Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon

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Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par Mous (invité) (150.63.64.xxx) le 02/03/07 à 06:12:18

Suite a mon premier marathon, j'ai écrit comment j'ai vécu cet évènement. Un souvenir. Mais suite à la lecture des autres contributions sur ce site, j'ai décidé de me lancer et de vous faire partager mes ressentis. Le récit est un peu long, sans talant d'écriture, mais que voulez-vous, j'étais tellement content, même si mon score laisse à désirer.
Bonne lecture
Mous.
Tokyo Marathon 2007 : Mon premier marathon.

Le 18 février 2007, a eu lieu le marathon de Tokyo, mon premier marathon. Le parcours est en forme de croix avec le point de croisement situé à Ginza. Les 4 extrémités de la croix sont Shinjuku (NO), Shinagawa (SE), Asakusa (NE) et Odaiba (SE). Chaque branche mesure environ 10Km. Le parcours est relativement plat à l’exception d’une grande descente de 50m de dénivelé au départ de Shinjuku et deux cotes de dénivelé 10m chacune au Km35 et au Km40.

Réveil à 6h du matin. Passage rituel sur la balance : 97,3Kg. Avoir un surpoids était inévitable compte tenu de mes deux voyages successifs au Maroc en décembre 06 et en janvier 07, mais pas à ce point. Quelques jours avant, mon poids était stabilisé vers 95Kg. Ca doit être sans doute les pâtes que nous avons mangées la veille chez Severine et Nicolas. C’est une affaire de sabotage, je le savais. Pour le petit déjeuner, deux tartines au miel et un verre de jus d’orange. J’ai failli oublier de poser les protége-tétons pour éviter les frottements. Ma femme et mon photographe attitré mon fils sont prêts. Ma fille s’est contentée d’un bisou et des encouragements. Elle a préféré rester au chaud et je la comprends. A 7h30, départ vers la gare JR Sendagaya.

La météo est lamentable : Pluie continue et froid de canard (4 à 5 degrés). Il a fait beau pendant plusieurs semaines avant le marathon et l’après midi du jour même du marathon. Il n’a plu que pendant la nuit et pendant le marathon. C’est rageant, mais rien n’arrête les braves, mordus de ce sport d’endurance.

Malgré les conditions climatiques exécrables, l’organisation est parfaite. Des camions ont été prévus pour transporter nos paquetages au point d’arrivée. Un peu de bousculade mais rien de dramatique. Derrière la ligne de départ, les coureurs sont groupés par secteurs suivant leurs objectifs temps pour le marathon. Les stars invitées sont devant, évidement.
Les ravitaillements sont très fréquents. Tous les 5Km et comme d’habitude au Japon, nous avions le choix entre l’eau sucrée et l’eau plate, aucun fruits secs ni barres de céréales ni chocolat, rien. Les boissons énergétiques spéciales sont réservées uniquement aux invités.

Le départ est donné à 9h10, comme prévu, par le Maire de Tokyo devant le grand bâtiment de la mairie à Shinjuku. Du haut d’une grue, le Maire saluait les coureurs qui passaient devant lui. D’ailleurs c’est grâce à lui, que tous les étrangers inscrits au Marathon de Tokyo ont été acceptés à participer sans passer par le tirage au sort, réservé finalement qu’aux Japonais. Merci Monsieur le Maire pour ce geste à l’international.

Tout le long du parcours, beaucoup de japonais sont venus nous encourager. A quelques centaines de mètres de la ligne de départ, ma femme et mon fils sont la. Ils m’ont vu dans la foule, super, mon fils a même réussi à me prendre en photos avec ses doigts congelés, me disait-il après. Ils ont décidé de rentrer à la maison pour se changer, se mettre au sec et voir le marathon à la télévision, c’est plus confortable. Ce n’est qu’après l’arrivée du premier coureur, un Kenyan, en 2h9mn, qu’ils sont sortis de la maison et venus m’attendre près de la ligne d’arrivée, après plus d’une heure de transport en commun. Je vous demande de ne pas deviner mon score dès maintenant, vous risquez d’être déçu.

Maintenant que le décor est planté, revenons à ma course sous la pluie et dans le froid. Malgré tout, le départ est très sympathique. La foule constituée de 30000 coureurs est immense. Comme je dépasse la foule d’une tête, je voyais à la fois tous ceux qui sont devant moi, sans voir la limite, et quand je me retourne, je ne voyais pas non plus la fin de la foule derrière moi. J’étais emporté par cet immense tsunami humain. Les premiers Km commencent à défiler. Les sensations sont bonnes. Je me suis fixé comme objectif de courir à une vitesse de 10Km/h, tranquille, sans aller puiser rapidement dans mes réserves. A 5Km, mon chrono indiquait 0:32:40, un peu en retard par rapport à mes prévisions, mais rien de grave devant les 37Km qui m’attendaient encore. Le chrono officiel indiquait 0:43:08. J’étais dans le même rythme que ceux autour de moi. Au Km5, à Ichigaya, j’ai vu Mathieu, récemment installé à Tokyo. Il est venu m’encourager. Merci à lui. Vers le Km9, j’avais une envie pressente de faire pipi. Vu les longues queues devant les toilettes, je me suis permis de me soulager près du bassin qui entoure le Palais Impérial. Toutes mes excuses pour les poissons, les canards et les cygnes du bassin et aussi pour l’Empereur du Japon. Remarque : je n’étais pas le seul.

Au Km10, je regarde mon chrono, merde, il indique toujours 0:32:40, le temps au Km5. J’ai du appuyer sur le mauvais bouton. Un calcul mental s’imposait pour estimer l’écart entre le temps officiel affiché 0:43:08 et mon temps personnel 0:32:40. Ca m’a occupé l’esprit pendant plusieurs kilomètres avant de l’estimer entre 10 et 11mn. Quand on court, un simple petit calcul devient difficile à faire. Les neurones tournent moins vite. De toute façon, je ne suis pas pressé.
Au Km10, deux évènements de nature à saper le moral : 1. Les participants au 10Km terminaient leur course devant l’entrée du parc Hibiya. Les veinards. 2. Quant aux premiers coureurs du marathon, ils venaient de boucler les 20Km. Ils sont sur l’autre cote de la route sur le chemin du retour de Shinagawa. C’est impressionnant comme ils courent vite. Quelques minutes plus tard et sur leurs traces, la foule commence à être imposante. J’ai cru un moment que tout le monde était devant moi. Pour me rassurer, je me retourne derrière pour voir. Ouf, il y a encore du monde. Apres l’épingle de Shinagawa et en remontant à mon tour vers Ginza, j’ai pu constater la foule qui était encore derrière moi. La remontée est difficile. Le vent est de face.
Au Km20, le chrono officiel indique 2:18:58. J’ai besoin de réaliser un nouveau calcul mental pour connaître mon temps personnel et vérifier mon allure. Le retard se confirme, mais mon allure est constante. Un bon signe de régularité. Alors, je me lance dans des estimations de temps pour les kilomètres à venir avec différentes hypothèses : haute, basse, moyenne, .... J’avais suffisamment de temps pour faire cet exercice. A Ginza, j’ai revu Mathieu. Je serai gâté par les photos souvenir, j’espère.
Vers le Km22, j’entends une voie qui criait Mous, Mous. C’était David, un collègue de travail, sur le chemin du retour d’Asakusa. Il est déjà au Km32. 10Km d’avance sur moi. Il avait encore la faculté de distinguer les coureurs qui venaient en face de lui et de les interpeller, bravo. La montée vers Asakusa sous la pluie battante est très difficile. J’essaye de garder le rythme sans aggraver une petite douleur qui commençait à se faire sentir au tendon intérieur haut de la jambe gauche. J’ai réduit légèrement le rythme et je me suis calé derrière deux coureuses avec un rythme plutôt confortable. Les chaussures sont gorgées d’eau. Aux environs du Km28-29, j’ai commencé à sentir la douleur des ampoules aux plantes des pieds. Les douleurs m’empêchaient de suivre le rythme des deux coureuses, qui continuaient à papoter sans se rendre compte qu’elles étaient entrain de me lâcher. Je n’avais aucune gêne au niveau du rythme cardiaque et du souffle. Le seul problème c’était les douleurs provoquées par les ampoules. Même la douleur du tendon est devenue à peine perceptible. Les gens autour et derrière moi commençaient à me dépasser. Les douleurs sous les pieds s’intensifiaient. Presque 8 minutes pour courir un kilomètre. Mon allure commençait à baisser. Je ne remarquais plus les temps affichés par les organisateurs. D’ailleurs ces temps ont commencé à devenir secondaire pour moi. Je me suis donner comme nouveau chalenge de continuer à courir et de ne pas marcher. D’ailleurs beaucoup de coureurs marchaient. Je vois de loin le Km35 mais impossible de sentir que je suis entrain de m’en approcher. J’avais même l’impression qu’il s’éloignait par moment. Enfin, j’y arrive. Il reste encore 7Km, c’est à dire un peu plus que le tour du Palais Impérial qui fait 5Km et ou je m’entraînais de temps à autre. J’attends le Km36 qui tarde à apparaître. Les jambes sont lourdes. A chaque foulée, je sens une sorte de feu qui me brûlait les plantes des pieds. Rien à faire, impossible d’atteindre le Km36. L’effort continue. A ce moment, j’avais l’impression que mon allure était comparable à ceux qui m’entouraient. Je doublais quand même ceux qui marchaient. Il y en avait un que je doublais quand il marchait et il me doublait quand il courrait. Ce jeu a duré depuis le Km30. Enfin, un panneau kilométrique est en vue. Ca doit être le Km36. Quelle bonne surprise quand j’ai vu sur le panneau : Km37. Et oui je n’ai pas vu le Km36. Il reste alors 5km. Il faut tenir malgré les douleurs. Mon allure continue à chuter. Du haut d’un pont, entre le Km37 et le Km38, je me suis retourné pour voir derrière moi. Il y avait énormément de monde. Je me suis dit, ils doivent être dans le même état que moi, voir pire. Donc pas question de lâcher. J’essayais de me relancer sans cesse. Au Km38, c’est le compte à rebours qui démarre. Les organisateurs indiquent à la fois le nombre de kilomètres restants et le kilométrage depuis le début de la course, avec le décalage de 195m. Pour ceux qui ne le savent pas, la distance d’un marathon est précisément 42Km195m. C’est à ce moment la que j’ai senti que courir 195m n’était plus aussi facile comme avant. Chaque mètre compte. Une éternité s’écoulait entre l’annonce du panneau Km39 et le panneau Km3. Le même calvaire recommençait entre le Km40 et le Km2 et ainsi de suite. Le dernier kilomètre : entre la douleur intense des pieds et le bonheur de terminer, une pensée à la petite famille m’a traversée et d’un seul coups une envie de chialer m’a envahie. Je me suis ressaisi, les yeux larmoyants. C’était peut-être les larmes de joie. Pas loin de l’arrivée, ma femme et mon fils, étaient la pour prendre des photos souvenir et m’encourager. Quelques mètres plus loin le long des barrières de sécurité, ma fille était la, me tendant la main pour une touchette réconfortante. J’avais l’impression de courir plus vite, la ligne d’arrivée est enfin franchie. C’est la délivrance.

Après l’arrivée et la distribution des médailles, nous avions, comme pendant la course, le choix entre l’eau sucrée et l’eau plate. On ne change pas une équipe qui gagne. Puis distribution des capes. Une bonne idée pour rester au chaud avant de récupérer son paquetage. Je ne croyais pas mes yeux, quand j’ai vu des bananes et des barres de céréales. Je n’en revenais pas. J’ai « avalé » 3 bananes et une barre de céréales en rien de temps. Les femmes avaient eu droit à des petits bouquets de fleurs. J’ai récupéré mon paquetage. Difficile de s’étirer, les muscles sont raides. Je me suis changé. Ca fait du bien de retrouver des vêtements secs. J’ai consulté mes temps intermédiaires sur un des PC mis à la disposition des coureurs. Sur le chemin du retour à la maison, j’avais du mal à marcher normalement. J’avais l’air d‘un robot, ancien modèle.

Le soir du marathon, je me suis offert 150mn de massage dans un salon Thaïlandais à Roppongi. C’était un bonheur de se faire étirer et masser par des professionnels. Pas question de toucher aux zones sensibles : ampoules. Le dîner était prévu avec ma chère épouse au restaurant Indien Moti, juste en face du salon Thaïlandais. Nous sommes rentrés à la maison à 11h30 par une nuit fraîche de Tokyo. Le sommeil était profond.

Score individuel : 4h54mn40s
Pour mon premier marathon, j’avais deux objectifs :
1/ terminer la course,
2/ terminer en moins de 4h30mn, c’est à dire deux fois mon temps du semi majoré de 40mn.
Le premier objectif est atteint. Pour le deuxième, il faut que je trouve une solution contre l’apparition des ampoules, probablement via des courses régulières et plus longues. Ou marcher pieds nus sur du sable chaud, pour faire durcir la peau de la plante des pieds. Je lance un appel aux bonnes idées pour contrer l’apparition des ampoules et atténuer les douleurs.

J'espère que je ne vous ai pas ennuyé avec mon histoire.
Pour les photos voir http://allsports.jp/, (cliquer case marathon Tokyo 2007, puis drapeau US pour avoir la page en anglais, utiliser mon numéro dossard: 23726 ).

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par séba (membre) (83.186.67.xxx) le 02/03/07 à 08:22:51

Salut Mous,
Félicitations pour ton exploit sportif.
Belle histoire, j'ai eu beaucoup de plaisir et d'émotion en te lisant.
Je suis même allé voir tes photos, il est juste que tu as l'air de souffrir après la ligne d'arrivée...
Je prépare moi-même mon premier marathon (MDP2007) et me sentait concerné.
Comment as-tu préparé ton marathon ?
Merci pour ce beau récit.

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par (invité) (80.11.3.xxx) le 02/03/07 à 12:26:57

bravo Mous.
Pour tes ampoules, la précaution à prendre, c'est tout simplement une crème anti frottements (type NOK) à mettre sur les pieds avant le départ.
Bonne chance pour le prochain, je suis sûr que tu y penses dejà.

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par lolo (invité) (82.231.42.xxx) le 02/03/07 à 13:24:07

Bravo Mous, et très bien raconté!

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par (invité) (82.245.204.xxx) le 02/03/07 à 16:09:34

magnifique : on s'y croirait.
quel dépaysement. bel effort.

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par soffian (invité) (82.232.203.xxx) le 02/03/07 à 16:38:39

Magnifique récit ! Merci !

je m'y retrouve complètement...Moi j'avais pleuré comme un gamin à mon arrivée, moralement très éprouvant...

un marathon nous apprend beaucoup, moi j'ai appris l'humilité ce jour là

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par rungreg (invité) (193.248.255.xxx) le 02/03/07 à 17:18:42

Bonsoir,

De nouvelles photos et des infos pratiques sur le marathon de Tokyo sur http://rungreg.over-blog.com/

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par mous (invité) (150.63.64.xxx) le 05/03/07 à 05:39:20

Bonjour Seba et merci pour tes compliments.

J’en profite pour remercier tous ceux qui ont eu la gentillesse de lire mon récit. Ca fait tellement plaisir de savoir que quelque part sur la terre, des personnes ont pris le TEMPS de me lire et de réagir.

Pour l'entraînement j'ai suivi à la lettre un plan d'entraînement que j'ai trouvé sur le site http://spip.endurance2003.levillage.org/spip/article.php3 ?id_article=51
Plan no 604 : Marathon 4 séances par semaine sur 9 semaines VMA<18km/h.
La mesure de ta VMA est nécessaire.
La fin du plan a été exécutée avec moins de rigueur.
4 semaines avant le marathon j’ai participé à un semi-marathon, que j’ai couru avec mon allure marathon (c’est très agréable de courir tranquille).
3 semaines avant le marathon j’ai couru 30Km, histoire de se rassurer (est-ce un bon plan ?)
Repos total pendant les 2 dernières semaines.
Régime « sucre lent » pendant les 3 derniers jours.

Je laisse les spécialistes te conseiller.

Dans tous les cas, je te souhaite bon courage et beaucoup de plaisir à courir le marathon de Paris. Ca doit être fabuleux de courir dans les avenues et les parcs parisiens. Je te souhaite du beau temps aussi.

Mous

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par séba (invité) (83.186.125.xxx) le 05/03/07 à 14:16:59

Merci Mous,

Ton lien ne fonctionne plus, le site est HS. Ce n'est pas grave, je suis un plan de jogging international et ça me convient pour le moment.

Bonne continuation et peut-être à bientot sur un marathon.

Marathon de Tokyo 2007: Mon premier marathon par Mous (invité) (150.63.64.xxx) le 06/03/07 à 03:04:17


le site Athlete endurance existe toujours. Essaye:
http://spip.endurance2003.levillage.org/spip/

ensuite plan d'entrainement, marathon ...

Mous.

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