Mon CR du trail de l'Origole 2009 - 75 km

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Mon CR du trail de l'Origole 2009 - 75 km par Bikoon (membre) (194.98.79.xxx) le 15/12/09 à 10:39:52

L’Origole…… par quoi commencer, tellement ma tête est encore pleine de cette nuit de folie !!

Je ne pensais pas courir cette course cette année, me la représentant comme un monument un peu trop grand pour moi : la conjonction de la distance, du terrain, de la période et de la nuit ne me paraissait guère raisonnable.
Et puis est venue cette nouvelle sur les forums courant septembre que cette édition 2009 serait probablement la dernière…. C’est alors que je me suis décidé, la réputation de cette course était à vérifier, et louper un tel monument à 2 pas de la maison, c’était ballot ;o)

C’est après m’être imprégné des différents CR, lu avec beaucoup d’attention les expériences des uns et des autres sur cette course ; que j’ambitionne avec beaucoup d’humilité de « seulement » terminer cette tueuse de finishers. J’ai en tête des taux d’abandon de 50 à 70% selon les années. Ça calme.
Terminer c’est certes très bien et déjà ambitieux, mais il me fallait un booster un peu plus personnel et motivant pour tenter d’aller au bout : ramener les croissants à la maisonnée en ce dimanche matin avec le T-shirt de finisher sur l’épaule fut désormais ce que j’avais à l’esprit pour boucler ces 3 fameuses boucles.

La semaine qui précède ce samedi 5 décembre, est un mélange d’excitation comme avant chaque course et d’appréhension plus forte que d’habitude. En gros, je me demande si je n’ai pas fait une ENORME co….e en m’inscrivant…. Et la pluie qui tombe presque toute la journée du samedi n’est pas là pour me contredire.
Bref, il est 20h, je quitte ce foyer douillet et plein d’amours pour aller me vautrer des heures durant dans la boue et l’humidité. Heureusement que nous sommes environ 300 sur le grand parcours, je me sens moins seul dans ce choix apparemment dénué de tout bon sens (du moins si on en croit mes amis et collègues…).

En rentrant dans ce gymnase déjà bien rempli à 20h30, avec cette lumière orange caractéristique des gymnases, je n’en mène pas large.
La vérification du matériel obligatoire se fait rapidement l’organisation est bien rodée, et je me trouve une petite place dans les tribunes. Il y a plusieurs Kikoureurs devant moi et quelques UFOs à côté, mais un mélange de timidité et de concentration mêlée à une petite angoisse fait que je reste à mon emplacement pour me préparer consciencieusement et rentrer peu à peu dans ma bulle.
Une fois prêt, j’échange tout de même quelques mots avec Bottle qui ambitionne de boucler pour la 1ère fois, Gorky qui a les mêmes terrains d’entraînement que moi à St Cucufa, Lau un habitué des lieux, Runstéphane qui a adopté la Wouter’s touch avec son short, Bombyx qui vient totalement décontracté pour faire la passe de 4 sur 4… excusez du peu, et Ultra-Steph qui sort des bouchons parisiens remonté comme un coucou.

Après le traditionnel briefing, tout ce petit monde harnaché comme des mineurs de fond rejoint le centre du Perray où le départ est donné à 22h pétantes. Bien que prudent, j’évite de me mettre au fond du peloton pour éviter les embouteillages à l’approche des single tracks.
Le ciel semble s’être résolu à ne pas trop compliquer notre nuit, il fait doux et il ne pleut pas ; et dans ces rues perrotines (ne cherchez pas, les habitants du Perray s’appellent Perrotins et Perrotines), je me retrouve à hauteur des 2 Stéphane (Ultra et Run) et de Bombyx. Ultra semble encore remonté par les bouchons automobiles et prend le large.

Nous arrivons assez vite sur un single track forestier, et je décide de me caler dans les roues de Bombyx et Runsteph qui avaient réalisés ensemble une très belle course l’an dernier, et prudence étant mère de sûreté, je reste tranquille en ce début de course. Enfin tranquille c’est beaucoup dire, car je m’étais tellement focalisé sur la fameuse B2 si terrible que j’en avais zappé la B1 qui ne se laisse pas dompté si facilement…. Je suis donc très (désagréablement) surpris par les côtes cassantes, et parfois les murs qui nous tombent dessus à tout bout de champs. Le cardio s’emballe un peu du coup, boudiou la nuit va être longue…

Au bout d’une heure environ je fausse compagnie à mes collègues UFO et je décide d’accélérer un peu le rythme, ne sachant pas du tout comment je suis situé avec les coureurs du 28 km qui nous entourent.
J’évite la gamelle jusqu’à présent, mais me paie quelques belles glissades dans des descentes luisantes en adoptant le style ski alpin : les 2 pieds parallèles en glissade, légèrement écartés et centre de gravité assez bas. Ça fonctionne super bien, et en plus je m’amuse beaucoup dans cette ambiance nocturne, forestière et boueuse en configuration alpine ;o)

Le temps passe finalement relativement vite sur cette boucle, jusqu’à la sortie du bois où on se retrouve dans un champs, vent pleine face avec quelques belles averses bien senties…. Je rattrape un coureur et lui demande de manière ingénue qu’il me rappelle la raison pour laquelle nous sommes ici en ce moment ! Il s’agit de Zeb qui est déjà un connaisseur de l’Origole, et ce qu’il me dit me met un coup au moral : « celle-ci ne compte pas, il faut vraiment se réserver pour les autres boucles ». Ouch !! c’est bien ce que j’avais en tête, mais les jambes le vivent un peu différemment. On passe sous la N10 par un petit boyau, et nous voici de retour au Perray. Le gymnase arrive vite, et nous sommes pointés 27 et 28ème en 3h16. La boucle est finalement plus près de 30 km que des 28 annoncés, pas mécontent d’arriver car je suis quand même un peu émoussé.

Bon, il paraît que c’est maintenant que la course commence. Déjà, ne pas perdre de temps dans ce gymnase, je file changer de haut car je suis trempé et je commençais à avoir froid sur la fin. Je remplis également ma poche à eau et surtout je prends mes bâtons. Bah oui, si je veux continuer à simuler les descentes en ski dans les Vaux de Cernay, il me faut partir avec !
Donc zou, après environ 7 mn je pointe à la gentille dame en sortant et c’est reparti ! Le vent est encore fort, et il faut attendre quelques minutes pour faire remonter la température corporelle. La sortie de la ville est un peu longuet le temps d’arriver à Auffargis et d’attaquer les choses sérieuses. Je connais bien ces pentes pour les avoirs parcourus sur les 2 formats des trail de la vallée de Chevreuse ainsi qu’à l’entraînement, et j’adore ce coin. Les traceurs ne nous épargnent pas beaucoup de casse pattes et je suis lancé dans une très longue succession de yoyos… Quel bonheur d’avoir mes bâtons, ça me permet d’économiser un peu mes quadri qui en ont bien besoin, et de relancer autant que possible en haut de chaque bosse. Je suis rattrapé par un groupe de 3 dont un américain qui s’enquiert de la distance restante sur cette boucle… Très bonne question garçon, et pas franchement d’idée, car l’accéléromètre de mon RS800 est très souvent à 0 en vitesse instantanée, car il décroche dans les bosses en dessous de 3 km/h….
En haut de la bosse la plus pentue et probablement une des plus longues du parcours (elle est d’ailleurs équipée d’une corde sur le trail de la vallée de Chevreuse, c’est dire) je rejoins à mon grand étonnement Ultra-Steph qui tétanise depuis un moment. On échange quelques mots et il me dit qu’à son grand regret, il mettra le clignotant direction le Perray dès que possible. Bien dommage, il avait l’air vraiment motivé pour boucler cette année.
Bien qu’équipé de boisson énergétique pas trop dosée pour moins vite saturer en sucre, la température douce et le rythme relativement élevé que j’imprime dans ces bosses font que je crève de soif… Et sans vraiment y réfléchir, lors d’une des nombreuses traversées de petit cours d’eau je m’arrête et bois goulûment 4 ou 5 grosses gorgées d’eau plus ou moins claire ! C’est désaltérant comme je le voulais, mais je me dis que c’est peut être bien une bêtise qui risque de se solder en gerboulade quelques minutes plus tard…. Et puis non, tout se passe comme si j’avais bu un Perrier rondelle ! Cet épisode me confirme que jusqu’à présent, sur l’ensemble des courses que j’ai courues mon estomac ne m’a jamais causé de soucis, il n’a jamais rechigné à assurer son job quelque furent les conditions. Mon estomac est mon allié !! Bon, il faut dire aussi que ma course la plus longue n’est qu’un 12 heures, je n’ai pas encore l’expérience de courses frôlant ou dépassant le double tour d’horloge.
Cette partie est très belle, mais très exigeante physiquement et je pense très souvent à mes petites femmes bien au chaud dans leurs petits lits douillets ; et ces pensées me reboostent pour essayer de faire une belle course et qu’elles soient fières de moi ;o)
Bref, de montées en descentes et de descentes en montées, on finit par traverser la petite départementale qui relit Cernay-la-Ville à Auffargis.
Je n’en ai pas encore parlé, mais c’est un des points remarquables sur l’Origole : le balisage est absolument parfait, le nombre de rubalises réfléchissantes posées dans cette forêt est hallucinant, et il me paraît impossible de se perdre dans ces conditions. Un énorme coup de chapeau aux traceurs d’Alternature.

Cette traversée de nationale marque plus ou moins la moitié de cette fameuse B2, et psychologiquement ça change pas mal de chose : on ne s’éloigne plus du Perray, et les bosses sont moins abruptes sur ce versant.
A partir de ce moment là et jusqu’au retour au gymnase, je vais connaître une période de grande forme autant physique que morale, sans aller jusqu’à l’euphorie, je suis super bien, de très bonnes sensations, je remonte sur pas mal de coureurs dont l’américain qui coince un peu, bref c’est génial d’être ici, c’est pour des sensations comme celles-ci que je cours.
Ça fait 6 heures que nous sommes partis, il est donc 4 heures du matin, en tournant la tête sur la droite on aperçoit cette somptueuse abbaye des Vaux de Cernay que j’aime tant, éclairée en plein milieu de la forêt. C’est tellement beau dans cette ambiance nocturne que ça en paraît presque irréel, fantasmagorique. Je suis parcouru d’un frisson géant….
Même sur cette portion je ne regrette pas d’avoir pris mes bâtons, ils me permettent de relancer dans beaucoup de situations et d’être bas et stables sur mes appuis sur certaines descentes très grasses et très raides.
C’est le retour sur le Perray par le même chemin qu’au départ de cette boucle, ça sent bon l’écurie, et heureusement car ma poche à eau est essorée !
Je franchis la porte après 7h08 de course, donc 3h39 pour cette B2. Marioune et le Bagnard sont toujours fidèles au poste et prêts à motiver les coureurs hésitants. Je file dans les gradins pour changer une dernière fois de haut et déposer mes bâtons.
Cette fois, pas de boisson énergétique dans la poche à eau, je n’ai pas envie de refaire l’expérience du cours d’eau pour me désaltérer, ce sera donc mélange eau plate + coca et un peu plus de 1,5 litres.
Je repars en compagnie d’Ampoule 31 en 14 et 15ème position. Ça aussi ça motive !

Le vent est encore fort jusqu’à ce que nous rejoignons de nouveau la forêt, je me sens très bien, je fausse donc compagnie à Ampoule qui je crois est plus à l’aise dans les grosses pentes.
Je reprends assez rapidement un autre coureur, un autre me rattrape quelques centaines de mètres plus loin. Bref, c’est un jeu à somme nulle ! Je réussis à revenir sur ce coureur qui tourne très bien et relance dès que c’est possible, je décide d’essayer d’en faire un compagnon de route sur cette B3.
Parlons-en d’ailleurs de cette B3. A part la B2 pour laquelle je savais à quoi m’attendre, je me suis fourvoyé sur la B1 en la croyant plus facile qu’elle n’est en réalité, et c’est maintenant au tour de la B3 de me jouer des tours. Sur le papier, c’est court et plat. Certes. Sauf qu’après 55 km et plus de 7h d’efforts, la donne est un peu différente. Et surtout « plat » ne veut absolument pas dire roulant dans le cas présent… La terre est vraiment très amoureuse dans ce coin des Yvelines !
Le ou les traceurs nous ont déniché des passages totalement improbables et particulièrement mouillés. Nous traversons parfois de véritables bourbiers où il est quasiment impossible de courir malgré la platitude du terrain.
Nous doublons un coureur qui paraît mal en point et je reconnais Wouter Hamelinck! ça alors, il doit vraiment est dans un jour sans pour que je le passe ainsi. Ça n’est pas du tout dans l’ordre des choses d’être devant ce champion Céleste…
Mon compagnon de route se nomme Jérôme (Pucesonic73 sur Kikouroù), nous alternons les relais en essayant de relancer à chaque fois que c’est possible, mais je sens la fatigue gagner du terrain, et mes relais sont de moins en moins appuyés. Arrive le moment où je ne suis plus capable de mener le train et c’est Jérôme qui assure le rôle de locomotive. Qu’il endosse d’ailleurs à merveille, quelle pêche il garde après 9h de course ! A plusieurs reprises je lui propose de filer devant et de se débarrasser du boulet que je suis devenu, mais très gentiment il refuse systématiquement invoquant une fatigue bien présente pour lui aussi. Mouais, si on veut. En tout cas c’est vraiment sympa de sa part, et cela permet de garder un bon rythme jusqu’au bout.
Il est temps d’ailleurs que ça se termine, je lève de moins en moins les pieds et je bute sur tout ce qui dépasse ou presque, c’est à hurler tellement j’ai les doigts de pieds détruits !
L’arrivée la 3ème fois au Perray est une libération, et c’est à potron-minet que nous traversons ces rues pavillonnaires désertes à bon train ; enfin, 10,5 km/h !! Nous nous congratulons mutuellement, heureux et conscients d’avoir fait une belle course.
Nous pénétrons dans ce gymnase avec quelques applaudissements qui font chaud au cœur en 9h50 et 9ème ex-aequo.
On nous demande si nous arrivons de la B2, et malgré de la bonne volonté nous ne sommes pas d’attaque pour refaire une deuxième fois la B3 !
Je suis totalement cramé (voir photo et ma mine resplendissante), mais heureux et fier d’avoir surmonté cette si fameuse Origole. Satisfaction à double titre : c’est assurément la course la plus dure que j’ai faite, et parallèlement le meilleur résultat obtenu :o)
Merci à l’organisation d’avoir eu l’idée un peu dingue de tracer un tel parcours nocturne en ce mois de décembre, et d’avoir mis les moyens humains et matériels pour nous assister le mieux possible sur cette course.
Je croise les doigts pour que cette course survive et je souhaite bon courage à Alternature pour son prochain ultra administratif !

Mon CR du trail de l'Origole 2009 - 75 km par (invité) (81.80.168.xxx) le 15/12/09 à 10:53:50

Wooh ! Dans le top 10 sur le grand ! Un grand BRAVO Bikoon !!!

Mes instincts sadiques ont presque réussi à me faire venir vous flashouiller aux Mesnuls, mais cette journée ayant été bien longue pour moi, vous y avez échappé :-)(nan, c'est pas pour faire plaisir aux càpeurs les photos)

Mon CR du trail de l'Origole 2009 - 75 km par Oscar (invité) (88.176.243.xxx) le 15/12/09 à 23:38:09

Bravo Bikoon !
Superbe perf , super recit
voila le genre de temoignage qui me donne envie de faire du trail

Mon CR du trail de l'Origole 2009 - 75 km par (invité) (192.223.158.xxx) le 16/12/09 à 09:43:34

salut le bik !
superbe récit en effet !
faut que t'admettes que t'es devenu un bon maintenant et c'est tout !
encore bravo !

Mon CR du trail de l'Origole 2009 - 75 km par Bikoon (membre) (85.168.11.xxx) le 16/12/09 à 14:52:19

Merci à vous !!

Oscar, fonce t'essayer au trail, c'est un vecteur de sensations uniques !

Bikoon

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