dangers, et rentre dans le village par l’allée de la Vieille Ferme. Un magnifique papillon tigré noir et jaune me tient compagnie une dizaine de mètres.
Je rejoins l’avenue de la Rostolane par le boulevard des Camus, et pour conclure cette sortie je pique un petit sprint sur 200 mètres, histoire de vérifier l’état du bonhomme. Tout va bien.
(1) La Rostolane, grosse bâtisse bourgeoise du XVIII ème, est un peu abusivement baptisée château… bien que la présence de deux échauguettes accrochées sur son flan Est lui donnent un soupçon d’air martial. Elle a donné son nom à une voie du village, comme la plupart des grosses propriétés des environs.
Impressions provençales par Deepsky (membre) (82.126.230.xxx) le 20/04/06 à 21:28:06
Dis donc sortie après sortie tu consignes toujours tout comme ça?
Je suis vraiment épaté de lire tous ces posts en prose ou poésie. Faudrait faire un groupe de coureurs écrivains ou des compéts genre 10 km et impro sur la course en 30' chrono.:)
Non c'est vraiment sympa de voir que la cap ne fait pas que nous profiler les gambettes.
D'autres talents que la course aiguise? Sortez de l'ombre musiciens, peintres, artistes de tout poil! Rejoignez la confrérie des coureurs inspirés. Inspirés n'expirez pas.
Impressions provençales par Montaigne (membre) (81.255.131.xxx) le 21/04/06 à 08:05:06
Non, je ne consigne pas tout comme ça à chaque sortie.
Généralement je me contente de noter les distances, durées, FC, conditions météo, bref du basique.
Hier, âprès un W.E prolongé et si agréable en Provence, j'avais le bourdon, de retour au bureau à Choisy-le-Roi (94).
J'ai voulu continuer le rêve un moment, et pourquoi pas en faire profiter quelques-uns sur ce forum.
J'attends avec impatience un CR de Kemalic en BZH, par exemple.
Impressions provençales par Frédéric (invité) (193.51.62.xxx) le 11/05/07 à 13:06:28
Tombé sur votre message par hasard. Votre description est parfaite, je le confirme d'autant que je cours régulièrement sur ces chemins. Et je confirme aussi pour la raidillon du chemin de fauchonne, dur, dur (pour moi, en fin de parcours) !
Impressions provençales par Montaigne (membre) (80.9.69.xxx) le 11/05/07 à 14:54:09
Ce parcours est un vrai régal, bien que relativement peu fréquenté par les joggers locaux.
J'ai quand même la chance pour un Francilien de pouvoir raccrocher la Coulée Verte à moins d'un km de chez moi. Le relief y est encore plus accentué, avec pas mal de zones arborées, c'est déjà pas mal.
Peut-être à un de ces jours en Provence.
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